Construite sur un roc vertigineux battu des vents, à l’est de Capri, la Villa Malaparte fascina Godard qui y avait filmé Bardot nue, dans "Le Mépris", en 1963. Quand la narratrice découvre l’édifice, bien plus tard, ce décor de cinéma devient pour elle l’entrée d’enfers immémoriaux où des fantômes ou d’anciens dieux, bien vite, viennent à sa rencontre, comme l’architecte Ermete, ou le bel étudiant Adelchi qui n’est peut-être qu’un avatar de Mithra Sol Invictus, dieu romain venu d’Asie.
L’éphèbe solaire va traverser le livre comme un ange de l’Apocalypse. Certes beaucoup de nouvelles du recueil relèvent d’un fantastique plus traditionnel où il est question de plantes carnivores, de licorne ou de divination. Mais il y a aussi ces textes brefs, comme des tranches de vie, des pages de journal, qui révèlent en filigrane des drames ou des failles plus personnelles….
Ce travail de deuil s’achève par un "finale" éblouissant, une dérive onirique dans le New York d’après le 11 septembre puis une quête désespérée de signes au cœur de la forêt de Brocéliande, lieu d’élection d’un fils trop tôt disparu.
Les Sirènes de Capri - Catherine Rabier - Rivière Blanche - 249 pages - 20€ - ***
François Rahier
François Rahier
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