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mardi 16 septembre 2025

Elle, qui est d’ailleurs


Le phénomène J. K. Rowling est-il en train de se répéter? Traduite dans 27 pays, vendue à plus d’un million d’exemplaires dans le monde, adaptée en bd par Corbeyran et bientôt en "anime" façon manga, cette saga qui est l’œuvre de deux autrices françaises vivant à Strasbourg a d’abord été publiée à compte d’auteur devant le refus successif de plusieurs maisons d’édition. Un véritable conte de fées éditorial! 


L’histoire de cette lycéenne qui découvre qu’elle vient d’un autre monde n’est pas que la version fille de "Harry Potter": dans ce dernier volume, le sentiment de l’exil, la perte liée à l’âge adulte font la différence. "Si nous n’avions pas espéré, nous n’aurions pas vécu. Je ne sais pas de quoi demain sera fait. Je sais seulement que la vie recèle bonheurs et malheurs, beautés et laideurs, bontés et infamies, et que tout cela s’équilibre grâce à l’espoir!" Et que de jolies trouvailles d’écriture, empruntant à l’alsacien, à l’espagnol ou au japonais!



Oksa Pollock/L’ultime espérance - Anne Plichota et Cendrine Wolf - XO éditions - 352 pages - 20,90 € (intégrale disponible en 7 volumes au format poche chez Pocket jeunesse)
François Rahier

mardi 9 septembre 2025

La SF espagnole, vous connaissez?


Il y a près de vingt ans, Sylvie Miller avait reçu le prix européen du Grand prix de l’Imaginaire pour l’ensemble de son travail en faveur de la SF espagnole en France. Elle avait entre autres publié chez Rivière Blanche une anthologie, Dimension Espagne, comprenant des œuvres de Juan Miguel Aguilera, Elia Barceló ou Rodolfo Martínez. Mais ce recueil ne proposait que des textes récents (1999-2003), pour beaucoup marqués cependant des couleurs dramatiques de l’Histoire. 

La table ronde tenue aux Utopiales de Nantes le 27 octobre 2000 (avec justement Sylvie Miller et Juan Miguel Aguilera) abordait bien le passé, mais d’une manière rapide et peut-être un peu injuste: "La SF espagnole, dans le passé, a cheminé sur deux voies un peu ingrates: d'une part le space opera de consommation rapide (les "pulps" de mauvaise qualité dont seuls les noms de Ángel Torres Quesada et Carlos Saiz Cidoncha méritent d'être cités) et d'autre part les interminables pastiches d'œuvres à l'américaine avec des protagonistes aux noms anglo-saxons et des intrigues totalement dépourvues d'originalité" (on peut lire le compte-rendu de cette table ronde en ligne.)




L’intérêt de la petite étude que vient de publier Francis Valéry dans le dernier numéro de son fanzine historique A&A est que l’analyse vient de l’intérieur (c’est la traduction d’un travail de Mariano Villareal, "Jacques Ferron y la segunda generación de escritores españoles de ciencia ficción" paru en Espagne et en ligne) et qu’elle met en évidence le rôle qu’y a joué un français, Jacques Ferron. 



Ignoré des publications spécialisées – il ne figure même pas dans les Petites histoires de la science-fiction française d’Alain Grousset récemment chroniquées dans ce blog, victime aussi de son homonymie avec l’écrivain québécois Jacques Ferron (1921-1985), ce Ferron là est un véritable pionnier.


Il avait fondé en 1959 le Cercle Littéraire d’Anticipation (dont la mémoire sera effacée par la création en 1965 d’un célèbre Club du Livre d’Anticipation!) et fait paraitre un grand nombre de revues amateures dans lesquelles il se livrait à un prosélytisme intensif au service de la SF des pays proches de la France, en particulier l’Espagne. 

Maîtrisant parfaitement la langue il publia le premier fanzine de SF espagnol, Astral, en 1963, et, sous son propre nom ou le pseudonyme anglo-saxon de H. H. Browning, une quinzaine de nouvelles en Espagne pendant les années soixante dans les revues Nueva Dimensión et Anticipación

Le principal moyen de communication du CLA fut le fanzine Le Jardin Sidéral publié par Jacques Ferron en France entre 1960 et 1967. Ferron y fit paraître les œuvres de nombreux auteurs espagnols qu’il traduisait lui-même. L’article de Mariano Villareal se conclut par un vibrant hommage à cette "figure cachée […] qui a malheureusement disparu sans laisser de traces au début des années 1970". Ses "publications soulignaient la relation privilégiée que notre pays entretenait avec son voisin du nord, poursuit l’article, à une époque où les auteurs français étaient considérés, avec les classiques gréco-latins, comme le summum de la littérature cultivée par une grande partie de l’intelligentsia espagnoles, où le français, et non l’anglais, était enseigné dans les écoles et où Paris était le centre culturel du monde". 

Francis Valéry, qui a traduit l’article, joint au dossier un florilège des nouvelles publiées "dans ces revues amateurs jaunies qui semblent aujourd’hui naïves, voire chimériques", où "une poignée d’écrivains espagnols ont laissé l’empreinte de leurs aspirations et d’un désir de liberté qui a dû attendre la Transition pour se concrétiser en Espagne". 

Ils avaient nom Carlos Buiza, Luis Molina Santaolalla, Francisco Lezcano Lezcano ou encore Manuel Pacheco…

La Science-Fiction Espagnole dans les années 1953-1969– Mariano Villareal – Présentation et traduction de Francis Valéry – A&A n° 180 – Août 2025 - 40 pages – 

Disponible par correspondance auprès de Francis Valéry, 1 route de Guimard 17360 La Clotte – email : terre.profonde@gmail.com – 

Vente au numéro 4,50€ + frais d’envoi (soit 7,38€) - Abonnement 22€ pour 3 numéros (chèque ou paypal)
François Rahier



mardi 26 août 2025

Vieux démons et merveilles de la SF française


Le premier intérêt de ce gros pavé c’est qu’il ne ressemble à aucun autre, ensuite c’est sa tonalité bon enfant absolument dénuée des a priori de tous les sachants qui ne peuvent s’empêcher de pontifier sur la SF d’encyclopédies en anthologies, ignorant souvent ce que leurs prédécesseurs ont fait. 

Alain Grousset, né en 1956, en a pourtant vu des choses – et écrit pas mal de bouquins dans le genre. Mais il adopte un peu la méthode prudente de Diogène Laërce, fameux auteur grec ancien des Vies et doctrines des philosophes illustres: c’est peut-être ça, mais c’est aussi peut-être autre chose, en tout cas certains le prétendent. 





Plus qu’un guide chronologique, ou thématique, ces "petites histoires" sont une déambulation facétieuse à travers les méandres de ce gros demi-siècle (qu’il arrête à l’an 2000 pour une raison au symbolisme évident), – ou, presque, le voyage de découverte amusé et émerveillé d’un chineur dans les rayons d’une de ces bouquineries que l’auteur évoque parfois, où l’on trouvera à coup sûr des trésors oubliés...




Et des trésors ou des trouvailles, dans ce livre, il y en a…

Moments d’anthologie pour commencer, le récit, emprunté à Christian Grenier, des débuts de la Charte des écrivains jeunesse, l’équipée héroï-comique de quatre auteurs embarqués sous la pluie dans la campagne bretonne pour des interventions en milieu scolaire, et qui s’aperçoivent qu’on est en train de les gruger, l’organisation n’étant même pas capable de payer les repas et les frais de déplacement! Autre moment, le chassé-croisé éditorial étonnant du jeune Dominique Douay, alors écrivain en herbe, entre Régine Desforges et la littérature érotique – elle le bluffe, et Gérard Klein et la science-fiction pure et dure – il le rembarre! 

Il y a encore la saga familiale d’Armand de Caro, qui, coiffeur de son état, entre comme comptable à la World Press et finit par fonder en 1949 le Fleuve Noir avec son frère et son beau-frère, après avoir découvert Jean Bruce, futur auteur d’OSS 117, Georges-Jean Arnaud et San Antonio, excusez du peu! 

C’est sur ces marges de la littérature populaire, l’espionnage, le polar, la littérature libertine (entre érotisme et porno), le paranormal, que le livre est souvent prolixe: la SF à ses débuts doit se démarquer de voisinages trop encombrants, la parution en 1960 du "Matin des magiciens" de Pauwels et Bergier et un peu plus tard de la revue Planète seront clivantes à cet égard, comme vingt ans plus tard le clash entre tenants d’une "Nouvelle SF Française" jugée d’extrême-gauche et la vieille garde franchouillarde (presque déjà "fachosphérisée") menée par Jimmy Guieu et Richard-Bessière qui plus est "soucoupistes" pour reprendre l’expression de Gérard Klein. 

