Tous les 13 janvier, Parme fête son protecteur Saint-Hilaire. Ou devrait le fêter, "parce qu'on a peur de nos souvenirs" dit le commissaire Soneri. Le héros de Valerio Varesi appartient davantage au passé de Parme qu'à son avenir.
Quand le corps d'un homme assassiné refait surface sous le plus vieux pont de la ville, le commissaire prend tout naturellement le chemin vers la source, retrouve la froidure rebelle de la montagne, et s'immobilise dans un trou perdu des Apennins, bloqué par les intempéries. Sans loi sur les sentiers de contrebande, et sous la seule foi vacillante du curé du village, les nouveaux criminels ne respectent plus grand-chose. Le prêtre lui-même est assigné à ce paysage de brumes pour des raisons mystérieuses.
Si Soneri manifeste une inquiétude profonde pour le changement de paradigme, il gratte néanmoins les ombres, délivre quelques vérités passagères avant de retourner à son propre crépuscule où s'insinue "une insupportable odeur de morgue". Pessimiste et rythmé par la nostalgie d'une Émilie-Romagne en train de disparaître.
La Main de Dieu – Valerio Varesi – Traduit de l'italien par Florence Rigollet – Agullo – 368 pages – 21,50€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain
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