vendredi 26 juillet 2013

Quelques heures à tuer (avant le retour de la pluie...)




Les Aquitains peuvent continuer à découvrir les parutions récentes des "polars de l'été" tous les dimanches d'août (ou presque) dans Sud-Ouest mais "Black-Libelle" prend des congés jusqu'au 2 septembre et vous propose ce dernier coup d'œil dans le rétroviseur. Une sélection estivale que les lecteurs de moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… Bonnes vacances à tous.
 
 
Le jour se lève. Pauline chante: Une fenêtre ouverte.
 
 
 
 
 
 
 
 
7H. "Juillet. Juillet torride." Premiers mots de Mourir pour mourir. Ces Nouvelles chroniques du 87ème District vous aideront à ouvrir les volets.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
8H. Un regard sur la plage déserte avant de retrouver Les chasseurs de sable de Francis Ryck. Le temps peut-être d'effleurer le Secret qui valut un beau rôle à Trintignan.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
9H. Le café sans sucre mais noir. Noir comme le destin des personnages de Donald Goines. 170 feuillets pour dissiper le rêve d'un rebelle noir chez l'Oncle Sam.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
10H. Chez Tatie Simone, à Marseille, on les appelle Les Chapacans. Les petits mecs qui cherchent l'embrouille avec emphase et chansons de gestes. Pour les quartiers nord, Michèle Courbou vous sert de guide. Poésie avant le pastis.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
12H. Froid dans le dos mais un petit creux à l'estomac. Balade sur le terroir.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
13H. L'heure bénie des romancières à suspense. La vigilance s'estompe et Mary Higgins Clark s'empare des somnolents. Le bonheur bascule irrémédiablement dans le drame...
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
17H. Du balcon, vous contemplez la mer qui assaille les digues. C'est un nouveau cauchemar. Le Bienheureux enquête sur les magouilles immobilières du siècle futur.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
18H. "Un orage a lavé la ville de tout son sable". De livre en livre, le futur apparaît comme un désert où l'Occident s'enlise.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
19H. Reste le voyage à rebours. Retour sur soi en Corvette de nuit avec Marc Villard pour revisiter les sixties. Galère du rocker vieillissant.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La canicule a peut-être encore de belles heures devant elle. Des heures à tuer.
 
 
Le soir tombe. Pauline chante: Il fait chaud.
 
 
 
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – juillet 1994 -
 
 
 



jeudi 25 juillet 2013

Quelle chaleur!

 
 
 

 
 A Rockton (Mississipi), trou à rats où croupissent des existences blafardes, on regarde la parade de l'Orange Bowl à la télévision en rotant sa Budweiser. Snake, employé dans le garage de son père alcoolique, ruisselle de sueur en tapant sur son punching-ball tandis que Truly, petite fille de riches, couve de mauvais rêves au volant de sa Jaguar. Ces deux-là vont se rencontrer certainement pour le pire et la canicule va virer au rouge. Excellent roman d'atmosphère, "Coup de chaud" est le récit de deux destins courus d'avance, le récit d'une fatalité implacable. Comme seule la série noire nous avait habitués à en lire.
 
 
Coup de chaud - Philip Lee Williams - Traduit de l'américain par Francis Kerline - Série noire Gallimard  - réédité en Folio - **
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 1994 -
 
 
 


 

mercredi 24 juillet 2013

Avocats et associés


Il est toujours intéressant de s’arrêter sur la profession des personnages de roman. L’apparition récurrente d’une activité traduit souvent l’émergence d’une nouvelle vision du monde. Si le détective privé du roman noir américain n’est qu’une figure littéraire destinée à préserver l’indépendance du regard sur une société corrompue, l’avocat, lui, s’inscrit d’emblée dans la logique du système (américain) en s’efforçant d’apporter la preuve légale du crime. De cette position d’auxiliaire de justice qu’il occupait dans les années trente avec Perry Mason, le voilà qui passe  au premier plan. Avocat d’affaires, il rivalise avec les magnats de la finance et réside dans les mêmes quartiers.


