Pas vraiment des romans, plus denses que des nouvelles, les "novellas" prennent le temps d'installer décor et personnages. On en trouve plus d'une dizaine dans ce recueil de Didier Daeninckx qu'on parcourt comme un album de souvenirs, embarqué sur le porte-bagages d'un vieux vélo pour arpenter les chemins de la mémoire.
Des mines de Coltar aux zones de transit de l'aéroport, on y découvre aussi dans "Mortel smartphone", notre tragique indifférence de consommateurs, les figures crapuleuses des Négatifs de la Canebière ou l'histoire vraie de "Je tue il…". Un type s'était fait passer en 1990 pour Didier Daeninckx. Il dédicaçait ses bouquins, sillonnait la campagne et laissait des ardoises à l'hôtel.
C'est en fin d'ouvrage, dans "L'Affranchie du périphérique", qu'on retrouve la puissance d'évocation la plus sensible, comme un signet emblématique de l'œuvre entière. Un livre d'images qui ressuscite la beauté des faubourgs, les parts d'ombre du siècle dernier, l'intelligence visionnaire des situationnistes, le Front populaire, le bleu matisse et l'odeur grasse des brochettes.
Novellas – Didier Daeninckx – Cherche Midi – 446 pages – 18,90€ - ***
Lionel Germain