Si le duo se labellise en littérature comme dans l'industrie, les "Jacob et Delafon" du polar suédois ont dû batailler pour convaincre les éditeurs de la pertinence de l'affiche.
La trilogie publiée chez Mazarine met en évidence une pratique de la police suédoise aussi réelle que discutable. Roslund s'en explique dans la post-face du dernier volet.
"La police durant de nombreuses années s'est servie d'infiltrés et d'informateurs – une collaboration longtemps niée (…) Quand un criminel était découvert, l'autorité policière qui l'avait recruté l'abandonnait, les chefs de la police protégeaient leurs postes, mais pas leurs employés".
Ainsi naquit l'autre duo, fictif celui-là, constitué de Piet Hoffman dans le rôle ingrat de l'infiltré et d'Ewert Grens le flic. Après avoir échappé à la mafia polonaise dans "3 secondes", Hoffmann se retrouve au cœur des cartels colombiens dans "3 minutes" et en Afrique pour une dernière escale dans un réseau d'exportation d'êtres humains, tandis qu'Ewert Grens enquête sur des cadavres non répertoriés dans la morgue de Stockholm. Les affaires sont liées bien-sûr. Hellström est mort des suites d'un cancer en 2017 mais Roslund, qui lui rend hommage dans le troisième épisode, ne s'interdit pas de poursuivre la série. Indispensable dans le sac de plage.
La trilogie d'Anders Roslund et Börge Hellström – Traduit du suédois par Philippe Bouquet et Catherine Renaud Mazarine: "3 secondes" - 590 pages – 22,90€, "3 minutes" - 560 pages – 22,90€, "3 heures" – 450 pages – 22,90€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 23 juin 2019Lire aussi dans Sud-Ouest