Cette petite anthologie propose un florilège des nouvelles publiées à Beyrouth par Zaki Beydoun au cours des quinze dernières années. Né au Liban, diplômé de philosophie en France, l’auteur enseigne à l’université de Zhejiang en Chine. Il y a dans ces textes, parfois très courts, quelque chose de l’interrogation sur le réel qui affleure dans certains contes de Maupassant, "Le Horla" ou "Qui sait?" par exemple.
Mais quand, ayant atteint la taille des galaxies le narrateur copule avec l’univers, ou lorsqu’il court après sa bouche transformée en grenouille, ou bien se retrouve enfermé dans un point géométrique, nous sommes plus près de Kafka ou de Borges. La vertigineuse exploration du monde des rêves, à laquelle nous convie l’auteur, est sans égale dans la littérature arabe d’aujourd’hui, mais elle résonne aussi d’une manière bien à elle dans le cadre plus général du fantastique contemporain.
"Entrer dans l’univers de Zaki, c’est simplement changer d’univers", écrit Jean-Marie Gustave Le Clézio dans sa préface. Ici le diable peut commettre un attentat suicide au Paradis pour en finir avec Dieu, le ciel peut se vider et partir on ne sait où avec le Soleil, la lune et les étoiles. Et les enfants sont des anges déchus qui se réfugient dans les rêves après avoir été chassés de la réalité, du monde des adultes.
Organes invisibles et autres nouvelles fantastiques - Zaki Beydoun - Traduit de l’arabe (Liban) par Nathalie Bontemps - Préface de Jean-Marie Gustave Le Clézio - Sindbad/Actes sud - 117 pages - 14,50€ - ***
François Rahier
François Rahier