Ces empoignades, comme celles aussi entre les grands directeurs de collection en bisbilles parfois pour de mesquines questions d’ego, relèvent presque d’un clochemerle du village SF. 

Il y a aussi des rappels douloureux, la folie meurtrière de Claude Cheinisse qui ne supporta pas la perte de son épouse Christine Renard et mit fin à ses jours en 1982 après avoir tué sa mère et ses deux filles, l’assassinat en 1984 de Gérard Lebovici, le fondateur des Éditions Champ Libre, le suicide de Jean-Louis Fraysse en 2011 après le décès de son épouse Marcelle Perriod (à quatre mains ils écrivaient ensemble les livres signés "Michel Grimaud").
 
"Démons et merveilles", un titre de Lovecraft plusieurs fois cité dans le livre, c’est un peu ça ces petites histoires de la SF française, de vieux démons, et des merveilles… 

Attardons-nous sur les merveilles pour finir, la longue litanie des librairies souvent éphémères fondées avec quatre sous et trois bouts de ficelle par des amateurs éclairés et un peu allumés, aux noms qui font rêver, "La Balance" - que hantaient Boris Vian ou Raymond Queneau, "L’Atome", "La Mandragore", "Les Yeux fertiles", "Pellucidar", les revues tout aussi mythiques dont parfois des collectionneurs sont prêts à payer des fortunes pour un dernier numéro imprimé mais non paru, et peut-être jamais réellement mis en page… 

Ah! ce n° 159 de Galaxies inventé de toutes pièces  dans une biblio publiée par le luxueux prozine Fantascienza et qui rendit fou le collectionneur Francis Temperville! Ah! ce numéro 38 d’Horizons du fantastique imprimé en 1976 et qui ne fut distribué chichement qu’aux participants de la Convention de SF d’Orléans en 1993! 

Et les Conventions de SF! Metz, en 1977, avec Philip K. Dick et sa fameuse conférence "Si vous pensez que ce monde est mauvais, vous devriez en voir quelques autres!", qui vit la moitié de l’auditoire quitter les lieux avant la fin face à des propos jugés incompréhensibles… Et Bordeaux en 1981, organisée par l’inénarrable Francis Valéry, une rencontre quasi surréaliste que certains n’hésitèrent pas à appeler "bordelcon"!

Ce récit vivant et foisonnant a cependant été écrit un peu à la va-vite et pâtit d’une relecture sans doute sommaire, il y a des coquilles, des redites, et, faute d’index, le lecteur se perd en conjectures, n’a-t-il pas déjà lu ça avant, mais où, mais quand (par exemple tout ce qui concerne le collectionneur Pierre Versins et sa Maison d’Ailleurs à Yverdon en Suisse)? La typographie est elle aussi aléatoire, on bascule de l’italique au romain sans doute au hasard d’un clic et sans raison apparente – mais ce n’est qu’un détail qui n’enlève rien au charme de l’ensemble, et à sa fantaisie. 

Le charme, la fantaisie, c’est bien de cela qu’il s’agit, ça correspond un peu au fameux "sense of wonder" de la SF chez nos amis anglo-saxons. Science, fiction ou fantaisie, un essai sur la SF c’est aussi de la SF.

Petites histoires de la science-fiction française – Alain Grousset – ActuSF – 507 pages – 22,90 €  - ***
François Rahier



mardi 19 août 2025

Blish rentre dans l’ombre.

Le Geek de la Bodleian Library
James Blish (1921-1975), entre Roger Bacon et Mr Spock


Cinquante ans après sa disparition en juillet 1975, seule l’intégrale des "Villes nomades" demeure disponible en librairie, en français chez Mnémos, dans la belle traduction en partie réalisée par Michel Deutsch, et, en version originale chez Orion Publishing un groupe qui appartient à Hachette. 

Cette vision du futur d’une ampleur rarement atteinte, a mis cet auteur malheureusement un peu oublié en bonne place parmi les Asimov, Heinlein, ou autres Van Vogt. Le cycle raconte comment, de 2012 à 4004, grâce à l’antigravité et à la drogue de longue vie, des villes entières quittent la Terre appauvrie et sillonnent l’espace, peuplées d’émigrants d’un nouvel âge comme les "okies" américains des années 30 auxquels l’histoire est implicitement dédiée. L’humanité va essaimer dans les étoiles, fécondant des cultures étrangères et jouant son rôle dans le développement de la grande civilisation de la Voie lactée.



C’est vrai que Blish aimait aussi l’ombre.
Étrange personnage que cet américain né en 1921, zoologiste féru d’occultisme, qui choisit de mourir à Oxford en 1975 pour se rapprocher de l’esprit de la philosophie médiévale, et dont les manuscrits sont déposés à la Bodleian Library. Son œuvre majeure, une trilogie qui emprunte son titre à un vers de T. S. Eliot, "Après pareil savoir", s’interrogeait, un peu à la manière de Goethe, sur le désir de connaissance profane et les rapports entre la science et le mal. 


Le premier volume, "Doctor Mirabilis", inédit en français, est un roman historique consacré au philosophe du XIIIe siècle Roger Bacon, que la tradition appelle le "Docteur admirable". Le second, en deux tomes réédités jadis par Presses-Pocket ("Pâques noires"/"Le lendemain du Jugement dernier"), conjugue d’une manière saisissante démonologie et science-fiction: un esthète dévoyé lâche sur Terre, un matin de Pâques, quarante-huit princes et présidents des enfers, et la Troisième Guerre mondiale éclate. 

Le troisième volume, "Un cas de conscience" (Denoël), reste le chef-d’œuvre de Blish: les sauriens intelligents que découvre le jésuite Ruiz-Sanchez sur la lointaine planète Lithia vivent heureux. A-t-on découvert un nouvel Eden préservé du péché originel, ou au contraire un piège dangereux tendu par Satan? L’apocalypse qui clôt ce livre difficile et parfois décrié révèle une amère vérité: le Dieu de Job règne sur le monde, le Dieu vengeur et jaloux de l’Ancien Testament que le jésuite découvre dans le visage des hommes torturés par la souffrance.




Ensuite, Blish rentra vraiment dans l’ombre.
Il s’était pris de passion pour le fameux feuilleton télévisé "Star Trek", retrouvant l’esprit des "Villes nomades" des débuts de son œuvre dans l’épopée stellaire du gigantesque "USS Enterprise" et de son équipage, une série de SF née dans les années lumières de la lutte pour les droits civiques aux USA et dont la richesse thématique marquera durablement le genre. 



Il novellisa les soixante-dix-neuf épisodes de la saison 1 dans une série de volumes dont l’éditeur bruxellois Claude Lefrancq avait publié une traduction aujourd’hui malheureusement épuisée – se permettant parfois de broder sa propre histoire avec "Spock doit mourir", un inédit qui se lit comme un passionnant roman d’aventures mais aussi, au deuxième degré, et avec ce qu’il faut d’humour, comme une enquête théologique: au cours d’un accident de téléportation, le célèbre vulcain Mr Spock réapparaît deux fois; "L’homme qui se rematérialise après sa première téléportation a-t-il toujours une âme immortelle"?

Blish, "après pareil savoir", était retourné aux étoiles qu’il avait promises à l’homme, avec la candeur de l’enfance et un dernier pied de nez à la raison.

Cities in flight – James Blish – Orion – 640 pages – 18,80 € (ebook 3,99 €) 
Les  Villes nomades – James Blish – Mnémos – 680 pages - 35 € - En librairie (les livres épuisés sont aisément disponibles en bouquineries)
 
François Rahier



mercredi 9 juillet 2025

L’opéra baroque de Jack Vance

 
Nos contemporains raffolent du baroque. Les grands découvreurs des temps modernes, substituant le pli et l’infinie mouvance des choses aux abstractions des philosophes, savaient déjà que l’univers était profondément baroque, shakespearien même… Jack Vance (1916-2013) aussi. 

Cet ancien marin est le plus parfait conteur qu'ait produit la SF, un peu l'égal de Stevenson ou d'Alexandre Dumas. Sa fiction très personnelle a engendré des univers à la mesure des outrances humaines. Plus préoccupé par le dire et le faire que par le savoir qu’il traite parfois légèrement, Jack Vance est un peu un ethnographe du futur.



Auteur abondamment traduit, ou réédité, en France, il n’a pas la notoriété d’un Herbert ou d’un Asimov. La coupe transversale qu’il opère dans un univers très conventionnel de space opera, figé dans le post-moyen âge d’une ère vaguement renaissante, le dédain affiché pour la technologie, sa préférence enfin pour les récits picaresques où le tragique côtoie le grotesque et la farce, l’ont mis à l’abri des tentations messianiques ou des conjectures parascientifiques. 


