Avec ce livre, le suédois Hans-Ǻke Lilja, – patron de la célèbre Lilja’s Library - The World of Stephen King, le portail le plus complet et le plus consulté sur King depuis 1996 – offre un portrait du "Roi de l’Horreur" qui surprendra le lecteur en lui montrant à quel point King est plus qu’un écrivain de fantastique, mais aussi un auteur de livres pour enfants, un éditeur, un vulgarisateur, un acteur, un réalisateur et même un musicien.
Lilja est un "geek absolu" et nous livre même le détail du recueil de nouvelles que son idole publia à 13 ans avec son ami Chris Chelsey, imprimé et relié à la main à une dizaine d’exemplaires. Le fan a pu interviewer le maître à deux reprises, privilège rare, et ses deux longs entretiens inédits avec King constituent l’épine dorsale du livre.
D’anecdotes en anecdotes, sur le ton d’un bavardage amical, avec le maître comme avec son lecteur tout au long du livre, Lilja reste un peu à la surface des choses: on aurait aimé en savoir davantage par exemple sur la réflexion de King sur le Mal.
La grande affaire de King, le Mal, car ce n’est pas gratuitement, par jeu, qu’il écrit, quand même, de l’horreur. Dans un livre toujours pas traduit en français, l’américain Douglas E. Cowan ne l’appelle-t-il pas "dark theologian" (America’s Dark Theologian : The Religious Imagination of Stephen King, New York University Press, 2018)?
Certes, King, élevé dans la religion méthodiste mais non pratiquant, ne proclame pas comme James Ellroy qu’il est un écrivain chrétien, mais il dit: "Religion is a dangerous tool… but I choose to believe God exists", une dimension de sa personnalité sur laquelle on n’insiste pas assez.
Le compatriote de Lilja, le romancier suédois John Ajvide Lindqvist, signe la préface de ce petit livre et Yannick Chazareng, auteur de l’indispensable Guide Stephen King (toujours disponible dans la collection Hélios aux Nouvelles éditions ActuSF) se charge, lui d’une postface éclairante.
"Stephen King: Not Just Horror" – Hans-Ǻke Lilja – ActuSF – 196 pages – 15,90 € - **
François Rahier
François Rahier