vendredi 31 mai 2024

Le veuf saisit le vif


Ça se joue en cinq actes, avec une dramaturgie et un sens du tempo impeccables. Après une série consacrée à son héros, le capitaine Mehrlicht qui lui a valu notamment le Prix des lecteurs du livre de Poche en 2019, et un cycle de polars sous les auspices des "Furies", déesses de la vengeance, Nicolas Lebel plante son décor de tragédie dans le pénitencier Pieter Brughel où l'enfer accueille les âmes damnées.
 
Théo Pereira est un détenu dont le crime est presque accidentel. Une imprudence au volant qui a quand même provoqué la mort d'une femme. Le premier temps fort de cette tragédie nous renvoie au statut social des détenus. Théo a des diplômes littéraires, autant dire un handicap dans un univers où règne la loi de la jungle.  

"Mais ses manières, sa façon de parler, son vocabulaire n'ont pas tardé à marquer la différence, à le gratifier d'une certaine noblesse aux yeux des autres. (…) Ça en amuse certains. Ça en énerve d'autres. Le reste s'en tape, surtout les étrangers qui baragouinent un français imaginaire. Il n'y a pas de camaraderie, de copinage, de complicité possible, ici."


Pas question non plus de tourner la page: une fois par mois, Pierre Moulins, le veuf apparemment inconsolable, vient lui rendre visite au parloir pour exiger de Théo qu'il raconte les circonstances de l'accident. La même histoire à chaque fois contre la promesse d'un témoignage favorable devant la commission de libération anticipée. Théo espère une réduction de peine qui ne viendra jamais. En réalité, non seulement Pierre Moulins n'a aucun projet rédempteur pour ce pauvre Théo mais il soudoie un bourreau chargé de supplicier jour après jour sa victime. 



La tragédie avance au cœur du pénitencier restituant la vérité souvent sordide des protagonistes, matons et prisonniers. Et Nicolas Lebel nous tient en haleine avec un scénario dont le renversement de l'Acte V est un petit bijou de perversité.

Peines perdues - Nicolas Lebel – Le Masque – 249 pages – 20,90€ - **** 
Lionel Germain


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jeudi 30 mai 2024

Lignes de fuite

 


Après "Solak", roman multiprimé où la tragédie s'inscrivait dans un décor figé par la glace, Caroline Hinault nous invite au cœur de la dernière forêt primaire d'Europe. Évoquant le drame réel qui eut lieu entre la Pologne et la Biélorussie en 2011, le roman se focalise sur le destin de trois femmes. L'une, Vera, est une journaliste biélorusse en exil, la deuxième, Nina, s'est réfugiée avec son fils dans une maison forestière, et la dernière, Alma, est traquée par les militaires. 



Trois femmes sur des lignes de fuite où se concentrent les ombres et les menaces de mort. Trois femmes en quête de salut dont on partage le périple grâce à la poésie puissante de l'autrice.

Traverser les forêts - Caroline Hinault – Rouergue  - 256 pages – 21€ - ****
Lionel Germain



mercredi 29 mai 2024

Retour sur Michel Jeury: 1984, Le polar


Dans une carrière consacrée en très grande partie à la science-fiction, puis à une production romanesque influencée par l’École de Brive – romans familiaux et historiques, davantage que "régionaux", Michel Jeury (1934-2015) n’écrivit qu’un seul polar. C’était en 1984, il y a tout juste quarante ans. 

Sans doute "Les Louves debout" (Coll. Engrenage, Fleuve noir) fut-il précédé par "Mort d’un salaud", brève esquisse très noire sur fond de résistance parue en anthologie (Nouvelles 3, Julliard, 1958); sans doute également l’œuvre de Jeury s’enrichit-elle après sa mort de ce "polar 1900" dont il rêvait et que l’on a retrouvé dans ses archives (Les trois veuves, Robert Laffont, 2017); mais cette enquête rétro au pays des soyeux menée par un Sherlock Holmes en jupons relève plus du roman policier traditionnel. 



