Eva Dolan, jeune romancière britannique, n'est pas la première à braquer les projecteurs sur la face cachée de l'immigration en Grande Bretagne. John Harvey, Deborah Crombie et même la plus britannique des Américaines, Elizabeth George avaient éclairé cette part sombre de l'accueil des étrangers. Mais ce qui distingue cette dernière de tous les autres, c'est la focalisation à travers la création d'une section des crimes de haine ou officient deux policiers de fiction particulièrement efficaces et attachants.
Tous deux sont eux-mêmes issus de l'immigration. L'inspecteur Dushan Zigic, parfaitement intégré, n'ignore pas la fraicheur du voisinage dans les années soixante quand ses grands parents "yougoslaves" sont venus s'installer dans un quartier calme de Peterborough. Sa collègue, Mel Ferreira, d'origine portugaise, a les mêmes souvenirs d'exclusion. Les crimes en série sur lesquels ils travaillent concernent la population immigrée.
Un politicien d'extrême droite dont le portrait pourrait bien coïncider avec une personnalité connue fait mine de réprouver ces violences, mais il n'est jamais loin des braises et quand la ville s'enflamme, ce signe effrayant de modernité: l'armée des zombies perdus sur le reflet troublé du monde que renvoie leur smartphone.
Haine pour haine – Eva Dolan – Traduit de l'anglais par Lise Garoud – Liana Levi – 432 pages – 22€ - *** -
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 6 janvier 2019Lire aussi dans Sud-Ouest