Quand comme le héros de Max Monnehay on est psychologue en milieu carcéral, et qui plus est dans une Centrale comme celle de l'Île de Ré d'où ne s'échappent que les rumeurs toxiques portées par les vents du large, le secret professionnel oblige la conscience à se cadenasser. C'est sa maîtresse Julia qui résume le mieux le paradoxe de ce confesseur dont les patients sans foi ni loi cultivent l'art de la dissimulation: "C'est quand même étrange, non? Tu essaies d'aider des gens qui, pour la plupart, n'ont pas du tout envie que tu les aides. Alors que, dehors, tu refuses des patients qui, eux, n'attendent que ça."
L'Île de Ré, sœur d'Oléron, symbolise la douceur de vivre. Paradoxe géographique cette fois qui contraint au déni, au refus de signaler le repaire des fauves en laissant les touristes dans l'ignorance du troublant voisinage. Le psychologue Victor Caranne, en charge du fardeau obsessionnel des détenus, est lui-même lesté d'un passé difficile. Et Julia, journaliste à "Ouest-France", enquête sur une affaire sensible. Ce qui donne une première piste le jour où l'on découvre son corps à la pointe de la Repentie au bout de la péninsule rochelaise.
Sur le thème du triangle amoureux, Max Monnehay, prix du premier roman 2006 pour "Corpus Christine", trouve le bon équilibre entre thriller et roman noir.
Somb – Max Monnehay – Seuil – 304 pages – 18,50€ - ***
Lionel Germain