Mina Dragan, la nouvelle héroïne de Nicolas Beuglet – qui prend date après Sarah, ancienne des forces spéciales norvégiennes (Le Cri), et Grace, la deuxième, enquêtrice écossaise (Le passager sans visage, le dernier message) – est une jeune policière roumaine qui va avoir l’opportunité d’accéder au rang d’inspectrice, si l’enquête difficile qu’on lui propose aboutit.
Il s’agit d’un meurtre, commis en Transylvania, dans le lointain château de Bran, qui fut jadis la propriété du comte Dracula. Nous sommes à Bucarest, aujourd’hui. Mais le ton est donné, c’est l’hiver, la neige tombe en rafales, le train s’arrête loin du château, et c’est dans un traineau tiré par un cheval qu’elle parvient enfin à destination. Le lecteur comprend vite que le vampirisme est un leurre, et Mina se trouve rapidement embarquée dans une course poursuite qui tient du jeu de piste, au pays des contes de fées.
D’un château l’autre, c’est sur les traces de Blanche Neige qu’elle se retrouve, dans celui de Lohr précisément, en Allemagne, où aurait vécu celle qui servit de modèle aux frères Grimm, Maria Sophia Margaretha Catharina d’Erthal. Là-bas il y aurait même la mine des sept nains, des enfants utilisés comme mineurs en fait.
On s’en doute, le livre n’est pas à mettre entre toutes les mains, et l’histoire de Blanche Neige telle que la raconte les frères Grimm, horrifique à souhait, n’a rien à voir avec l’image lissée qu’en donne le film de Walt Disney.
De surprises en surprises, le lecteur découvre que le sujet de la lecture est l’enjeu principal du roman (son "thème secret" dit Beuglet en dédicace), et la lutte contre les réseaux sociaux, mortifères pour le livre, un des ressorts de l’intrigue.
Petite touche de SF comme souvent chez Beuglet: un autre danger menace, cette technique de manipulation neurale qui permettrait d’utiliser la part de marché demeurée vierge encore, le territoire de nos rêves, pour y diffuser de la publicité.
Beuglet réunit là tous les éléments d’un bon thriller. Le rythme en particulier qui s’emballe quand Mina pour son enquête arrive à Hong Kong, dont la vie trépidante est aux antipodes de ce qu’elle a vécu en Transylvanie. Quel dommage alors que de longs dialogues pseudo-théoriques entre l’enquêtrice et le criminel enfin retrouvé plombent l’action!
Transylvania – Nicolas Beuglet – XO Éditions – 350 pages – 21,90€ - *
François Rahier
François Rahier