 Bill Wyeth, le héros de Colin Harrison appartient à cette catégorie. Il n’est pas encore au sommet, même s’il habite Manhattan, même si la baby-sitter à elle seule lui pompe cent mille dollars par an. Il a une jolie femme qui lui coûte aussi une fortune et en veut toujours plus. Par exemple une grande maison en bois à Nantucket avec quinze pièces, court de tennis et piscine chauffée. Il est fier de son fils, Timothy, qui justement fête ses huit ans. Et c’est là que Colin Harrison (Manhattan Nocturne s’attardait déjà sur les lumières trompeuses de la ville) déchire le rêve glacé qui hypnotise les promeneurs de la Cinquième Avenue.



Ce soir où Bill Wyeth rentre chez lui à l’improviste pour l’anniversaire de son fils, il va involontairement provoquer la mort d’un autre gamin invité par sa femme sur ses recommandations. Dès lors, l’auteur nous fait vivre les paliers d’une déchéance incontournable. Le père de la petite victime étant l’un des plus gros banquiers lié par contrat au cabinet de Bill, il exercera une vengeance froide qui entraînera l’ancien avocat d’affaires aux limites de la clochardisation. De Manhattan à l’immeuble sordide de la 36è rue Ouest, on découvre une géographie de New-York où la stratification sociale épouse des contours bien précis.

Abandonné de sa femme, privé de son fils, interdit de travail, Bill deviendra le client de la table 17 d’un steack house géré par une femme surprenante. Et c’est là finalement que tout recommence, dans ce restaurant dont une salle, Havana Room, est le lieu d’un étrange rituel.

Havana Room - Colin Harrison - Belfond - 452 pages - 21,50€ - ****
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – janvier 2005




CAPITAL RISQUE




 Quand le New-York Times affirme que Colin Harrison "est à New-York ce que Chandler et Ellroy sont à Los Angeles", on se réjouit à l'idée de plonger dans une œuvre tragique et violente. Mais là où Ellroy multiplie les points de vue, Harrison s'attache à cerner les étapes d'une perdition. Et si Chandler utilise Marlowe comme une caméra désabusée, Harrison, lui, focalise sur la rébellion des victimes: dans ce roman, une jeune Chinoise et un pompier coalisés contre la mafia et les truqueurs de Wall Street.



La nuit descend sur Manhattan – Colin Harrison – Belfond – 380 pages – 21,50€ - *** -
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 10 mai 2009




mardi 23 juillet 2013

Racines amères

 
 
 
 
 
 
 Alexis Aubenque a déjà eu le Prix du Polar en 2009 pour "Un Automne à River falls" mais c'est le prix du roman d'aventures qu'on devrait lui décerner pour cette histoire délocalisée dans un archipel du Pacifique. Une jeune américaine abandonne le confort aseptisé de son cabinet d'avocat pour découvrir ses racines biologiques polynésiennes. Il y a les plages, le soleil et les fastes coloniaux perdus dans la jungle mais la famille est mortellement dangereuse.
 
 
 
 
Stone Island – Alexis Aubenque – Toucan noir – 440 pages – 9,90€ - **
Lionel Germain – Sud-Ouest dimanche – 21 juillet 2013
 
 
 
 

lundi 22 juillet 2013

Mémoire close





 
 
 
 C'est certainement l'une des grandes révélations du polar francophone. Le groupe d'écrivains de la Ligue de l'Imaginaire ne s'est pas trompé en lui décernant son prix pour "Un long moment de silence". Folio réédite "Back-up" qui est une virée étourdissante dans la contre-culture des années soixante, mais surtout un polar charpenté autour de l'énigme d'un homme, victime du Locked-in Syndrome, dont un kinésithérapeute apprivoise peu à peu les terribles secrets.
 
