Le pire jour de l’année pour beaucoup, dans cette petite cité résidentielle d’une probable banlieue bruxelloise ("cinquante appartements, plus de cent habitants en tenant compte des enfants" mais pas des animaux de compagnie), c’est bien celui de l’assemblée générale des copropriétaires.
Le narrateur, critique littéraire de son état, voit avec un ennui mitigé d’amusement s’annoncer ces quatre heures de réunion qui promettent comme les précédentes d’être confuses, houleuses, et de voir trop souvent se déverser les haines mesquines des uns pour les autres. Comme d’habitude sa rêverie l’entraîne vers la vue reposante du lac dont il jouit depuis son balcon, ou l’anatomie attirante d’une jolie voisine. La découverte dans les toilettes du cadavre de l’un des leurs, assassiné d’un coup de couteau, rompt la monotonie de la réunion des copropriétaires.
Sous-titré ironiquement "roman noir", - ironie soulignée par la couverture pleine d’humour de Loustal - ce petit livre relève plutôt de la comédie policière; étendant à un ensemble résidentiel le huis-clos devenu classique chez Agatha Christie par exemple, ici une île et ses dix personnages, là une rame de l’Orient-Express etc., l’auteur s’amuse à mettre en scène toute une humanité bigarrée de sentiments souvent peu honorables, avec une certaine empathie et, presque, de la compassion.
Auteur de nombreux romans pour la jeunesse et de séries policières, Frank Andriat retrouve ici la plume sensible avec laquelle il aborde des questions parfois très graves, avec humour, légèreté, dans la lumière.
Mortelle assemblée de copropriété - Frank Andriat - Éditions Deville (Bruxelles) - 177 pages - *** - 20€
François Rahier
François Rahier