vendredi 4 octobre 2013

La Petite Fabrique de Monstres

 
 
 Si on en croit les révélations de son site internet, R.J. Ellory n'a pas trouvé un boulevard devant lui quand il s'est mis en tête de publier ses romans "américains". Les éditeurs de Londres et de New-York lui suggérèrent de se contenter d'un territoire plus modeste. Mais c'est justement cette notion d'espace que revendique Ellory. L'espace, la durée et le foisonnement des personnages dont les destins, comme ceux de "Seul le silence" vont traverser le siècle, ou dans "Vendetta" nous imposer une relecture de l'histoire du crime aux Etats-Unis.
 
 
 
 
 Le dernier roman publié en France possède d'ailleurs une structure quasi identique à celle de "Vendetta". Des meurtres en série, un flic qui patauge et un narrateur secret qui laisse entrevoir un dénouement hors normes, avec la sécurité d'état en point de mire. Ellory ne néglige rien pour captiver son lecteur. Les personnages secondaires sont traités amoureusement, l'intrigue bascule de rebondissement en rebondissement avec une précision horlogère, le point de vue n'est pas anecdotique et la vision du monde interroge de façon convaincante les problèmes de l'Empire américain.
 
 
 
 
 Reste qu'on n'y apprend rien qu'on ne sache déjà et qu'à l'inverse de James Ellroy qui réinvente la vérité historique avec rage, mauvaise foi et fureur, Ellory donne le sentiment après la lecture de trois de ses livres de n'être que le grand ingénieur de sa petite fabrique de monstres.
 
Les Anonymes – R.J. Ellory – Traduit de l'anglais par Clément Baude - Sonatine – 690 pages – 22€ -
Livre de poche - 736 pages - 8,10€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 5 décembre 2010