Comme l'indique malicieusement le sous-titre des polars publiés par les éditions Lajouanie, "roman pas policier mais presque…", le livre d'Yvan Robin prend davantage ses repères dans le noir bitumineux que dans la grisaille procédurière d'une série B.
On se perd en frissonnant à la périphérie d'un village où la forêt inspire sa propre légende à la mode du Gévaudan. On partage la frayeur de Souleymane, clandestin traqué et en fuite perpétuelle devant l'interdiction de séjour. L'organisateur de cette "vigilance citoyenne" chargée de traquer les intrus, c'est le mari de Blanche. Quant à l'épouse brimée, elle s'apprête à basculer dans une radicalité contrainte pour échapper au machisme local.
De l'employé de mairie au médecin de famille en passant par l'agriculteur ou l'instit, tous les hommes ont la colère ciblée contre l'étranger qui rôde sur leur territoire. Yvan Robin a la phrase leste et la syntaxe à vif pour décrire la curée qui se prépare. Mais c'est sans compter sur les femmes. Quand elles se mettent en mouvement derrière celle qui devient "la Fauve", les proies se transforment en mortelles randonneuses.
La Fauve – Yvan Robin – La Jouanie – 176 pages – 15€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain
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