jeudi 27 juin 2013

Jeux d'espions




 Excepté sur le plan technologique, les jeux d'espions n'ont pas beaucoup évolué depuis les premiers romans de John LeCarré. On a vu la boussole passer de l'Est au Sud, des conflits en godillots atomiques de la guerre froide aux hommes sandwiches parfumés à la nitroglycérine des confins de l'Arabie. Et voilà que l'aiguille frétille avec insistance du côté de l'Asie orientale où les services chinois sur le pied de guerre entendent bien contrer les ambitions américaines.
 
 
 
 Dans le roman d'Olen Steinhauer, deux hommes symbolisent le combat que se livrent les superpuissances. Alan Drummond, patron d'un département des services secrets américains, les Touristes, et Xin Zhu, colonel du 6ème Bureau du Guoanbu, le service chinois. Dans "L'Issue", le précédent roman de l'auteur, on assiste au démantèlement du groupe par l'effet classique des trahisons que favorise Xin Zhu. Alan Drummond a disparu et les survivants règlent leurs comptes.
 
 
 
 Milo Weaver, le véritable héros de Steinhauer, est un de ces survivants. Père de famille soudain conscient de la fragilité de sa condition, il aimerait protéger sa fille et sa femme des représailles.
 
 On pourrait définir l'espion américain (c'est le titre original du roman) comme la résultante d'une série de compromissions instrumentalisées par une bureaucratie tentaculaire. Dans ce réseau croisé de menaces, de chantages et de fiascos administratifs, les Chinois comme autrefois les Russes n'ont rien à envier au monstre américain.
 
L'étau – Olen Steinhauer – Traduit de l'américain par Samuel Sfez – Liana Levi – 448 pages – 21€ - **
Lionel Germain