Durdane, mise en scène dans ces "chroniques" à la traduction soigneusement révisée, et qui regroupent trois romans publiés séparément à l’origine, "L’Homme sans Visage", "Les Paladins de la liberté" et "Asutra!", est une de ces planètes qu’affectionne Vance, un monde où coexistent de nombreux groupes humains organisés en structures sociales souvent bien opposées: au pays Shant par exemple, une communauté gouvernée par l’Anome, un tyran dont personne n’a jamais vu la face, la paix règne sur fond de terreur quotidienne: chaque individu est contrôlé par le torque explosif qu’il doit porter autour du cou dès son adolescence. 

Un jeune aventurier, fils d’une prostituée et d’un musicien errant, va chercher à percer le secret de l’Homme sans Visage. Le livre est accompagné d’une bibliographie exhaustive de plus de 35 pages due à Alain Sprauel; cette édition s’inscrit dans le cadre du projet VIE (Vance Integral Edition) initié par la famille de l’auteur: 44 volumes amenés à être progressivement traduits en français. 

Vance: une leçon de tolérance, amère et souriante, contée avec ce qu’il faut de bruit et de fureur, un positionnement atypique aussi, si on le compare à celui de sa grande contemporaine Ursula Le Guin, elle aussi créatrice d’univers de fantaisie, écoféministe plutôt classée à gauche. 

Mais le libertarianisme dont se réclame Vance, refusant à l'état le monopole de la violence, qui est l'autoroute pour le fascisme, et revendiquant pour chacun le droit de se battre pour défendre sa liberté d'agir, pour ambigu qu’il soit, diffère beaucoup de celui qui s’affiche en diatribes tonitruantes en ce moment aux États-Unis. 

Crédit @VIE



Et de toutes façons Vance, comme le  souligne dans sa postface son ami  Russell Letson, aimait à dire "qu’il  racontait simplement une histoire et  imaginait des lieux […] sans se  préoccuper de transmettre des  messages. […] Il nierait avoir eu des   idées si saugrenues, avant d’aller   jouer de son banjo".





Les Chroniques de Durdane, l’intégrale – Jack Vance - Traduit de l’anglais (États-Unis) par Patrick Dusoulier et Arlette Rosenblum – Éditions du Bélial’ - 573 pages – 26,90€ 
François Rahier



mardi 1 juillet 2025

L'Aube des super-héros


Romans, nouvelles, scénarios de BD, pendant 50 ans Edmond Hamilton (1904-1977) a œuvré pour la science-fiction, aux côtés de son épouse Leigh Brackett – qui travailla elle-même sur "Star Wars". Des origines à nos jours le space opera lui doit beaucoup, les super héros des comics également. Sous la houlette de deux bordelais, Francis Valéry et Laurent Queyssi, la revue Bifrost avait publié il y a quelques années un passionnant dossier ("Edmond Hamilton, le roi des étoiles", n° 90, avril 2018, toujours disponible), une utile piqûre de rappel pour ceux qui ignorent encore que la SF a une histoire.

Patrimoine immatériel de la culture populaire, les "pulps" ont leur collection chez le même éditeur. Ces fascicules aux couvertures criardes ont été à l’origine du space opera, et ont marqué de leur empreinte des blockbusters comme "Star Wars". Le héros-phare de cette nouvelle série est plus connu chez nous à travers son adaptation en dessin animé : "Capitaine Flam, à la rescousse!" (Toei Animation, 1978). Hamilton en écrivit la plupart des épisodes, entre 1940 et 1945, sur une idée de Mort Weisinger, futur responsable de DC Comics. 



Responsable éditorial de cette collection et traducteur déjà de sept volumes de la série, Pierre-Paul Durastanti la présente ainsi: "PULPS est un espace voué à l’Aventure. Une collection, si l’on veut, ou un label, mais plus sûrement un état d’esprit. Ce qui préside ici, c’est la science-fiction sur grand écran. Il s’agit de distraire sans se prendre au sérieux. Le sentiment est à l’émerveillement" – ce fameux "sense of wonder" de la littérature d’anticipation.



L’auteur se joue avec brio de ce que d’aucuns appelleront les poncifs du genre: mondes interdits, extra-terrestres pas toujours amènes et embrouilles en tous genres dans l’espace. Ici, autour de Curt Newton, le "Capitaine Futur", qui a tous les attributs d’un super-héros – y compris le récit des origines – on trouve un robot, un androïde, un cerveau en bocal et une belle jeune femme échappant aux clichés de l’époque. 

L’opéra de l’espace, si bien nommé, fonctionne comme les grandes machines romantiques de Hugo ou Verdi: portés par la musique ou le rythme, nous sommes moins sensibles aux invraisemblances ou aux stéréotypes. Et du rythme, il en a, ce bougre d’Hamilton!

Capitaine Futur/Le Magicien de Mars - Edmond Hamilton - Traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre-Paul Durastanti. - Pulps/Le Bélial’ - 188 pages - 18.90 € (7 volumes parus)
François Rahier



mardi 24 juin 2025

Retour sur Olaf Stapledon


Le plus formidable peut-être des créateurs d’univers sort enfin de l’ombre. Grâce au travail précieux de trois chercheurs, Simon Ayrinhac, Jean-Guillaume Lanuque et Xavier Noÿ, l’œuvre d’Olaf Stapledon (1886-1950) commence à être de nouveau accessible en français, et fait l’objet, avec ce numéro de la revue Galaxies, d’un dossier passionnant. 

Philosophe de formation, Stapledon avait eu recours assez vite à la fiction pour vulgariser ses idées. À l’époque, Virginia Woolf et Winston Churchill apprécièrent son œuvre, ce qui ne fut pas le cas de ses contemporains H.-G. Wells ou C. S. Lewis – ce dernier récemment mis en scène avec Sigmund Freud dans "Freud, la dernière confession" le film de Matthew Bown – qui s’opposèrent à lui sur la question religieuse. 




Parmi les "Universe Makers", pour reprendre le titre d’un ouvrage d’A. E. Van Vogt, Stapledon est celui qui embrasse la plus grande amplitude temporelle: si La Cité et les astres d’A. C. Clarke, par exemple, nous invite à visiter l’univers dans un milliard d’années, les célèbres frises temporelles de Stapledon nous mènent, de l’échelle de l’homme à celle du Créateur, à 500 milliards d’années dans le futur. 



Dans son étude "Science-fiction et théologie" Gérard Klein compare la vision cosmique de Stapledon à celle de Teilhard de Chardin, mettant en avant tout ce qui sépare le jésuite catholique d’un penseur influencé par le calvinisme. De telles perspectives, qui questionnent le devenir de l’humanité, posent la question de ce que l’on appelle aujourd’hui le "transhumanisme": dans le dossier, un article de Xavier Noÿ montre cependant ce qui sépare le point de vue de Stapledon de ces perspectives contemporaines. 

Dans ses romans Stapeldon propose d’autres pistes explorées par la science d’aujourd’hui: ingénierie génétique, terraformation, et la fameuse sphère de Dyson, mégastructure hypothétique située autour d’une étoile et conçue pour en capturer l’énergie à des fins industrielles, dont l’inventeur, le mathématicien américano-britannique Freeman Dyson, reconnut qu’il en devait l’idée à Stapledon. 

Un patient et minutieux travail de réappropriation de l’œuvre est en cours: la traduction de Créateur d’étoiles par Simon Ayrinhac a d’abord été publiée en autoédition avant d’être reprise par les éditions Terre de Brume à Dinan; un autre titre, Les Derniers hommes à Londres, est également disponible chez le même éditeur. D’autres suivront on l’espère.

Olaf Stapledon le visionnaire – Revue Galaxies # 90 - 191 pages – 11€ - ***
François Rahier



mardi 17 juin 2025

De mémoire d'éléphant...


Nous sommes à la fin du XXIe siècle, les éléphants sauvages d’Afrique ont disparu; avec eux les castors, le cheval d’Amérique du Nord, l’ours, le paresseux... Les grandes extinctions réduisent gravement la biodiversité. Des chercheurs russes ont pourtant réussi à cloner des mammouths avec de l’ADN issu du permafrost. 

Et là-bas, dans l’immense taïga, ils vaquent librement, reconstituant une espèce à part entière; peut-être même rétabliront-ils un écosystème disparu. C’est l’objectif. Mais pour financer cette entreprise prométhéenne, quitus est donné pour une chasse à l’ancienne à de puissants oligarques, prêts à verser des sommes colossales pour les mythiques défenses enroulées en spirale de ces pachydermes. 



C’est ici qu’intervient Damira Khismatullina, éthologue de renommée mondiale, spécialiste du comportement des éléphants, morte dans un affrontement violent avec des trafiquants d’ivoire en Afrique bien des années auparavant. Sa mémoire, numérisée avant son décès, est implantée dans le cerveau d’une matriarche mammouth susceptible de guider ses congénères, animaux quasiment créés de toutes pièces, privés de l’expérience des générations antérieures et livrés aux prédateurs. 



