"Mieux vaut construire des ponts que des murs", c'est la belle leçon d'humanité que donne ce livre d'Éric Plamondon. Interroger le nationalisme permet de dépasser la monstruosité de certains de ses effets pour comprendre l'attachement à une terre. C'est l'arrachement, chez les Indiens Mi'qmaq du Canada, qui provoque le repli identitaire et la conscience de soi blessée par les envahisseurs.
L'auteur affectionne le patchwork textuel où le fil du récit emprunte la trame d'une coupure de presse, d'une recette ou d'un point d'histoire. La narration froide de cette guerre du saumon opposant le système fédéral et les tribus est réchauffée par le personnage d'un garde-chasse en rupture de mission pour épouser la cause des indigènes. De ce polar épuré, on retiendra que notre rapport au monde est une affaire de représentation et que la nôtre est tributaire du mythe hollywoodien pour lequel l'Indien est un guerrier à cheval.
Les Mi'qmaq ont été les premiers à préparer le sirop d'érable et le taqawan est le nom du saumon revenu de la mer pour épuiser ses dernières forces sur son lieu de naissance.
Taqawan – Eric Plamondon – Livre de poche – 224 pages – 7,40€ - ****
Lionel Germain