 
 
Back-up – Paul Colize – Folio Gallimard – 493 pages – 7,70€ - ***
Lionel Germain - Sud-Ouest dimanche – 21 juillet 2013




vendredi 19 juillet 2013

Raviver sa flemme

 
 
 Les nuits de Perpignan sont chaudes l'été. Cette sensation de moiteur est le fond de sauce d'une intrigue où les jeunes Hollandaises ont du souci à se faire. L'une est assassinée sur la plage, l'autre est enlevée par un mystérieux ravisseur. Une troisième agression sans conséquence contribue à désarçonner Sebag, l'enquêteur très convaincant imaginé par Philippe Georget.
 
 
 
 
 C'est un flic à l'ancienne, presque vieux, fatigué d'une routine qui le conduit tous les matins à partager avec d'autres flemmards le quotidien du commissariat. La chaleur vous trempe en quelques minutes, le moindre geste est un exploit et malgré tout, quand le tueur vous promène avec une comptine, il faut se mettre au boulot. Efficace et éminemment sympathique, "l'inspecteur" fait le job.
 
 
 
 
 
 
L'été, tous les chats s'ennuient – Philippe Georget – Jigal- 337 pages – 18€ - Pocket – 476 pages – 7,60€ - ***
Lionel Germain - d'après deux articles parus dans Sud-ouest-dimanche les 22 novembre 2009 et 24 juin 2012



 

jeudi 18 juillet 2013

Mauvais rêve

 
 
 
Si "la société pardonne souvent au criminel, elle ne pardonne jamais au rêveur". Mise en exergue, la citation d'Oscar Wilde situe parfaitement dans quel registre évolue l'auteur, que ce soit sous son nom ou sous le pseudonyme d'Alexandre Lous. Avec un savoir faire très singulier, il nous renvoie les échos d'une Belgique provinciale dont le réalisme apparent est aussi trompeur qu'une peinture de Delvaux. Les personnages s'estompent à mesure qu'ils avancent, comme ce professeur de musique soudain victime d'un terroriste halluciné qui débarque dans son pavillon et prend sa compagne en otage. Cauchemar.
 
 
L'Été est une saison morte  - Jean-Baptiste Baronian - Métailié Suites Noir – 220 pages – 6,10€ - ***
 
 
 
 

mercredi 17 juillet 2013

Danser la mort





 
 
 
 Deuxième aventure de Niels Bentzon, négociateur de la police danoise, et de l'astrophysicienne Hannah Lund, et toujours le même bonheur de lecture. Ici, c'est une danseuse qui semble décidée à se jeter du haut d'un pont. On retrouve les réflexions du Phédon sur l'existence de l'âme, les expériences de mort imminente et la trouble séduction de "Giselle", le ballet de la mort.
 
 
 
 
 
 
Le sommeil et la mort – A.J. Kazinski – Traduit du danois par Frédéric Fourreau – JC Lattès – 547 pages – 22,90 - **
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 14 juillet 2013



mardi 16 juillet 2013

Erreur judiciaire

 
 
 
 
 
 
 Sur fond de Guerre d'Espagne, à partir du journal amoureux de Julia, se déploient les événements dramatiques d'une vie brisée par une erreur judiciaire, à une époque où la peine de mort faisait tomber les dernières têtes. On pense à l'affaire Seznec mais Simone Gelin réussit aussi un beau portrait d'institutrice, celui de Julia, inspiré par "La Gloire de mon père" pour sa rencontre avec ses élèves de Provence.
 
 
 
 
 
Le journal de Julia – Simone Gélin – Anne Carrière – 320 pages – 19€ - **
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 14 juillet 2013
 
 
 
 

lundi 15 juillet 2013

Un plan d'enfer

 
 
 Malcolm Bannister, ex-avocat noir de 43 ans, purge une peine de prison pour avoir tenté de régler les affaires de Barry le Bakchich, un lobbyiste indélicat. Accusé à tort, il n'a plus qu'un objectif, retrouver l'air libre en combinant vengeance personnelle et coup de poker destiné à lui assurer le statut de témoin protégé. En contrepartie, il s'engage à livrer le nom de l'assassin de Raymond Fawcett, un juge fédéral.
 