Comme "L’Enfant d’éléphant" du conte initiatique de Rudyard Kipling, cité en boucle dans le roman, ces éléphants tout neufs, animés d’une insatiable curiosité, vont apprendre à cogner – et ils ne vont pas s’en priver. Le canadien Ray Nayler, chercheur spécialisé dans l’observation océanique et atmosphérique, nous avait montré ses capacités d’empathie avec des intelligences extrahumaines dans La Montagne dans la mer

Ici, ce ne sont pas des poulpes dont on déchiffre le langage. C’est avec Damira, conduisant le troupeau de ses congénères, que l’on pense: "Il n’y aura plus que la neige, le mouvement éternel du groupe, la chaleur des vibrations de ses compagnons dans la terre qui se propage à travers ses os. Et elle ne sera plus qu’avec eux, et nulle part ailleurs. Ils la reconnaîtront, et elle les connaîtra".

Défense d’extinction – Ray Nayler – Traduit de l’américain par l’Épaule d’Orion – Une heure lumière/Le Bélial’ - 152 pages – 12,90€ - ***
François Rahier



mardi 10 juin 2025

Maraude cyberpunk


Néolutetia est une mégapole du futur, connectée, déjantée, au bout du rouleau déjà: façades fissurées, trottoirs jonchés de détritus, usines de composants électroniques recrachant leurs vapeurs toxiques comme la ville les humanités surnuméraires qui la hantent. 



Un décor déjà vu souvent dans le cyber, mais que l’écriture de Floriane Soulas poétise avec une grâce toute particulière, une langue tourmentée bardée de néologismes et de termes hautement techniques comme le corps de l’héroïne l’est d’implants et de prothèses. Risa est une cyborg, fruit d’expériences destinées à créer des soldats augmentés, elle va peut-être devenir le messie des enfants des rues sacrifiés comme matériau jetable. 



Née en 1989, Floriane Soulas est docteure en génie mécanique. Mais la passion qu’elle entretient depuis l’enfance pour la grande littérature romanesque du XIXe (Hugo, Zola), et les grands maîtres de la science-fiction (Asimov et Orwell), l’amène souvent à écrire…

Soma – Floriane Soulas – Le Labo/Ailleurs et demain – Robert Laffont 158 pages – 15 € - ****
François Rahier


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mardi 3 juin 2025

De "l'effet Mandela" à l'anti-téléphone




Alicia, une jeune femme de 28 ans, voit son quotidien bouleversé par l’intrusion de plus en plus pressante de faux souvenirs. Elle en parle autour d’elle, voit un psy puis un hypnothérapeute. On évoque "l’effet Mandela", cette surprenante épidémie de faux souvenirs chez des gens persuadés que le leader sud-africain était mort en prison dans les années 1980, et non en 2013 après avoir été président de la République d’Afrique du sud. 



Lors d’une séance d’hypnose, un visage, un nom surgissent. Celui d’un autre père que l’homme qu’elle avait connu. Sa mère lui confirme que son père biologique les avait effectivement abandonnées peu après sa naissance pour poursuivre d’étranges recherches. 

Ce brillant étudiant, possiblement, avait repris la conjecture einsteinienne de "l’anti-téléphone tachyonique", consistant à envoyer dans le passé des tachyons, ces particules supraluminiques qui pourraient donc remonter le temps – une expérience de pensée jamais mise en œuvre. Est-ce lui qui, d’un autre futur, essaie de communiquer avec Alicia ? Et dans quel dessein ? 

Cet étonnant roman, qui peut se lire aussi comme un thriller psychologique, est la novellisation d’un podcast en 10 épisodes, Prix Radio France de la Révélation Podcast du Paris Podcast Festival 2023, disponible sur toutes les plateformes d’écoute. Étonnant come-back de la "pièce radiophonique" devenue ensuite "dramatique radio", qui fit les beaux jours de la radio d’avant la TV, tenta des auteurs, d’Orson Welles en 1938 avec sa célèbre adaptation de La guerre des mondes d’H. G. Wells, à Samuel Beckett ou Albert Camus (ses "Silences de Paris" diffusés sur la chaîne nationale le 30 avril 1949 tentaient de capter avec ses musiques et son bruitage l’atmosphère du Paris de l’occupation), de Brecht qui en tenta la théorie ("Théorie de la radio") puis la pratique avec "Le Vol au-dessus de l’océan", au poète belge Michel de Ghelderode qui publia ses pièces écrites pour la radio dans son Théâtre d’écoute. 

Aujourd’hui, ce genre que certains jugent désuet, trouve surtout refuge sur les ondes de France Culture. D’un médium l’autre, étonnant come-back, et beau retour en grâce.

Altérée – Charly Lemega – Seuil – 361 pages – 20 € - ****
François Rahier



mardi 13 mai 2025

Mondes perdus, cités lointaines


De la Colombie des narcotrafiquants ou des FARC en voie de repentance aux forêts andines regorgeant de mythes ou de leurres, ce roman haletant, flirtant avec le fantastique et l’ésotérisme peut se lire aussi comme un guide de voyage à haut risque. 

Escorté d’un bon garde du corps, on y apprend comment déguster une "bandera paisa", le plat national, ou fumer le puro de là-bas – moins bon que le cubain, en buvant force "Vive 100". Et le rêve des cités d’or, poursuivi par les anciens conquistadors, Indiana Jones ou le colonel Fawcett qui fut son modèle, reprend les hommes. Au risque de se perdre, ou de tout perdre. 

Le livre avait été publié il y a quelques années sous le titre de "Comuna 13": haut-lieu d’une guerre urbaine qui a ravagé ce quartier de Medellin au début des années 2000, aujourd’hui symbole du renouveau de cette métropole colombienne. 





Le changement de titre rend mieux compte du projet de l’auteur: Philippe Ward, nom de plume de Philippe Laguerre, auteur de romans et nouvelles fantastiques et longtemps directeur de collection, est de longue date passionné d’archéologie fantastique et tout ce qui touche aux civilisations englouties du continent sud-américain lui tient à cœur.




Le Testament inca – Philippe Ward – Inanna éditions – 280 pages – 12€ - ***
François Rahier



mardi 6 mai 2025

Rêveurs du temps


Trois ados du collège François Pompon – ça ne s’invente pas, c’était un sculpteur connu en Côte-d’Or et plus précisément à Saulieu, où se déroule l’action –, se trouvent précipités en pleine seconde guerre mondiale et portent secours à un jeune juif poursuivi par les nazis. 




Une trame classique de récits de prescription à base mémorielle dont les éditeurs de littérature pour la jeunesse usent et abusent depuis quelques années. Oui, il s’agit bien d’un livre pour la jeunesse, court roman ou longue nouvelle sans difficulté de lecture. La seule difficulté pour de jeunes lecteurs serait celle de la découverte du quotidien d’une époque dont on parle peu en vérité. 




C’est celle aussi des personnages, bien de leur temps, une fille et deux garçons, la fille, Justine, jeune black à l’aise dans ses baskets, les garçons, Jean, gay et lecteur boulimique, et Jawed, un jeune syrien exilé avec sa famille dans ce coin de Bourgogne. 

Si la couleur de peau de Justine et l’homosexualité de Jean sont sans conséquence sur le récit, l’antisémitisme de Jawad qui compare à un moment la Shoah et la guerre d’Israël contre la Palestine aujourd’hui est longuement questionné dans l’histoire et suscite un débat intéressant entre les personnages. 

Auteur et éditeur en région, Dominik Vallet est aussi spécialiste de BD et de SF. Le sous-texte de cette histoire de voyage dans le temps abonde en références aux bandes dessinées de l’âge d’or et à la littérature de SF (les livres que Jean lit et relit). Ce sont d’ailleurs les miasmes empoisonnés échappés des pages du livre du "poète dément" Abdul Al-Hazred (emprunt manifeste à Lovecraft) imprudemment feuilletées dans un grenier qui entraînent les protagonistes dans ce voyage à rebours, un rêve peut-être, mais pas que… 

Pour les jeunes lecteurs ce voyage dans le passé est aussi une invite à redécouvrir l’histoire, l’occupation et la résistance dans le Morvan, l’héroïsme du maquis de Dun-les-Places… Contant le périple de ses héros vers la zone libre à la fin de l’histoire l’auteur égrène les noms des localités qu’ils traversent, un peu à la manière d’Aragon dans "Le Conscrit des cent villages": Mhère, Montreuillon, Aunay-en-Bazois, Rouy, Frasnay-Reugny, Thianges, La Machine, Decize

Destination zone libre – Dominik Vallet – Courts lettrages/Temps impossibles - 47 pages - 5,90 € - **
François Rahier



mardi 15 avril 2025

Cauchemars démographiques


L’engouement pour La Servante écarlate est-il un signe des temps? Le livre de Margaret Atwood, publié en 1985 et traduit en français deux ans plus tard, a été adapté au cinéma en 1990 puis en opéra et en ballet; depuis quelques années, la série TV qui en a été tirée a conforté son succès, huit millions d’exemplaires dans le monde rien que pour l’édition anglaise. De quoi faire oublier tous ses prédécesseurs en matière de dystopie, Orwell ou Huxley en tête. 

