C'était symbolique et courageux mais une poignée de
main entre la Reine et un ancien militant de l'IRA ne permet pas aussi
facilement d'enterrer la hache de guerre. En avril, la bombe déposée devant le
commissariat de Newtownhamilton rappelait au monde que les dissidents de
l'armée républicaine étaient toujours hostiles à des négociations.
Au fond, ce sont les romanciers qui nous en disent
le plus sur les haines recuites et les crispations identitaires.
"Redemption factory" de Sam Millar mettait en lumière les liens entre
mafia et lutte pour l'indépendance. Avec trois personnages, Stuart Neville poursuit
la descente aux enfers des "Fantômes de Belfast" sous la forme d'un
western égaré en Ulster où idéalisme, trahison et business brouillent les
cartes.
Gerry Fegan, assassin de l'IRA encore hanté par
l'ombre de ses crimes trouve un refuge provisoire à New-York. Sur l'île, Jack
Lennon, le flic catholique considéré comme un renégat, est contraint de laisser
filer les affaires commanditées par les Unionistes. Le Voyageur, un tueur
nomade engagé par la fille d'un truand est quant à lui chargé de retrouver et
d'éliminer Gerry Fegan. Dans ce scénario implacable, les trois hommes solderont
leurs comptes à Belfast. Le Bon, la Brute et le Truand, assignés à des rôles
que la petite enclave nordiste du Royaume Uni se condamne à transmettre de
génération en génération.
Collusion – Stuart Neville –
Traduit de l'anglais par Fabienne Duvigneau – Rivages – 377 pages – 22€ - ****
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche - 14 octobre 2012
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