Cette année-là, des hommes et des femmes de France ont jugé que le monde ne tournait pas rond. Pour ne pas mourir au fond de l'impasse, ils ont improvisé une ronde à nos carrefours et redonné des couleurs à leur vie. Jaunes. Les héros de Jérémy Bouquin sont les soldats perdus d'une colère légitime.
Comme le meilleur des reportages, son roman raconte cette crise à travers le personnage d'une femme, Sandrine. Emploi précaire, désert géographique, toutes les cases cochées ramènent le constat sociologique à la chair meurtrie d'une femme bancale. On parle de soldats perdus parce que les guerres sans généraux convoquent un avenir de défaite. Jérémy Bouquin restitue la puissance du mouvement et l'impuissance des combattants réduits pour certains à une fraternité des chopines sans lendemain.
Pour Sandrine, la fin du rêve coïncide avec le retour du cauchemar conjugal dont on ne cesse de faire la chronique scandaleuse depuis bien trop longtemps.
Colère jaune – Jérémy Bouquin – Éditions In8 – 256 pages – 18€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain