Si la littérature française s'est déjà emparée de la lutte contre le terrorisme islamiste et de son arrière-plan historique (à commencer par les romans de DOA ou ceux de Julien Suaudeau), on assiste peut-être avec le scénario imaginé par François Dupaquier au franchissement de la dernière ligne rouge romanesque où le polar cède à la dystopie.
Au départ de l'intrigue, son héroïne, Tara Vaillant, est pourtant une policière borderline fidèle aux archétypes du roman noir. Après la mort de sa mère, sa vraie famille loge au commissariat de Bobigny et elle partage son temps entre un lot d'addictions et quelques rencontres éphémères. Il faudra deux meurtres de repentis terroristes pour qu'elle renoue avec ses propres racines irakiennes et avec la "Lionne" du titre qui fait référence à une combattante, décidée à venger le massacre des Yézidis.
François Dupaquier connaît bien ces zones de guerre. La ligne rouge qui hante l'imaginaire occidental s'inscrit désormais en termes de sécession sur une partie du territoire européen. Et ce qui rend le roman aussi terrible que passionnant, c'est la vraisemblance de l'avènement du crime.
La Lionne – François Dupaquier – Flammarion – 454 pages – 22€ - ***
Lionel Germain
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