La culture de l'excuse est l'argument dont se prévalent les partisans d'une sanction du crime indifférente à la singularité du criminel. Jaxie Clackton, le héros adolescent de Tim Winton, n'est pas un ange. C'est pour ça qu'il prend la route après la mort accidentelle de son père. On pourrait bien l'accuser d'avoir abrégé la vie du bourreau de son enfance. Jaxie n'est pas un ange mais sa rencontre avec un vieil homme va transformer sa cavale en stage rédempteur.
Le polar est affaire de décor. La baraque du prêtre défroqué est en tôle ondulée. "Sur le porche, à l'ombre, y-avait deux sièges. Qui provenaient d'une bagnole. (…) Plus loin, devant le mur de devant, y-avait un amas de bidons, d'outils rouillés et des cordes. Plus une brouette." C'est là qu'ils vont s'apprivoiser et prendre la mesure des dangers qui menacent chacun d'eux. Accroché au rêve d'un nouveau départ, Jaxie devra affronter la violence du monde, et c'est le beau roman de cette mue que nous propose Tim Winton.
La cavale de Jaxie Clackton – Tim Winton – Traduit de l'anglais (Australie) par Jean Esch – Gallimard La Noire – 304 pages – 22€ - ***
Lionel Germain