Romans, nouvelles, scénarios de BD, pendant 50 ans Edmond Hamilton (1904-1977) a œuvré pour la science-fiction, aux côtés de son épouse Leigh Brackett – qui travailla elle-même sur "Star Wars". Des origines à nos jours le space opera lui doit beaucoup, les super héros des comics également. Sous la houlette de deux bordelais, Francis Valéry et Laurent Queyssi, la revue Bifrost avait publié il y a quelques années un passionnant dossier ("Edmond Hamilton, le roi des étoiles", n° 90, avril 2018, toujours disponible), une utile piqûre de rappel pour ceux qui ignorent encore que la SF a une histoire.
Patrimoine immatériel de la culture populaire, les "pulps" ont leur collection chez le même éditeur. Ces fascicules aux couvertures criardes ont été à l’origine du space opera, et ont marqué de leur empreinte des blockbusters comme "Star Wars". Le héros-phare de cette nouvelle série est plus connu chez nous à travers son adaptation en dessin animé : "Capitaine Flam, à la rescousse!" (Toei Animation, 1978). Hamilton en écrivit la plupart des épisodes, entre 1940 et 1945, sur une idée de Mort Weisinger, futur responsable de DC Comics.
Responsable éditorial de cette collection et traducteur déjà de sept volumes de la série, Pierre-Paul Durastanti la présente ainsi: "PULPS est un espace voué à l’Aventure. Une collection, si l’on veut, ou un label, mais plus sûrement un état d’esprit. Ce qui préside ici, c’est la science-fiction sur grand écran. Il s’agit de distraire sans se prendre au sérieux. Le sentiment est à l’émerveillement" – ce fameux "sense of wonder" de la littérature d’anticipation.
L’auteur se joue avec brio de ce que d’aucuns appelleront les poncifs du genre: mondes interdits, extra-terrestres pas toujours amènes et embrouilles en tous genres dans l’espace. Ici, autour de Curt Newton, le "Capitaine Futur", qui a tous les attributs d’un super-héros – y compris le récit des origines – on trouve un robot, un androïde, un cerveau en bocal et une belle jeune femme échappant aux clichés de l’époque.
L’opéra de l’espace, si bien nommé, fonctionne comme les grandes machines romantiques de Hugo ou Verdi: portés par la musique ou le rythme, nous sommes moins sensibles aux invraisemblances ou aux stéréotypes. Et du rythme, il en a, ce bougre d’Hamilton!
Capitaine Futur/Le Magicien de Mars - Edmond Hamilton - Traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre-Paul Durastanti. - Pulps/Le Bélial’ - 188 pages - 18.90 € (7 volumes parus)
François Rahier
François Rahier