Dans leur essai de "démografiction" sous-titré "Quand la fiction anticipe l’avenir des sociétés", Jacques Véron et Jean-Marc Rohrbasser leur rendent hommage, et commencent même par la République de Platon. 

Si Atwood occupe une place d’honneur avec son livre qui raconte comment la dégradation de l’environnement réduit dramatiquement la fertilité des femmes, les deux auteurs interrogent aussi la manière dont Soleil vert, le roman de Harry Harrison et le film de Richard Fleischer, imaginent New York confrontée à la surpopulation – ou encore la vie dans des tours de mille étages (Les Monades urbaines de Robert Silverberg) ou dans des immeubles aussi profonds que hauts (avec le roman moins connu de Nina Berberova, À la mémoire de Schliemann). 

Mais la littérature générale est aussi mise à contribution, avec Les raisins de la colère de Steinbeck qui raconte une migration climatique avant la lettre, ou le roman de Laurent Gaudé Ouragan, fiction récente sur la catastrophe de l’ouragan Katrina survenue en 2005 en Louisiane. Nombre d'œuvres littéraires, bien au-delà de la science-fiction en effet, ont abordé des questions démographiques. 



On le voit l’ouvrage est touffu et le lecteur peut avoir des difficultés à suivre le propos des auteurs, tant les très nombreuses références romanesques font du livre une quasi-encyclopédie des dystopies sur la population, le vieillissement, la ville, où l’on découvre des auteurs qu’on n’attendait pas, Jean Dutourd, Jean Raspail, à droite, Simone de Beauvoir à gauche, ou encore Émile Ajar




La population en effet est bien au cœur des utopies ou des dystopies; en trop grand nombre elle questionne la natalité et le vieillissement; conjuguée aux changements climatiques elle interfère avec le problème des migrations et celui du retour des grandes pandémies. Mais le pire n’est pas toujours certain, concluent les auteurs avec un certain optimisme....

La démographie de l’extrême – Jacques Véron, Jean-Marc Rohrbasser – Cahiers libres/La découverte – 292 pages – 22 € - ****
François Rahier



mardi 8 avril 2025

Demain les robots ?


Après Karel Čapek qui inventa le mot "robot" (tiré du tchèque), Asimov qui les imagina bons grâce à ses trois lois de la robotique, Dick qui scruta leurs rêves dans Blade Runner (aussi intitulé Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques?) et tous ceux qui en ont fait la pire des choses (cf. la série des Terminator), et au moment d’une déferlante médiatique sans pareille au sujet de l’Intelligence Artificielle, une cacophonie où l’on dit tout et n’importe quoi, cette anthologie aux allures de manifeste permettra peut-être de raison garder. 

Il s’agit d’abord d’un travail s’inscrivant dans le cadre d’une recherche académique, le projet VIVERES (Vers une Industrie du Futur Verte et RESponsable) porté par l’Université de Lorraine et ICN Business School. Poursuivant le dialogue entre sciences, technique et imaginaire, ce recueil est dans la ligne d’autres ouvrages publiés par le même éditeur, Nos futurs solidaires, Travailler encore etc. 

À ce propos Ado Kyrou écrivait récemment que la "dialectique entre le monde institué et entrepreneurial et celui des arts et de la science-fiction est fructueuse si le premier accepte de se dessaisir de certaines de ses hypothèses de départ et de les mettre en question". Pour rapprocher les deux domaines, quoi de mieux et de plus inattendu qu’un atelier d’écriture de science-fiction en entreprise? 



Une grande partie des textes de fiction de cette anthologie sont nés dans cet atelier, animé par Ketty Steward. Des classiques du genre empruntés à Fritz Leiber et Sylvie Denis, des articles, des entretiens avec des spécialistes sur la robotique et ses possibles évolutions complètent ce livre, et permettent d’en savoir un peu plus par exemple sur les robots industriels, ce que l’on nomme aujourd’hui "cobots", qui ne sont pas des "amibots" ni des "collabots" …




Au boulot, les robots… - Anthologie dirigée par Stéphanie Nicot & Jean-François Stich – ActuSF – 256 pages – 19,90 € - ***
François Rahier



mardi 25 mars 2025

Quand SF et religion se tutoyaient

Dans un futur indéterminé un monde coupé en trois empires apparemment antagonistes s’unit sous la bannière d’une sorte de déisme scientiste. Rome est détruite, les derniers chrétiens persécutés, l’Antéchrist mène le bal, et l’Apocalypse, la vraie, celle de Saint Jean, conclut le livre: "Et puis ce monde passa, et toute sa gloire se changea en néant…




Cet étrange roman, écrit par Robert Hugh Benson (1871-1914), un ecclésiastique britannique converti au catholicisme, et lui-même fils d’un archevêque de Cantorbery, fut publié en 1907 au plus fort de la crise moderniste qui ébranla l’Église au début du siècle dernier. Réédité aujourd’hui par deux éditeurs français quasi en même temps, Pierre Téqui et Ephata, il jouit d’un regain de popularité, sans doute en raison d’une déclaration récente du pape François qui en recommandait la lecture. 




Ce qu’avait fait aussi Benoit XVI en son temps, et dans une tout autre perspective, nous y reviendrons.

Nous sommes donc au XXXe siècle, apparemment, car la chronologie du roman est assez floue, manquant parfois de cohérence. Le monde au début du roman est divisé entre la Confédération européenne, l’Empire d’Orient et la République américaine. L’espéranto est d’usage international – mais on reparle latin dans une Rome indépendante sur laquelle règne en autocrate le pape Jean XXIV, les États de l’Église ayant retrouvé leur intégrité. 

L’idéologie dominante mixte des fantasmes d’une autre époque, l’humanisme, la franc-maçonnerie, l’anticléricalisme, le socialisme, autant d’adversaires obsessionnels des antimodernistes que l’auteur regroupe bizarrement sous l’appellation d’"hervéisme" – du nom de Gustave Hervé (1871-1944), homme politique français bien oublié qui passa du socialisme antimilitariste au fascisme entre les deux guerres. 

Cette idéologie, matinée de déisme, sous l’égide d’un mystérieux personnage au charisme étonnant, Julien Felsenburg, va submerger le monde: de président de l’Europe, celui-ci devient vite président du monde, et une sorte de Dieu vivant auquel la terre entière va vouer un culte insensé.  

Quelques poncifs des tout débuts de la SF émaillent le livre, en vrac, villes souterraines, électricité, vaisseaux aériens à ailes articulées, comme des concessions au genre, dans un récit plutôt intimiste, se déroulant le plus souvent dans l’ambiance feutrée des milieux ecclésiastiques, ou au sein de la famille d’un dirigeant "socialiste" anglais dont l’épouse est restée secrètement catholique. 

Mais Benson fait bien partie du sérail, il a son entrée dans The Encyclopedia of Science-Fiction de Peter Nicholls, la Bible du genre: "His fiction is intensely propagandistic, and most of his short stories feature Catholic priests as central characters", écrit Nicholls, qui qualifie Le maître de la terre de "remarquable roman apocalyptique".

Le livre pâtit d’un certain nombre de défauts: ce n’est pas un roman d’action, et l’intrigue se dilue dans des considérations parfois sans intérêt, l’auteur se complaisant davantage dans la description d’une Rome désuète où l’ordre se règle "Au nom du Pape Roi", y compris par la peine de mort, avec cardinaux en calèches, pourpre et ors, que dans l’évocation de la Londres futuriste où se déroule une partie de l’histoire; enfin, la ressemblance étrange entre ces deux jeunes hommes aux cheveux blancs, protagonistes essentiels de l’histoire, que sont le président du monde Julien Felsenburg (l’Antéchrist) et le père Percy Franklin qui deviendra le dernier pape sous le nom de Sylvestre II, deux sortes de frères jumeaux, n’est jamais explicitée ni exploitée. 

À aucun moment, comme le lecteur d’aujourd’hui pourrait s’y attendre, le roman ne verse dans le thriller ésotérique version Vatican dont on a beaucoup d’exemple à notre époque (au hasard, Le Cinquième évangile de Ian Caldwell, Tenebra Roma de Donato Carrisi ou Vaticanum de J. R. Dos Santos). 

Le lecteur sera frustré aussi, tant Nazareth, où s’est réfugié le dernier pape, est proche de Megiddo, de ne pas assister à la bataille de la fin des temps que la tradition situe dans ce lieu historique (Har-Mageddon).

