L'Histoire a souvent un caractère imprévisible quand elle se fait sous nos yeux. Peu de spécialistes du Moyen-Orient auraient pu parier par exemple sur une chute aussi rapide et spectaculaire du régime syrien. Dans son dernier roman écrit avant le coup de force contre la dictature, Pierre Pouchairet met en évidence les turpitudes des mafias au pouvoir à Damas, notamment à travers le trafic de Captagon, cette "drogue du djihadiste" dont on découvre la menace qu'elle représente pour les sociétés occidentales.
"Pour produire le Captagon, le labo avait besoin de précurseurs, ils provenaient d'Inde ou d'Amérique du Sud, mais il y a eu une rupture des approvisionnements. Et ils se sont tournés vers la Russie… De l'armée, elle est passée à des gens issus des services secrets et avec eux des Russes."
Grâce à Maïssa Thabet, son personnage de policière franco-palestinienne déjà rencontrée dans les premiers polars de l'auteur, le roman nous dévoile les enjeux géopolitiques de l'entreprise criminelle. Une fabrique du cauchemar qui contraint la jeune femme à endosser le costume de l'espion et de risquer sa vie au cœur de la poudrière du Moyen-Orient.
Pierre Pouchairet a été longtemps flic à la police judiciaire, chargé de la lutte contre le trafic de drogue, puis officier de liaison de l'Office des Stups à Beyrouth et à Ankara. Pour ce roman, "Captagonia", il a obtenu en 2024 le prix décerné par L'AASSDN, l'Amicale des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale.
Captagonia - Pierre Pouchairet – La Manufacture de livres – 224 pages – 20,90€ - ****
Lionel Germain
Lionel Germain