On les voit errer dans nos rues, âmes en peine et corps en souffrance, les Nigérianes victimes de la prostitution organisée par les mafias africaines sont au cœur du dernier roman de Marin Ledun. Le polar démonte les rouages du crime pour mettre en évidence ses rapports consanguins avec l'économie globale.
Ce qui était vrai dans "Leur âme au diable" avec l'industrie du tabac, s'applique encore dans "Free Queens" où une multinationale de la bière est le premier jalon d'une emprise sur les jeunes filles de Lagos. "Free Queens", dans le roman, est une ONG auprès de laquelle une journaliste française va tenter de comprendre et de dénoncer la pratique des réseaux criminels. Pour vendre sa bière, le patron recrute des hôtesses et mène une campagne de corruption institutionnelle qui implique aussi bien l'armée que la police.
Dans un pays où les femmes "portent le fardeau de la preuve" en cas de viol, et où les maris ont le droit de "punir leurs épouses", seul un flic de la sécurité routière semble se révolter. Difficile d'endiguer la "soif du mal" mais le roman de Marin Ledun enlève l'envie de trinquer sur les comptoirs de Lagos.
Free Queens – Marin Ledun – Série noire Gallimard – 400 pages – 19€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain
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