Cafard! (ou mouchard) c’est la traduction de Manayek, mot hébreu – et argotique – titre de la série. C’est le surnom dont a hérité Izzy Bachar (Shalom Assayag), vétéran de la D.E.I.P. (Département des Enquêtes Internes de la Police, "la police des polices"), après avoir dénoncé des violences policières. Enquêteur chevronné et intègre, il va apprendre, à la veille de sa retraite, que son meilleur ami Barak Harel (Amos Tamam) est soupçonné de corruption.
Cet ancien partenaire qu’il a formé est un officier charismatique de haut rang et se trouve à la tête du plus gros poste de police du pays. La mauvaise nouvelle tombe à l’occasion du pot de départ à la retraite de Dudu Eini (Sasi Samucha), directeur de la police, troisième membre de ce trio lié par une amitié indéfectible depuis leur entrée dans les forces de l’ordre.
Souhaitant aider son ami à se tirer de cette mauvaise passe, Izzy accepte de participer à l’enquête. Les révélations qu’il obtient vont dévoiler non pas de simples magouilles mais l’existence d’un réseau tentaculaire lié à l’un des plus grands syndicats du crime de Tel Aviv.
C’est à ce moment-là que sa vie va basculer. Avec l’aide de Tal Ben Harush (Liraz Chamami), jeune enquêtrice de la brigade anti-gang animée d’une volonté tenace de découvrir la vérité, il engage une chasse acharnée contre Barak devenu son plus féroce ennemi. Ils devront faire face à un système qui malgré des preuves irréfutables se protège par tous les moyens (à l’image de Dudu) pour clore l’enquête.
Izzy parviendra-t-il à se préserver dans ce combat entre policiers intègres et policiers ripoux? C’est incontestablement un des axes majeurs de Manayek. Avec en toile de fond une société israélienne minée par la corruption et la défiance, la série nous immerge dans un univers nauséabond, au cœur des liens opaques entre police, justice et organisations mafieuses.
On doit au scénariste Roy Iddan la série pleine de suspense "Téhéran" et au réalisateur Alon Zingman la série (comédie) "Les Shtisel: une famille à Jérusalem", tous deux ayant pris l’option de changer pour le genre "bad cops". Manayek, en ce sens, fait immanquablement penser à "The Shield", série culte américaine avec ses policiers violents, véreux et racistes. Mais aussi, du fait de sa narration adroite, de son rythme et de sa tension psychologique, aux grands classiques du polar ("Le Samouraï" de Jean-Pierre Melville, par exemple).
Au cours de son enquête (de sa quête?) Izzy, héros incorruptible, va découvrir que son monde n’était pas celui qu’il croyait être, dans un État de droit à géométrie variable, une société écartelée entre loyauté, trahison et devoir. Un monde de violences et de mensonges, à explorer absolument.
Manayek – Trahison dans la police (3 saisons, 30 épisodes de 45 minutes) – Arte.TV ****
Créée par Roy Iddan et Yoav Gross
Réalisée par Alon Zingman
Avec: Shalom Assayag, Amos Taman, Liraz Chamami, Doron Ben David, Mouna Hawa, Diana Golbi, Sasi Samucha, Maya Dagan, Ofer Hayoun
Alain Barnoud
Alain Barnoud
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