Un jour, le bus ne passe plus. Il faut dix heures de marche alors pour se rendre en ville, autant pour revenir. Bientôt les allocations ne seront plus versées. On veut les contraindre à quitter le village, l’horizon de toute leur vie, une zone contaminée par une industrie prédatrice. Ils sont douze, puis dix, les uns et les autres disparaissent, maladie, trahison, suicide. Le Père résiste, il n’a plus que son fils infirme, Christoforos, qu’il porte comme un enfant dans une étrange pérégrination recensant des lieux de mémoire, églises vides, sanctuaires désertés. Le prénom du fils – Porteur de Christ – et le finale en forme de rédemption – font de ce livre un quasi évangile.
"Grâce au mortier de la mémoire les ombres des morts élevaient les pierres les unes sur les autres, et les décombres redevenaient des maisons."
Né à Athènes en 1965, Michalis Makropoulos vit aujourd’hui sur l’île de Lefkada, en Ionie, mais visite souvent l’Épire où il situe l’action de certains de ses romans. Il a été lauréat de plusieurs prix littéraires dans la catégorie court.
Eau noire - Michalis Makropoulos - Traduit du grec moderne par Clara Nizzoli - Agullo court - 81 pages - 11,90€ - ***
François Rahier
François Rahier
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