La deuxième aventure du journaliste Maté Calder basé à La Rochelle commence par un clin d'œil au personnage de Rivière Salée, un roman publié en 1996 par José Varela. Biographe autorisé du patron de l'Anita Conti, un thonier reconverti en laboratoire pour l'IFREMER, Maté Calder est dans sa cabine du port de La Pallice, en pleine nuit, quand il est le témoin d'une chasse à l'homme sur les quais. Un Noir poursuivi par des Blancs armés parvient à se réfugier à bord.
Le journaliste essaie alors de prendre en charge le jeune Selim, immigré en provenance de Guinée et seul survivant d'une traversée pendant laquelle ses compatriotes ont été rejetés à la mer. On sait que cette histoire terrifiante s'est vérifiée à de nombreuses reprises. Maté Calder qui n'est pas un mauvais bougre a pourtant des doutes sur la véracité de l'affaire. Ces clandestins seraient capables d'inventer n'importe quoi pour bénéficier d'un accueil VIP au pays des droits de l'homme. Le plus absurde tient en quelques mots: Selim était pêcheur mais les navires européens ont fait le vide sur les côtes avec leurs aspirateurs à sardines. Conséquence, pour manger du poisson même en conserve, l'Afrique s'invite dans nos supermarchés.
Un polar bien rythmé dans lequel Maté Calder n'hésite pas à donner un savoureux cours de littérature soviéto-stalinienne à un marin ukrainien. L'humour noir n'a pas de patrie.
Quai des grumes – José Varela - Tamtam – 276 pages – 14,20€ - **
Lionel Germain