vendredi 12 juillet 2013

Société anonyme




 Comme dans le célèbre roman de Marc Behm, Ayerdhal décrit la mutation du chasseur fasciné par sa proie. Une mortelle randonnée à l'ère où l'œil électronique monstrueux braqué sur la foule et capable d'isoler chacun de nous a remplacé l'image désuète du "Private Eye".
 
 
 
 Le gibier de potence dont Stephen, jeune criminologue, flaire les traces pour Interpol, est une jeune femme, Ann X, au CV criminel aussi impressionnant que sa capacité à se fondre dans l'anonymat des mégalopoles, à ne jamais fournir aux caméras de surveillance qu'un clone d'elle-même dont le souvenir s'efface de la mémoire des témoins.
 
 La transparence est au cœur de la réflexion portée par cette intrigue envoutante. A qui appartenons-nous dans une société capable de nous déposséder du moindre espace intime? Les voleurs d'images ne sont pas des collectionneurs inoffensifs. Un cartel d'officines gouvernementales cherche à s'emparer du pouvoir apparent d'ubiquité de la jeune femme.
 
 Et au moment où des silhouettes anonymes ont réussi à prendre le contrôle d'avions de ligne pour les précipiter sur les tours du World Trade Center, le livre se referme sur cette interrogation: qu'en est-il de la puissance virale des informations à partir desquelles s'organise notre perception du monde? Ayerdhal pose des questions et on peut discuter les réponses qu'elles suggèrent mais le débat reste passionnant.
 
Transparences – Ayerdhal – Livre de poche – 605 pages – 7,50€ - ***
Lionel Germain
 
 
Ayerdhal sur le site de l'éditeur Au Diable Vauvert