On découvre chaque année des territoires désespérants. Peut-on dire “grâce” en partie aux éditions Agullo qui recensent avec perversité les points aveugles du continent européen. De la douceur trompeuse de l’Émilie romagne que Valerio Varesi replonge dans le brouillard à la Pologne inquiétante de Chmielarz en passant par l’improbable Moldavie de Lortchenkov ou par l’Allemagne de l’Est et la Bulgarie revisitées par Magdalena Parys, la carte proposée par la petite maison d’éditions villenavaise devient bavarde.
Les Soviétiques avaient maintenu l’association de la Slovaquie à la République Tchèque héritée du démembrement de l’empire austro-hongrois en 1918. Inscrit au pittoresque de l’Union, son office de tourisme ne nous dit rien de la déliquescence des pouvoirs publics. “La Révolution de velours” et l’indépendance ont ouvert un boulevard aux mafias. Selon l’auteur, journaliste réputé pour son travail d’investigation, les lois en vigueur sont imposées par des rapports de force.
Police, justice et services secrets sont les trois piliers d’une organisation criminelle dont la principale activité consiste à “exporter” les jeunes filles mineures, à Prague pour le meilleur, ou au Kosovo pour le pire.
C’est par la voix d’un reporter de combat qu’ Arpad Soltész nous raconte le destin d’une gamine de 17 ans enlevée par les trafiquants. Une grande violence, peu d’ellipses, et un constat terrible sur la précarité de l’État de droit dans ce confetti d’Europe centrale.
Il était une fois dans l'Est – Arpad Soltész – Traduit du slovaque par Barbora Faure – Agullo - 384 pages – 22€ - ***
Lionel Germain - d'après un article remanié publié dans Sud-Ouest-dimanche - 27 octobre 2019