Journaliste et écrivain indien né en 1963, auteur de "Loin de Chandigarh", un roman vendu à trois cent mille exemplaires en France, Tarun J. Tejpal commence très fort avec la scène d'introduction du "Chant des vaincus" qui met en scène deux jeunes détenus "accueillis" par un maton psychopathe consciencieux.
Un aperçu de la violence symbolique et de la toute-puissance des gardiens à l'intérieur des prisons indiennes. La cellule 16 où on les mène après le rite d'humiliation corporelle à coups de cannes sur les parties génitales, s'appelle le Cloaque. Il y règne l'odeur excrémentielle d'un premier cercle de l'enfer exploité économiquement par un autre pervers, détenu celui-là.
Le roman se déploie sur un territoire carcéral divisé en parcelles rebaptisées "Pakistan", "Maison d'Hôtes" ou encore "Bhoutan" pour y laisser grouiller un crime aux mille visages. Chacune des milices en charge d'un de ces départements veille sur son cheptel avec ses propres règles héritées de façon lointaine de la culture et des croyances indiennes. Et l'Inde est tout entière dans ce miroir inversé d'une prison où les damnés se cherchent une liberté à conquérir.
Le chant des vaincus – Tarun J Tejpal – Traduit de l’anglais (Inde) par Sylvie Schneiter – Buchet-Chastel – 768 pages – 28€ - *** –
Lionel Germain
Lionel Germain