Tandis que "Les Louves debout" paraît dans une collection dédiée au "néo-polar", créée en 1979 par Alain Varoux aux éditions Jean Goujon, puis passée au Fleuve noir en 1981, qui revendiquait ainsi sa modernité à l’époque: "La violence a changé. Le polar aussi. Laissez tomber les vieux polars… Engrenage, des bouquins en prise directe sur aujourd'hui. Engrenage, l'autre face du temps présent" (cité par Claude Mesplède, Dictionnaire des littératures policières, Temps noirs/Joseph K, 2007). 


Les lecteurs habitués à l’abondante production de Jeury dans la collection "Anticipation" du Fleuve noir au même moment n’ont été ni surpris ni dépaysés par cette incursion dans un autre genre, l’action était toujours au rendez-vous, servie par une écriture parfaitement maîtrisée et sans rondeurs superflues. 

Tout au plus les lecteurs attentifs auront-ils remarqué le rôle grandissant de l’élément féminin dans ce roman, les points de vue masculin et féminin alternant, puis le féminin l’emportant, plusieurs chapitres étant rédigés à la première personne par une femme. 

On trouve ici l’annonce d’une sorte de changement de paradigme qui marquera la suite, dans les romans de terroir où les femmes jouent le premier rôle et sont souvent les narratrices – et dans le dernier SF, "May le monde" (Robert Laffont, 2010), dont le personnage principal est une petite fille. Déjà, en 1981, dans "Le Crêt de Fonbelle" (Seghers, 1981) Jeury avait donné la parole à sa mère, Claudia, dont l’influence va se faire grandissante sur son écriture. 

Mais ici, ni mères, ni épouses, ni filles, les deux jeunes "louves debout" qui mènent le bal dans cette histoire de hobereau vieillissant en lutte avec un fils tourmenté par un œdipe ravageur, sur fond de meurtre jamais élucidé, dans une région, le bergeracois, que l’auteur connaissait bien (il vivait à Issigeac à l’époque où se situe le récit), appartiennent bien à l’autre face du temps présent! 

Ce polar de 1984, écrit à un moment où l’auteur envisage de quitter la Dordogne pour le Gard, les vertes collines d’Issigeac pour la bambouseraie d’Anduze, et la SF pour le roman de terroir, marque bien une étape décisive dans son œuvre et sa carrière.

Les Louves debout - Michel Jeury - Engrenage/Fleuve noir - 184 pages (février 1984) – Prix variable (entre 3 et 7 euros) sur les sites de librairies en ligne - ****
François Rahier 



mardi 28 mai 2024

Nonne en liesse




Le retour de Priya, commissaire réunionnaise d'origine indienne associée à Ziad, son subordonné arabe, se fait comme dans le premier épisode avec une  énergie joyeuse et stimulante. Entre une démarche d'adoption, le carmel de Montmartre en scène de crime et la CIA en embuscade, on trafique de la came en "do it yourself" et on frôle le complot international. Agréable friandise littéraire.




Priya, Le silence des nonnes - Marie Capron – Viviane Hamy, Chemins nocturnes – 352 pages – 21,90€ - ***
Lionel Germain



lundi 27 mai 2024

Accident de parcours




Tout se joue dans la nuance grâce à une très lente captation de l'intériorité des personnages. Celle d'une juge d'abord. Incapable de clore un dossier où le caractère accidentel ne semble faire aucun doute, Dominique Bontet est une femme de devoir. Face à elle, un couple dévasté par la noyade de leur enfant qui a buté un soir contre un anneau d'amarrage sur la jetée du port. Fabrice Tassel prend son temps pour suivre le parcours du père dans les méandres d'une reconstitution où les raisons du drame se déconstruisent peu à peu. 



Mais l'obstination de la juge n'est jamais synonyme d'arrogance et la vérité douloureuse de l'épilogue est nimbée d'empathie et de respect. 

On dirait des hommes - Fabrice Tassel – Pocket – 264 pages – 7,70€ - *** 
Lionel Germain 



vendredi 24 mai 2024

Écran, mon bel écran


Les premiers des "influenceurs", ce sont les écrivains qui réussissent à vous convertir l'improbable en évidence. Cette Lisa, avec laquelle on va passer plus de trois cents pages, est-elle réellement ce qu'elle donne à voir? On la découvre jeune assistante médicale convaincue par une femme de suivre son plan pour atteindre le "Graal" des "instagrammeuses".


