La littérature abonde aujourd’hui dans le récit des manières dont notre monde finira, catastrophe climatique, effondrement, pandémie. L’histoire de clash civilisationnel que nous conte Olivier Sebban est différente.
Ce roman très noir, écrit dans une langue somptueuse dont la précision stylistique suspend parfois la narration comme si elle tentait désespérément d’abolir l’instant, fait signe vers autre chose. Ce n’est pas pour rien que l’auteur emprunte son titre aux premières lignes du "Richard III" de Shakespeare, plaçant le roman sous l’égide de la neige et de la mort, un "hiver du mécontentement" qui évoque aussi la crise anglaise de la fin des années 1970 et le chaos social prémonitoire qui lui fit suite.
La cathédrale, dont la présence obsédante revient de page en page, comme un fanal au milieu du maelstrom où tout se délite, un lieu au demeurant où l’on entre peu et où l’on prie mal, la figure biblique du fils prodigue qui court à travers le roman, ouvrent encore d’autres pistes pour ce texte riche et déroutant, la quête éperdue de rédemption d’un fils en deuil d’un frère par exemple.
Maintenant que l’hiver - Olivier Sebban – Rivages - 269 pages - 21€ - ****
François Rahier
François Rahier
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