 
 
 
 Voilà le topo à partir duquel, Grisham met au point la mécanique de précision d'un plan que le moindre grain de sable peut faire capoter. Les agents du FBI sont sur les nerfs parce que l'assassinat du juge reste inexpliqué. Autrefois porté à gauche, il a évolué en fin de carrière pour apparaître comme le soutien zélé des intérêts miniers en Virginie où subsiste un filon inexploité d'uranium qui donne des cauchemars aux écologistes. Mais seul le mobile du vol a été retenu par les enquêteurs.
 
 
 
 
 
 Alors à quoi joue Bannister et d'où tient-il ses informations? La réponse sans cesse différée vous tiendra en haleine jusqu'à la dernière page. Ce qui n'empêche pas Grisham de soigner l'arrière-plan de son intrigue et de réussir à rendre compte des humiliations ordinaires auxquelles sont soumis les détenus, noirs de préférence, de décrire avec une grande vérité cet assujettissement à la toute puissance des surveillants pénitentiaires, souvent d'anciens flics ou d'anciens militaires au palmarès peu flatteur. Dans un pays qui dépense 40 000 dollars pour un prisonnier et 8 000 pour un élève d'école primaire, l'affaire est rentable pour de longues années.
 
Le Manipulateur – John Grisham – Traduit de l'américain par Johan Fréderik Hel-Guedj – Robert Laffont – 386 pages – 21,50€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 14 juillet 2013
 
 
Lire aussi dans Sud-Ouest
 
 
 
 

vendredi 12 juillet 2013

Société anonyme




 Comme dans le célèbre roman de Marc Behm, Ayerdhal décrit la mutation du chasseur fasciné par sa proie. Une mortelle randonnée à l'ère où l'œil électronique monstrueux braqué sur la foule et capable d'isoler chacun de nous a remplacé l'image désuète du "Private Eye".
 
 
 
 Le gibier de potence dont Stephen, jeune criminologue, flaire les traces pour Interpol, est une jeune femme, Ann X, au CV criminel aussi impressionnant que sa capacité à se fondre dans l'anonymat des mégalopoles, à ne jamais fournir aux caméras de surveillance qu'un clone d'elle-même dont le souvenir s'efface de la mémoire des témoins.
 
 La transparence est au cœur de la réflexion portée par cette intrigue envoutante. A qui appartenons-nous dans une société capable de nous déposséder du moindre espace intime? Les voleurs d'images ne sont pas des collectionneurs inoffensifs. Un cartel d'officines gouvernementales cherche à s'emparer du pouvoir apparent d'ubiquité de la jeune femme.
 
 Et au moment où des silhouettes anonymes ont réussi à prendre le contrôle d'avions de ligne pour les précipiter sur les tours du World Trade Center, le livre se referme sur cette interrogation: qu'en est-il de la puissance virale des informations à partir desquelles s'organise notre perception du monde? Ayerdhal pose des questions et on peut discuter les réponses qu'elles suggèrent mais le débat reste passionnant.
 
Transparences – Ayerdhal – Livre de poche – 605 pages – 7,50€ - ***
Lionel Germain
 
 
Ayerdhal sur le site de l'éditeur Au Diable Vauvert
 
 
 
 

jeudi 11 juillet 2013

Caravane

 
 
 
 
 
 A bord du Land-Rover, l'équipage comprend sept personnes et sept raisons différentes de prendre le large à travers la Libye en guerre contre son dictateur: travailleur immigré, archéologue, médecin de Vancouver, professeur, pilote de chasse au cœur coupable et, pas forcément fatales, mais fatalement des femmes. Tito Topin nous plonge dans un maelstrom où surgissent en surimpression Vernes, Verneuil, Bob Morane et Ventura, son héros amoureux de Salima la rebelle, et le drame bien réel des Libyens.
 
 
 
 
Libyan exodus – Tito Topin – Rivages – 220 pages – 8,65€ - **
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 7 juillet 2013