"L'eau rouge", le premier roman de Jurica Pavicic publié en France par les éditions Agullo s'emparait d'un fait-divers avant d'élargir le champ sur l'éclatement de la Yougoslavie à la fin des années quatre-vingt. "La femme du deuxième étage" le rétrécit à la sphère familiale sans rien perdre de la puissance romanesque des personnages.
En tombant amoureuse d'un marin, la petite Bruna, lie son destin à celui d'une belle-mère, Anka, d'un absent, Frane le marin, et d'une belle-sœur pas vraiment accueillante.
"Madame Anka Saric était une femme grande, corpulente, aux hanches larges, semblable à une poule couveuse veillant sur ses œufs."
Pour Frane dont la mère est victime d'une attaque cérébrale, la garder chez lui est plus une affaire d'honneur que d'affection filiale. Au-delà des apparences, Jurica Pavicic décrit avec subtilité l'enfermement silencieux de Bruna, prisonnière d'une intrigue familiale qui va la condamner au pire. Soumise peu à peu au déterminisme de sa condition, femme qui ne se sent jamais désirée, et finalement otage d'une belle-famille hostile.
La femme du deuxième étage – Jurica Pavicic – Traduit du croate par Olivier Lannuzel – Agullo – 240 pages – 21,50€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain