lundi 27 mai 2013

La mort en héritage


L'Espagne a connu l'hiver avant nous dans cette première moitié du vingtième siècle et sa saison froide a duré beaucoup plus longtemps que la nôtre. Le roman de Victor del Arbol nous ramène à cette paix armée trompeuse imposée par la dictature.
  
 

Deux femmes au cœur de la tourmente symbolisent la difficulté de solder l'héritage franquiste. La première, Isabel, a trompé son mari pour un espion du régime. Elle est arrêtée en 1941, au moment où elle fuyait au Portugal avec son fils de dix ans, Andres, le petit samouraï amoureux de sa maman. La seconde, Maria, est en 1976 une avocate contrainte de se séparer de Lorenzo, un mari violent membre des services de sécurité.
 



Alors que la dictature a basculé, un nouveau coup d'état se trame dans les premiers mois de 1981 et Lorenzo confie à son ex-femme un dossier d'où s'échappent de manière très concertée les mauvais génies du drame espagnol.
 
Si les femmes transmettent la vie, la mort moissonne avec entrain. Victor del Arbol construit des personnages dont la vérité reste intacte malgré le poids écrasant de l'Histoire. D'ailleurs, d'où vient-elle cette tristesse du samouraï? Empruntée à la double personnalité d'un guerrier japonais du XVIIème siècle qui avait peur de la mort et se prêta pourtant au rituel d'un suicide douloureux, elle accompagne la détermination du vengeur comme un symptôme d'enfance trahie.
 
La tristesse du Samouraï – Victor del Arbol – Traduit de l'espagnol par Claude Bleton – Babel noir – 475 pages – 8,70€
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 26 mai 2013
 
 
 
Cinquième titre sélectionné pour le Prix Polar Lire en poche Gradignan – Sud-Ouest 2013.
 
 
 
Lire aussi dans Sud-Ouest