Imaginez un pays au bord de la Méditerranée. Les plages y sont magnifiques, la jeunesse exubérante et les boites de nuit bondées. On y rit et on y danse mais plus loin sur cette avenue où une jeune fille en mini jupe se laisse bercer par la douceur du soir, se dresse un immeuble ordinaire. Dans les caves, rien ne filtre de l'insouciance des flâneries estivales. On y souffre et on y meurt. C'est Tel-Aviv. Et c'est là que le narrateur interroge avec une brutalité parfois définitive les détenus arabes.
Pour maintenir cette fiction d'un état de droit, il faut éliminer la menace terroriste, ces bombes humaines qui déambulent déguisées en juif orthodoxe. Agent des services secrets, le héros de Yishaï Sarid doit attirer en terrain neutre le haut responsable d'un de ces réseaux palestiniens. Son appât: le père de ce dernier, un poète atteint d'un cancer en phase terminale.
Roman
désespéré d'un homme de paix sur la haine irréductible qui sépare les deux
peuples, "Le Poète de Gaza" laisse entrevoir une Terre promise dont
les sous-sols ne produisent en secret que du sang et des larmes.
Le Poète de Gaza – Yishaï Sarid – Traduit de l'hébreu par Laurence Sendrowicz – Actes Sud – 220 pages – 20€ - ***
Lionel Germain