Ni polar, ni roman noir, ni même vraiment roman d'aventures, "Les Mains du Che" réunit toutes les séductions de la littérature de genre en nous promenant autour d'une énigme que l'auteur avait déjà évoquée dans un précédent livre, "Castro". L'énigme concerne la mort du Che, le 9 octobre 1967 en Bolivie. Alors qu'il tentait vainement d'organiser l'insurrection en Amérique latine, le révolutionnaire argentin a officiellement été exécuté sur ordre de la CIA. Ses deux mains avaient été tranchées pour permettre l'identification.
Serge Raffy avance l'hypothèse d'une mystification et il faut avouer que l'administration cubaine a tout fait pour la rendre crédible après le rapatriement en 1997 d'une dépouille identifiée comme celle du Che. Aucune expertise ADN n'a confirmé l'information et les mains ont disparu. Plus grave, l'homme en charge du dossier Guevara à La Havane est mort étrangement dans un accident de voiture alors qu'il venait de démissionner et qu'il s'apprêtait à écrire ses mémoires.
Serge Raffy s'empare de toutes ces interrogations pour enrichir une intrigue dont le héros est un journaliste d'origine espagnole mêlé par un père qu'il n'a pas connu à la destinée romanesque du Che.
On est au début des années 80 et c'est aussi l'occasion, à travers le personnage du jeune Hector Mendez, de retrouver les parfums d'encre de Sud-Ouest. Au moment où Hector "qui écrit sur le rugby dans Sud-Ouest" envisage de partir pour une enquête improbable en Bolivie, il fait une halte à l'hôtel La Devinière à Saint-Jean de Luz.
Le roman ressuscite alors l'élégance désinvolte de Pierre Veilletet sans jamais le nommer, la rumeur des rotatives quand elles étaient amarrées au journal de la rue de Cheverus, au cœur de Bordeaux. Les journalistes sportifs constituaient une aristocratie. Et le rugby était le roi des sports.
Les Mains du Che – Serge Raffy – Seuil – 304 pages – 19,50€ - ***
Lionel Germain
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Pierre VEILLETET ®
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