Prix polar des lecteurs du Livre de Poche avec "L'œil de Caine",  Patrick Bauwen s'est déjà amusé aux dépens de cette virtualité du monde censée remplir le vide existentiel des consommateurs avalés par la brume des écrans. Dans ce dernier roman, même si l'auteur  va déchirer le voile à la fin d'un parcours où la mécanique de l'enfumage est peu à peu démontée, on assiste entre Paris et Dubaï, à une partie de dupes aux conséquences tragiques. Improbable Lisa mais passionnante randonnée au cœur du vertige numérique.



L'influenceur - Patrick Bauwen – Albin Michel – 336 pages – 21,90€ - ***
Lionel Germain



mercredi 22 mai 2024

Cauchemars organisés


Contemporain d’Howard P. Lovecraft, David H. Keller (1880-1966) est beaucoup moins connu en France. Son œuvre de SF la plus célèbre, La Guerre du lierre, traduite chez nous par Régis Messac, n’a pas été republiée depuis 1936. 

Il se présentait volontiers comme médecin, - il était psychiatre – et écrivain amateur, et ne partageait pas l’enthousiasme scientiste qui prévalait à l’époque dans le genre: "La science, séparée du véritable humanisme, écrivait-il, devient une menace pour la société, un monstre à redouter". 



Ses histoires fantastiques, publiées souvent en revues, ont été redécouvertes grâce au travail éditorial du bordelais David Vincent, à l’enseigne de l’Arbre vengeur. Ce petit recueil reparaît dans la collection de poche "Arbuste véhément" et propose quatre nouvelles, souvent très courtes, où la plume de l’auteur américain distille l’épouvante au quotidien: l’ellipse narrative sert à merveille des récits où l’on côtoie l’horreur, où on la sent même, elle a une odeur, parfois, – sans que la raison acquiesce. 


Avec des allures d’un conte gothique, le dernier texte renouvelle l’histoire de sorcière dans une Amérique encore puritaine et lui fait un pied de nez.

La chose dans la cave et autres nouvelles - David H. Keller - Traduit de l’américain par Jacques Papy et France-Marie Watkins - Préface de Jean-Pierre Ohl -  L’Arbre vengeur - 121 pages - 8,50€ - ***
François Rahier 



vendredi 17 mai 2024

Et puis Fanny


Certains romans tiennent par la grâce d'une apparition fugitive, comme cette silhouette séduisante qu'on aperçoit faire l'ouverture d'un magasin dans lequel on ne mettra jamais les pieds. Pour Olivier Adam, elle s'appelle Fanny. Et quand elle arrive dans la salle du Café des Sports d'un petit village près du lac d'Annecy, toutes les têtes se tournent, tous les cœurs accélèrent. 



Elle a une beauté qu'on ne peut pas réduire aux canons de la mode, un magnétisme plutôt qui la rend irrésistible. Olivier Adam en fait l'héroïne éphémère d'un admirable roman choral où les personnages nous livrent de l'intérieur le questionnement qui les assaille après la mort de Fanny. Parce que Fanny, si belle, si désirable, a été assassinée un peu après la page 40. Parce qu'il va falloir près de 300 pages pour comprendre les enjeux du drame et les secrets d'une communauté où chacun a un œil sur l'autre. 


Fratrie déchirée, amants déçus, police locale impuissante et impliquée dans un réseau relationnel qui interdit une enquête sereine. "Il ne se passe jamais rien ici" et pourtant la tribu offerte en pâture au lecteur est un beau pactole romanesque. Le croisement des regards, les fausses pistes, et puis surtout, Fanny.