Reste l’apologétique en œuvre dans cette histoire…

Il semble que le pape François ait surtout retenu du livre "ce monde décrit par Benson, dans lequel il est évident qu’il faut écarter les malades et appliquer l’euthanasie, abolir les langues et les cultures nationales, pour atteindre une paix universelle qui se transforme, en réalité, en une persécution fondée sur l’imposition du consentement" (La Vie, 16 janvier 2025), un monde sans transcendance donc, qui pourrait se réclamer d’un "catholicisme sans le Christ", comme le faisait Maurras et comme le font aujourd’hui certains politiciens d’extrême-droite, un monde livré à l’hubris du transhumanisme. 

La lecture du pape émérite Benoit XVI était tout autre, comme le rapporte L’Homme nouveau (le 7 mai 2024), une publication proche des milieux traditionnalistes, et il semblait voir ce livre conforter sa vision antimoderne de l’Église catholique: "Peut-être devons-nous dire adieu à l’idée d’une Église rassemblant tous les peuples. (…) L’Église peut précisément être moderne en étant antimoderne, en s’opposant à l’opinion commune."

Volontiers mal croyante la SF compte peu d’auteurs manifestant expressément leur foi; on cite souvent Cordwainer Smith, le formidable auteur du cycle des Seigneurs de l’instrumentalité, fervent adepte de l’Église Haute Anglicane, et les deux maîtres de la fantasy, Tolkien le catholique, C. S. Lewis, l’anglican. 

Dans un article paru le 17 août 2024 sur la plateforme en ligne At Boundary’s Edge et intitulé "When Science Fiction Meets Religion", Alex Hormann compare le livre de Benson – décidément on parle beaucoup de lui en ce moment – aux Fontaines du Paradis d’Arthur C. Clarke et à Un Cas de conscience de James Blish

Cette dernière référence est intéressante. Agnostique mais fasciné par le Moyen-Âge chrétien et féru en démonologie, Blish met en scène une planète truquée gouvernée par un Satan reptilien, et, avec force détails, une Apocalypse nucléaire et johannique livrant le monde "à quarante-huit Princes et Présidents des Enfers", le tout dans un ensemble romanesque chapeauté par une biographie encore inédite en français du franciscain Roger Bacon, le "Doctor mirabilis"… 

Le maître de la terre – Robert Hugh Benson - Traduit de l’anglais par Téodor de Wyzewa – Ephata - 419 pages - 7,90€ - **

