C'est à l'intersection de tous nos malheurs que Pascal Dessaint installe sa caméra. Un dispositif léger qui suit au plus près les consciences asphyxiées par les émanations d'un système prédateur.
L'auteur excelle une fois encore à faire entendre les voix singulières d'un roman choral: Gaspard le voyeur institutionnel de la vidéo surveillance des carrefours, Lucas dont la passion pour les girafes est inversement proportionnelle à la haine qu'il éprouve pour sa vieille mère, Zélie qui rêve depuis son balcon au destin menacé des chardonnerets, l'homme à la craie enfin, recenseur des "mauvaises herbes" de nos trottoirs.
Comment tout savoir de Buffon et des ruses "évolutionnistes" de la girafe avec l'acacia sans jamais perdre le rythme d'un drame aussi inévitable que la montée des eaux sur le littoral. Comme le disait Charles Nodier en 1842: "Lorsqu'on a vu l'Homme d'un peu près, on est fier d'être Girafe."
L'envers de la girafe - Pascal Dessaint – Rivages – 208 pages – 20€ - ****
Lionel Germain
Lionel Germain