Il ne se passe jamais rien ici - Olivier Adam – Flammarion – 361 pages – 22€ - ***
Lionel Germain 



mercredi 15 mai 2024

Le Cosmos, Dieu et nous


Après une épidémie qui a entraîné la mort de toute espèce vivante sur Terre, et décimé la colonie martienne dont il est le seul survivant, John Renfrew attend la fin en soliloquant avec l’hologramme d’un pianiste qui ressemble à Elton John et en prenant connaissance, avec une sorte de boulimie, de l’impressionnante bibliothèque conservée dans la colonie, dont il a l’impression qu’elle contient tout le savoir humain… ou presque. 



Revenant d’une mission de routine, il meurt au volant de son buggy d’un banal accident sur une route martienne. Des aliens qui se présentent eux-mêmes comme les "Bienveillants" le ressuscitent, et répondant à son désir profond lui donnent la possibilité de devenir une sorte de dieu. Hésitant à franchir l’ultime étape, John redevient un homme – mais il a entrevu quelque chose. Pour l’exprimer il a besoin de chanter, en s’accompagnant au piano, sur un Bösendorfer.



Ce court-roman tire son origine d’un petit conte de 5000 signes, demandé à Alastair Reynolds, astrophysicien au sein de l’Agence Spatiale Européenne et l’un des auteurs de hard SF les plus doués de sa génération, par Le Courrier de l’Unesco pour son numéro de mai 2001: il est paru sous le titre "La Fresque". Ce numéro était consacré aux rapports entre Sciences et Croyances, et proposait, entre autres, un dossier sur "Dieu et le big-bang : une rencontre au sommet". 

Dans sa postface l’auteur explique les difficultés qu’il a rencontrées pour écrire une histoire aussi courte, et comment, de versions en version sa "short short story" est devenue une "novella". Le texte qui paraît aujourd’hui donne beaucoup plus d’épaisseur au personnage principal, qui n’est plus l’anonyme gardien – vraisemblablement non humain – d’un univers où toute vie est en train de s’éteindre. 

Et Elton John et son piano blanc apportent un contrepoint fictionnel bien venu au narratif d’une histoire parfois rendue complexe par des développements abstraits sur la Relativité Généralisée et la Mécanique Quantique. En prime un clin d’œil à la chanson "Rocket Man" d’Elton John (1972), qui a inspiré le biopic de 2019.  

De l’espace et du temps - Alastair Reynolds - Traduit de l’anglais (GB) par Laurent Queyssi - Une heure lumière/Le Bélial’ - 112 pages – 11,90€ - ***
François Rahier



lundi 13 mai 2024

Tristes Tropiques


La crise en Haïti (crise quasi permanente depuis la fin du règne de François Duvalier en 1971) est revenue sous les projecteurs des médias à l'occasion du dépôt de bilan de l'état régalien. C'est aussi à cette actualité sombre que nous renvoie le roman de Stéphane Pair, journaliste à France-Info et auteur d'un premier polar, "Élastique nègre", dont l'intrigue se situait aux Antilles.



Combat entre deux femmes dont l'une, Rosalie Adolphe, a été le bourreau des opposants à Papa Doc en dirigeant les tontons macoutes dans les années 70. La seconde, Sybille, qu'on découvre en 1986, est une étudiante acharnée à organiser la perte des Duvalier responsables du massacre de sa famille. Le premier personnage est inspiré de la véritable dirigeante des milices haïtiennes qui a fini sa vie aux États-Unis. 





À travers l'éclairage sur la corruption et les ravages du narcotrafic, le roman nous entraîne au cœur de cette dictature sanglante dont le naufrage du pays est la conséquence ultime. 

Furie Caraïbe – Stéphane Pair – 10/18 – 234 pages – 14,90€ - *** 
Lionel Germain



mardi 7 mai 2024

Vulgarisation scientifique et pop culture


Depuis plus de 25 ans l’astrophysicien Roland Lehoucq tient la rubrique "Scientifiction" dans le magazine Bifrost, "la revue des mondes imaginaires". Ce livre recueille dix-sept articles de vulgarisation scientifique parus au fil de toutes ces années. Comme Arthur C. Clarke qu’il cite abondamment, l’auteur pense que "la seule façon de découvrir les limites du possible, c’est de s’aventurer un peu au-delà, dans l’impossible". 



