Né à Santiago du Chili en 1967, Boris Quercia Martinic est d’abord un homme de cinéma, il a été acteur, réalisateur, scénariste et producteur. Mais il est aussi romancier, et s’est illustré dans le roman noir, en particulier avec "Tant de chiens" qui a obtenu le Grand prix de littérature policière en 2016.
Son récent livre "Les rêves qui nous restent" marque ses débuts dans le domaine de la science-fiction, débuts en forme de ballon d’essai, car si la première édition papier de ce livre est parue en France chez Asphalte en 2021, le roman avait été publié au format électronique et dans sa langue d’origine sous le titre "Electrocante" le 1er octobre de la même année. Cette réédition en poche en confirme l’intérêt.
Entre "Blade runner" pour le blues de ses robots et "Soleil vert" où un état totalitaire gère la pénurie dans une planète exsangue, ce post-apo ne commence pas par une guerre nucléaire ou une invasion alien, mais avec la "crise sanitaire d’Oslo" quand l’ordinateur quantique qui assurait là-bas les contrôles de sécurité et approvisionnait des millions de patients en médicaments sur toute la planète a buggé, les transformant en paranoïaques compulsifs.
Si un semblant d’ordre règne à la City, où certains n’hésitent pas à vendre à des sociétés privées la seule chose qui leur reste, leurs rêves, le monde devient un véritable pandémonium. "Un monde meilleur n’est pas nécessairement un monde plus humain", peut-on lire sur une pub à la sortie du métro.
Dans cet enfer sur Terre nous suivons la dérive de Natalio, flic de dernière catégorie – un "clébard", dit-on, qui enquête sur un incident au sein d’un entrepôt de dormeurs. Accompagné comme tous ici de son fidèle électroquant, son voyage au bout de la nuit prend l’allure d’un chemin de croix, mais c’est lui qui ressemble à Saint Pierre au bord du reniement quand l’androïde finit par s’identifier au Christ.
Les rêves qui nous restent - Boris Quercia - Traduit de l’espagnol (Chili) par Isabel Siklodi et Gilles Marie - Pocket - 208 pages – 7,30€ - ***
François Rahier