François Rahier



Auteurs

ADG Abbott Jeff Abbott Megan Abeille Jacques Abel Barbara Abraham Daniel Abtey Benoît Adam Olivier Adamson Gil Aden Thomas Adler-Olsen Jussi Adàm Anne Agacinski Sylviane Agrech David Agualusa José Eduardo Aguinaldo Silva Aichner Bernhard Ajvaz Michal Akhtar Ayad Akkouche Mouloud Alaux Jean-Pierre Alauzet Philippe Alden Rebecka Aldiss Brian Alexandre Laurent Alger Cristina Allyn Doug Alsterdal Tove Amand Patrick Ambrose David Ames Jonathan Amila Jean Amoz Claude Anderson James Anderson Kevin J. Anderson Poul Andrevon Jean-Pierre Andriat Frank Anger Kenneth Angevin David Ani Friedrich Annas Max Antoine Amélie Appers Alexandra Arbol Victor del Argemi Raùl Arion George Aristégui Marie-Claude Arlidge M.J. Arnaud G.J. Arnott Jake Arnould Jacques Arriaga Guillermo Arthur G.D. Asimov Isaac Aspe Pieter Astier Ingrid Atkins Ace Attia Maurice Aubarbier Jean-Luc Aubenque Alexis Aubert Brigitte Audic Morgan Audrain Ashley Audru Guillaume Augusto Edyr Aurousseau Nan Autet Katerina Authier Christian Axat Federico Ayerdhal Ayres Jedidiah Aziza Claude Bablon Jacques Bacigalupi Paolo Bailey Anna Bakkeid Heine Bal Olivier Ball Toby Balland Philippe Banks Iain M. Banks Russell Bannalec Jean-Luc Bannel Cédric Banville John Baoshu Barbato Paola Barbet Pierre Barclay Linwood Barde-Cabuçon Olivier Barjavel Barker Clive Baronian Jean-Baptiste Barr Nevada Barrière Michèle Barski Odile Bartelt Franz Bartoll Jean-Claude Barton Fiona Bassoff Jon Bathelot Lilian Baudin Cécile Baudou Jacques Bauer Belinda Bauwen Patrick Baxter Stephen Bayer William Beams Clare Beaufoy Simon Beaulieu Bradley P. Bec Raoul Behm Marc Beinhart Larry Bell David Bell Sarah Bellagamba Ugo Benamran Bruce Benedetti Caroline de Benotman Abdel Hafed Benson Robert Hugh Benson Stéphanie Berg Alex Bergal Gilles Bergams Stefan Bergeron Patrick Bergler Igor Bergounioux Pierre Berney Lou Berry Flynn Berry Steve Beuglet Nicolas Beukes Lauren Beutin Philippe Beverly Bill Beydoun Zaki Bialot Joseph Bilal Parker Bill Frank Bindner Christian Birkefeld Richard Bisson Terry Bizien Jean-Luc Bjork Samuel Black Benjamin Blackwood Algernon Blake James Carlos Blanc William Blanchard Christian Blanche Francis Blau Sarah Blish James Bloch Robert Block Lawrence Bofane In Koli Jean Bohler Sébastien Boireau Jacques Boissel Xavier Bollen Christopher Bonini Carlo Bonnot Xavier-Marie Bonte Benoît Boone Ezekiel Bordage Pierre Bordy Sarah Bosch Xavier Bosco Jacques-Olivier Bossi Luc Bouchard Nicolas Bouchery Sébastien Bouhier Odile Boujut Michel Boulay Bill Boulle Pierre Bouman Tom Bouquin Jérémy Bourcy Thierry Bourrel Anne Bouysse Franck Box C.J. Boyle William Brackett Leigh Bradbury Jamey Bradbury Ray Braithwaite Oyinkan Brasseur Pierre Bridenne Jean-Jacques Bronnec Thomas Brookmyre Chris Brooks-Dalton Lily Brown Eric Brown Fredric Brown Larry Browne S.G. Bruen Ken Bruet-Ferreol Jean-Denis Brun Thierry Brunet Marion Brussolo Serge Bryndza Robert Brémeault Lucie Buchanan Greg Buchholz Simone Buisson Jean-Christophe Bulteau Gwenaël Burke Alafair Burke James Lee Burke Shannon Burnet Graeme Macrae Burns Amy Jo Bussi Michel Bénita Paul Bérato Paul Cabanac Cécile Cacciatore Giacomo Cahn Debora Cahné Charlotte Caldwell Erskine Caldwell Ian Calestrémé Natacha Calligaro Maxime Calvo David Calvo Stuart Camaille Serge Camilleri Andrea Campagne Jean-Pierre Campbell Bonnie Jo Campbell John W. Camut Jérôme Canal Richard Candlish Louise Canfin Pascal Canigüz Alper Cantaloube Thomas Capron Marie Carayol Cécile Carayon Christian Card Orson Scott Cardère Éric Carey M.R. Cargnelutti Patrick Carlier Christophe Carlotto Massimo Carlsson Christoffer Carrisi Donato Carré Fabrice Carsac Francis Casey Jane Cash Wiley Caspary Vera Castanet Pierre Albert Castells Raymond Castro Joy Catani Vittorio Cavanaugh Tony Cayre Hannelore Cazaubon Bernard Celestin Ray Cerutti Fabien Cesare Adam Chabon Michael Chainas Antoine Chakkouche Soufiane Chalumeau Laurent Chamanadjian Guillaume Chamoiseau Patrick Champenois Sabrina Chan-wook Park Chandler H.S. Chandler Raymond Charine Marlène Charyn Jérôme Chattam Maxime Chaumard Isabelle Chaumeil Jean-Paul Chefdeville Chelebourg Christian Cherrière Éric Cherruau Pierre Chesterton G.K. Chevalier Chloé Chevron Michel Chiang Ted Chirovici E.O. Chmielarz Wojciech Chneiweiss Arnaud Chomarat Luc Christie Agatha Christin Pierre Christopher John Chérel Guillaume Civico Alexandre Cixin Liu Claret Alain Clark Marcia Clark Mary Higgins Claude Hervé Clavel Fabien Clerima Steven Cleveland Karen Cloche Émeric Coatmeur Jean-François Coben Harlan Cocco Giovanni Coffre Christophe Cohen Sandrine Cohen-Scali Sarah Cole Martina Coleman Reed Farrel Colin-Olivier Philippe Colize Paul Collectif Collette Sandrine Collins Michael Commère Hervé Compère Daniel Conan Doyle Arthur Conil Philippe Connelly Michael Connolly J.J. Connolly John Conrad Joseph Conrad Patrick Contrucci Jean Cook Diane Cook Robin Cook Thomas H. Copeland Johanna Coppers Toni Coquil Yvon Cordonnier Amélie Corey James S. A. Cornec Léon Correnti Dario Corry Jane Corrêa Alvim Corwin Miles Cosnay Marie Costantini Chris Costantini Roberto Couao-Zotti Florent Couderc Frédéric Coulon David Courban Alexandre Courbou Michèle Courtois Grégoire Cowper Richard Crabb Ned Crais Robert Cranor Eli Cravens Claudia Crews Harry Crichton Michael Crifo Thierry Crombie Deborah Crouzet Vincent Crumley James Crupaux Maxime Cummins Jeanine Curval Philippe D'Aoust Benjamin D'Ovidio Pierre D.J. Duclock DOA Dac Pierre Daeninckx Didier Daisne John Damasio Alain Danquigny Danü Dard Frédéric Darlton Clark Darnaudet Boris Darnaudet François Daviau Mo Davidsen Leif Davies Deborah Kay Davis Mildred Dawson Delilah S. Day Barry Day Elizabeth Day Thomas Dayau Dominique Dazieri Sandrone De Cataldo Giancarlo De la Pava Sergio Dean Will Decca Hervé Decoin Henri Dee Jonathan Defendi David Degli Antoni Piero Deighton Len Delafosse Jérôme Delahaie Patricia Delalande Arnaud Delany Samuel R. Delperdange Patrick Delteil Gérard Delwart Charly Delzongle Sonja Demaris Ovid Demeillers Timothée Demouzon Alain Demure Jean-Paul Deniger Alex Denjean Céline Depp Daniel Derey Jean-Claude Dermèze Yves Deschodt Pierre Descott Régis Desjours Ingrid Desmurger Christophe Desombre Daria Dessaint Pascal Destombes Sandrine Destremau Lionel Develde Arnaud Dhoquois Anne Di Rollo Thierry Dick Kay Dick Philip K. Dicker Joël Dierstein Benjamin Dietrich Pascale Dieudonné Adeline Dillard François-Xavier Dimberg Kelsey Rae Disch Thomas Dolan Eva Donck Matthieu Donoso José Doolittle Sean Dordor Charlotte Doronine Andreï Dos Santos J.R. Dounovetz Serguei Downey Timothy Dozois Gardner Drews Christine Druillet Philippe Dubois Jean-Paul Dubrieu Alain Duchon-Doris Jean-Christophe Dufour Catherine Dugoni Robert Dukaj Jacek Dumas Alexandre Dumeste Bertrand Dunyach Jean-Claude Dupaquier François Duplessier Nicolas Duret Alain Duvic Patrice Duvivier Claire Eastland Sam Ebersohn Wessel Echenoz Jean Edugyan Esi Edvardsson M.T. Edwardson Ake Effenhauser Ulrich Efstathiadis Minos Egan Greg Egloff Joël Ekberg Anna El Makki Laura Elgar Emily Elias Ricardo Elizarov Mikhaïl Ellis David Ellory R.J. Ellroy James Elo Elisabeth Elsberg Marc Embareck Michel Engberg Katrine Engel Amy Engh M.J. Ericsdotter Asa Eriksson Kjell Escalle Clotilde Eschbach Andreas Estleman Loren D. Evangelisti Valerio Ewa Julie Ewers Hanns Heinz Expert Jacques Fabre Cédric Fager Anders Faget Dominique Faivre-d'Arcier Jeanne Fajardie Frédéric Falk Rita Fallaras Cristina Farmer Philip José Farrell Henry Farris Peter Fast Howard Faulkner William Faust Christa Fava Claudio Favan Claire Faye Estelle Faye Lindsay Fecchio Thomas Feinmann José Pablo Feito Virginia Fel Jérémy Fernandez Marc Ferris Gordon Ferron Jacques Fesperman Dan Fields Helen Fillon Baptiste Filoche Gérard Finn A.J. Finn Patrick Michael Finney Jack Fintoni Lionel Fitch Stona Fitzek Sebastian Fitzgerald Helen Flagg Francis Fleischhauer Wolfram Flint Emma Flores Fernando A. Fogel Benjamin Fondation Larry Fontana Giorgio Foote Shelby Ford Ford Madox Forma Dominique Fortel Ava Fortin André Fouassier Éric Fournié Isabelle Fox Susi Franck Dan Franck Ty François Simon Frazier Jean Kyoung Freeling Nicolas Freeman Castle French Nicci French Tana Freu Julien Fructus Nicolas Frégni René Frémion Yves Fuller William Férey Caryl Férey Emma Féval Paul Gagnol Alain Gailey Samuel W. Gaillard Noé Gain Patrice Galhos Diniz Galien Alexandre Galina Maria Gamboa Santiago Gangemi Mimmo Gapdy J.C. Garcia Rosado Pedro Garcia-Roza Luiz Alfredo Gardinier Alain Gardner Lisa Garlini Alberto Garmany Léo Garnier Pascal Garrido Antonio Gates Tucker Gaudet Jonathan Gaudé Laurent Gault William Campbell Gauthereau Nathalie Gauthier Brigitte Gay Olivier Gay William Gazan Sissel-Jo Gechter Olivier Geffray Élodie Gely Cyril Gendron Sébastien Genefort Laurent Geni Abby Genève Max George Elizabeth Georget Philippe Gerhardsen Carin Gervais Ricky Giacobone Nicolas Giacometti Éric Gibson William