Explorant les confins de la physique et de la science-fiction, il propose de classer les impossibles: les propositions plausibles compatibles avec notre physique mais difficiles à réaliser (par exemple l’ascenseur spatial ou le voyage interstellaire), celles qui sont purement spéculatives (une vitesse qui dépasserait celle de la lumière, comme dans Star Trek) et tout ce qui viole au moins une loi de la physique (comme le voyage dans le temps). 




D’une manière très ludique il cherche à identifier les contradictions entre les descriptions de tel ou tel auteur et l’état des connaissances scientifiques actuelles, passant au crible de son étude la façon dont romans, comics trips ou films de SF fantasment sur l’invisibilité, la téléportation et les trous de vers ou l’antigravité. L’ouvrage se clôt par une savoureuse "discussion avec les anciens", Asimov, Clarke et Hal Clement, inventeur d’un curieux "monde-toupie".

Scientifiction : la physique de l’impossible - Roland Lehoucq - Parallaxe/Éditions du Bélial’ - 320 pages - 20,90€ - ***
François Rahier



lundi 6 mai 2024

Essaie de te souvenir


C'est du belge, et on adore. Flamand souvent, pétri de brume et de lueurs fantasques, le roman s'émancipe des couloirs balisés pour flirter avec le fantastique comme si le réel n'était jamais qu'une rationalisation délirante. On y croise Nadine Monfils, Caroline de Mulder, Toni Coppers, Alexandre Lous ou le cultissime Johan Daisne



Patrick Conrad appartient à cette tribu qui décline l'invitation au genre, dans les deux sens du terme: faire faux bond aux ripailles traditionnelles ou proposer un menu de rechange. De la recette originale, il nous reste le flic et le cadavre, mais ni l'un ni l'autre n'occupe la position convenable. Theo Wolf est sorti de prison après avoir été condamné pour avoir assassiné un homme suspect du viol et du meurtre de sa fille. Théo Wolf était flic, il sera dératiseur. 




Et c'est au cours de cette mission de salubrité publique qu'il tombe sur le cadavre d'une femme dans un studio de cinéma porno abandonné. Le voilà qui fait de la résistance, de la rétention de scène de crime dans ce crépuscule poussiéreux où résonne le tube de Harry Belafonte qui donne son titre au roman: "Try to remember". 

Obsédé par la victime, Théo s'enferme "à la recherche d'une chaleur résiduelle" chez cette morte qui pourrait bien avoir eu une carrière de Broadway à Anvers.

"Il eut la sensation de s'enfoncer dans des sables mouvants glacés, d'être entraîné comme dans un tourbillon au fin fond de l'horreur, jusque dans les eaux les plus profondes et les plus obscures, là où morts et vivants se réconcilient en dansant dans une nuit éternelle et poisseuse."

Une proximité envoûtante entre les vivants et les morts qui semble hanter chaque page de ce roman.

Au fin fond de décembre – Patrick Conrad – Traduit du néerlandais (Belgique) par Noëlle Michel – Actes Sud actes noirs – 288 pages – 22,50€ - *** 
Lionel Germain






vendredi 3 mai 2024

Père, fils et Cie


Coup de projecteur sur une ville de province où secrets et embrouilles de notables affleurent malgré un vernis de bienséance. Sarah Bordy nous épargne l'impression de "déjà-lu" grâce à deux enquêteurs de la gendarmerie dotés d'un volumineux sac à dos d'interrogations et de problèmes personnels à résoudre.




Au centre de leurs investigations, des lettres de menace et la tentative de suicide de l'épouse d'un homme politique. Tout s'enchaîne au fil d'une procédure "marabout-de-ficelle" très bien décrite: découverte de déchets brûlés illégalement qui amène la gendarmerie à empiler les PV. Et chaque pelure de procès-verbal nous rapproche du point de départ. 




Le roman est noir, moins dans sa critique sociale que dans l'exploration de ces "âmes sombres", celles d'un père et d'un fils proches des personnages complexes dont l'écrivain Thomas H. Cook a le secret. Un premier roman prometteur. 

Nos âmes sombres – Sarah Bordy – Éditions du Gros Caillou – 420 pages – 21€ - *** 
Lionel Germain