"Peut-on rougir quand on est noir?" Cette question, posée à Ketty Steward lors d’une Convention de SF il y a 20 ans est peut-être à l’origine de ce livre. Les futurs de la SF, coincés dans une vision monolithique, masculine, blanche et hétérosexuelle, produisent des récits inopérants, mobilisant des éléments et motifs qui ne permettent pas d’ouvrir de nouvelles possibilités, même imaginaires, pour le futur.
Cet essai brillant, outillé comme un travail universitaire, pointe quelques repères, l’œuvre du noir américain Samuel Delany, ou celles de femmes, racisées ou non, Octavia Butler, Ursula Le Guin, qui sont l’occasion de changer d’angle et d’échelle pour créer de nouveaux récits.
Mais Gérard Klein, depuis plus de 60 ans au service de la SF et mis à mal dans ce livre, avait déjà diagnostiqué, en 1975, un "Malaise dans la science-fiction" en insistant sur l’importance singulière dans cette littérature de l’œuvre d’Ursula Le Guin, qu’il avait introduite en France depuis peu. Peut-être alors ne les a-t-on pas lus suffisamment l’un et l’autre?
Le Futur au pluriel : réparer la science-fiction - Ketty Steward - Les Éditions de l’Inframonde - 257 pages - 22€ - ***
François Rahier
François Rahier