Gilbers Harald Gilbert Marion Gildiner Catherine Gillio Maxime Giraudoux Giébel Karine Gloaguen Audrey Glot Claudine Glukhovsky Dmitry Glynn Alan Gobinet Pierre Godoc Philippe Goines Donald Goldberg Tod Goldsmith Martin M. Goldstein Lisa Gordon David Gordon Neil Gores Joe Gorodischer Angelica Gouiran Maurice Gour Batya Gourio Jean-Marie Gousseff Matthieu Gouézec Ronan Gowar Imogen Hermes Grahame Kenneth Gran Sara Grand Emmanuel Grangé Jean-Christophe Granotier Sylvie Grau T.E. Green Amy K. Green Norman Greenland Seth Gregory Daryl Grenier Christian Gresham William Lindsay Grey S.L. Grimes Martha Grisham John Gross Yoav Grote Paul Grousset Alain Gruber Andreas Grundmann Pierre Guay Patrick Guedea Rogelio Guez Jérémie Guieu Jimmy Guilbert Victor Guillaud-Bachet Johann Guillaume Laurent Guillaumot Christophe Guillen Rémy Guirao Patrice Guittaut Pierre Gundar-Goshen Ayelet Gustawsson Johana Guttentag Bill Guttridge Peter Guyot Gildas Guéna Pauline Guéraud Guillaume Guérif François Gélin Simone Hachmeister Göran Hackfort Hanno Haenel Yannick Haley Guy Hamilton Edmond Hamilton Ian Hamilton Peter F. Hammer Chris Hammesfahr Petra Hammett Dashiell Hamon Alain Hampson H.J. Hancock Anne Mette Hannah Sophie Hanot Pierre Haohui Zhou Haquet Charles Hara Ryo Harang Jean-Baptiste Harper Jane Harper Jordan Harrington Kent Harris Oliver Harris Robert Harrison A.S.A. 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Nghiem Cyril Nguyen Viet Than Nicol Mike Nicolas Christophe Nicot Stéphanie Niel Colin Nikitas Derek Nirvanas Paul Nisbet Jim Nogaro Jean-Louis Nolan Dominic Nolane Richard D. Nore Aslak Norek Olivier Noriega Alfredo Nougué Martine Nouis Lucien Nozière Jean-Paul Nugent Liz Nunn Kem Nutting Alissa O'Callaghan Billy O'Connell Jack O'Malley Thomas O'Neil Louise O'Sullivan Colin Oakes Andy Oates Joyce Carol Offut Chris Ohl Jean-Pierre Okorafor Nnedi Olafsson Jon Ottar Oliva Éric Olsberg Karl Olson Michael Onyebuchi Tochi Oppel Jean-Hugues Osborne J. David Oster Christian Otsiemi Janis Padura Leonardo Pagan Hugues Pagel Michel Paillard Jean-François Pair Stéphane Pajot Stéphane Palahniuk Chuck Palewska Marie Palliser Charles Palou Pedro Angel Paolini Hervé Paris B.A. Parker Robert B. Parks Alan Parot Jean-François Parry Patricia Parulskis Sigitas Parys Magdalena Patsouris David Patterson James Paulin Frédéric Pavicic Jurica Pavloff Franck Pavone Chris Peace David Peake Mervyn Peeters Benoît Pelissier Patrice Pelletier Chantal Pelot Pierre Pendown Léa Peneaud François Pennac Daniel Penny Louise Perkins Rachel Perrignon Judith Perry Anne Perry Karen Persson Giolito Malin Persson Leif GW Petit Bernard Petitmangin Laurent Petoud Wildy Petrella Angelo Petry Ann Pflüger Andreas Philippon Benoît Phillips Gin Phillips Rog Piacentini Elena Picard Mathieu Pickering Robbie Piersanti Gilda Pincio Tommaso Pines Paul Pinpin Jean-Christophe Piquet Emmanuelle Pirandello Pirozzi Gianni Pistone Pascal Plait Philip Plamondon Éric Plantagenet Anne Platini Vincent Platt Sean Ploussard Frédéric Pochoda Ivy Poe Edgar Poldelmengo Luca Polin Isabelle Portail Agathe Portero Alana S. Portes Jean-Christophe Pouchairet Pierre Pouy Jean-Bernard Poznanski Ursula Pratchett Terry Price Richard Priest Christopher Prolongeau Hubert Pronzini Bill Prudon Hervé Przybylski Stéphane Prévost Guillaume Pulixi Piergiorgio Punke Michael Purdy Graham Douglas Pyun Hye-young Pécherot Patrick Pötzsch Oliver Quadruppani Serge Queen Ellery Querbalec Émilie Quercia Boris Queyssi Laurent Quinn Cate Quint Michel Quirk Matthew Rabier Catherine Rademacher Cay Raffy Serge Ragougneau Alexis Rahier François Raizer Sébastien Rambach Anne Randall Marta Rankin Ian Raphaël Claire Rash Ron Ravelo Alexis Ravenne Jacques Ray Jean Raynal Patrick Reardon Bryan Reboussin Didier Rechenmann Guy Redondo Dolores Reig Rafael Renand Antoine Renaude Noëlle Renberg Tore Rendell Ruth Renner James Revivier Anaïs Reydi-Gramond Christophe Reynolds Alastair Reza Yasmina Ribas Rosa Rice Anne Riel Ane Roany Céline de Robecchi Alessandro Robert Gwenaële Robert-Nicoud Elie Robertson Al Robertson Kathleen Robillard Chantal Robin Yvan Robinne Éric Robinson Frank M. Robinson Jeanne Robinson Kim Stanley Robinson Todd Roch Elsa Rodriguez Raphaël Rogneby Jenny Rohrbasser Jean-Marc Rolland Tobby Rollins James Rolon Gabriel Roncaglio Santiago Rose Fabrice Rose Jeneva Rosen Leonard Rosende Mercedes Roslund et Hellström Roslund et Thunberg Ross Jacob Rotella Sebastian Roux Christian Rouz Martin Rowe Michèle Roy Lori Royer Christophe Ruaud André-François Rubenfeld Jed Ruellan André Rufin Jean-Christophe Rumeau Jean-Pierre Runcie James Rutès Sébastien Ryan Erin Kate Ryck Francis Rydahl Thomas Saadawi Ahmed Sabot Antonin Sadler Mark Sadoul Barbara Saez Carral Miguel Sagnard Arnaud Saint Victor Jacques de Saint-Joanis Thierry Sainz de la Maza Aro Sakey Markus Salabert Juana Salamé Barouk Salem Carlos Salinas George Sallis James San-Antonio Sanchez Thomas Sanders Louis Sanderson Brandon Sandlin Lisa Sands Thomas Sansom C.J. Santaki Rachid Sapkowski Andrzej Sard Hervé Sarid Yishaï Sarthor Jacques Saule Tristan Sauvagnac Nathalie Saviano Roberto Scalese Laurent Scerbanenco Giorgio Scheer K.H. Schenkel Andrea Maria Schlesser Gilles Schreiber Joe Schuiten François Schwartzbrod Alexandra Schwartzmann Jacky Schätzing Frank Sciascia Leonardo Scott James Scott Stephanie Sebban Olivier Sebhan Gilles Seethaler Robert Seghers Pierre Sehic Faruk Seigneur Olivier Selek Pinar Sen Ivan Sender Elena Senft Elena Sers Caroline Serviss Garett P. Seskis Tina Setbon Philippe Shahid Hamid Omar Shangdi Taiping Shaw William Sheldon Alice Bradley Sheridan Le Fanu Sheridan Taylor Shinozaki Erico Shoham Liad Shutterberg Anouk Sigurdardottir Lilja Sigurdardottir Yrsa Silverberg Robert Simenon Simon Chris Simonay Bernard Simonin Albert Simsolo Noël Sinisalo Johanna Sisinni Noël Sivan Isabelle Slaughter Karin Sliders Tim Slocombe Romain Smith Dan Smith JP Smith Michael Farris Smith Roger Smith Sarah Elaine Solano Thibaut Sollima Stefano Solomon Rivers Soltész Arpad Somoza José Carlos Soula Denis Soulas Floriane Soulié François-Henry Sounac Frédéric Souvira Jean-Marc Spider Spillane Mickey Spinrad Norman Spitz Jacques Spjut Stefan St Vincent Sarah St Épondyle Antoine St. Germain Justin St. John Mandel Emily Staal Eva Maria Stahl Jerry Stapledon Olaf Starr Jason Steeman Stanislas André Steiner Kurt Steinhauer Olen Sten Viveca Stevens Chevy Steward Ketty Steyer Jean-Sébastien Stich Jean-François Stock Suzanne Stokoe Matthew Stolze Pierre Straub Peter Strömberg Sara Stuart Douglas Styron William Suaudeau Julien Sudbanthad Pitchaya Suhner Laurence Sullivan Randall Sund Eric Axl Svernström Bo Swanson Peter Swierczynski Duane Swindells Robert Sylvain Dominique Szamalek Jakub Szymanski Miguel Szymiczkowa Maryla Sànchez Piñol Albert Séverac Benoît Tabachnik Maud Tackian Niko Tafforeau Jean-Luc Taillandier Denis Takano Kazuaki Tallent Gabriel Tanugi Gilbert Tassel Fabrice Taveau Olivier Taylor Alex Taylor Chris Taïeb Éliane Tchaikovsky Adrian Tchakaloff Gaël Tejpal Tarun J Temple Peter Teodorescu Bogdan Texier Nicolas Thiebault Clémentine Thill Christophe Thilliez Franck Thiéry Danielle Thomas David Thomas Donald Thomas Gilles Thomas Louis C. Thomazeau François Thompson Carlene Thompson Estelle Thompson Jim Thorarinsson Arni Tiab Ahmed Tidbeck Karin Tidhar Lavie Tiptree James Tixen Élisa Tixier Jean-Christophe Tommasi Anna Topin Tito Totth Benedek Toussaint Philippe Touverey Baptiste Tremayne S.K. Trias Fernanda Trouadec Yves Truc Olivier Trudmann Gustav Trévidic Marc Tubb E. C. Tucker Neely Tuominen Arttu Turner Allison K. Turow Scott Tuttle Lisa Tézenas Hubert Uebel Tina Un-su Kim Unsworth Cathy Vagner Yana Vallet Dominik Valéry Francis Van Moere Marie Vance Jack Vandroux Jacques Vann David Varela José Varenne Antonin Varesi Valerio Vargas Fred Varley John Vas-Deyres Natacha Vaughan Sarah Vautrin Jean Veaute C.M. Veilletet Pierre Veloce Viola Verdan Nicolas Verdet Gilles Verkine Édouard Verlanger Julia Verne Jules Vernon Luc Vian Boris Villard Marc Villareal Mariano Vincent Gilles Vindy Marie Vinson Sigolène Viola Alessio Vitkine Benoît Vix Élisa Védrenne Julien Véron Jacques Wagner Jan Costin Wahlöö Per Wainwright John Waite Urban Waites Martyn Walker Martin Walker Nico Walker Sarai Wallace Christian Wallner Michael Walter Jess Walton Dawnie Walton Jo Wambaugh Joseph Ward Philippe Ware Ruth Watkins Paul Watson S.J. Watts Peter Weber Jean Weisbecker A.C. Welinski Marc Wells H. G. Welsh Louise Westlake Donald Wetmore Elizabeth Whale Laurent Wheeler Jr Frank White Christian Whitehead Colson Whitehouse Lucie Whitmer Benjamin Wieners Annette Wiles Will Wilhelm Kate Wilhelm Marie Willeford Charles Williams Charles Williams Philip Lee Williamson Eric Miles Willmann Thomas Willocks Tim Wilms Anila Wilson Jacqueline Wilson Robert Charles Winkler Mark Winnette Colin Winslow Don Winters Ben H. 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