C'est une injonction. Alexandre Civico le précise dans un entretien: il nous faut choisir Dolorès ou le ventre des chiens, la femme qui tue ou la bedaine qui mord.
Dans un face à face entre Antoine, un psy toxicomane, et Dolorès, une meurtrière dont la justice aimerait éviter de voir l'étendard brandi au procès, on passe de la répulsion au désir de carnage sans jamais espérer une solution tranquille au désordre du monde. Membre du collectif Inculte, Alexandre Civico nous a préparés dans ses précédents romans à ne pas compter sur la douceur de l'épilogue. Dolorès est une Escort, et le dégoût nait de cette certitude que la laideur est la face cachée du pouvoir. La jeune femme bascule après une foire automobile où un PDG a cru en s'offrant ses services que tout était compris.
"C'est du nombril qu'il parlait, de l'orifice de son gros ventre satisfait en engloutisseur de bouffe, engloutisseur de la transpiration des hommes et des femmes qu'il faisait travailler." Du rire égrillard au spectacle des "grosses fesses flapies", une rage froide entraine Dolorès sur les chemins d'un crime qui en appellera d'autres. Décapant.
Dolorès ou le ventre des chiens – Alexandre Civico – Actes Sud – 192 pages – 19,90€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain
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