jeudi 22 novembre 2012

Un cadavre dans le placard

 
 
 
 
Il faut lire l'article qu'elle publia en septembre 2003 dans Haaretz, le grand journal israélien, pour comprendre qui était Batya Gour. Cette romancière d'origine ashkénaze est morte en mai 2005 et la série noire publie le dernier épisode qu'elle consacra au commissaire Ohayon, un flic sépharade. Dans l'article de 2003, elle prenait le point de vue d'un vieil arabe palestinien contrôlé abusivement par trois jeunes soldates pleines de mépris. C'est ce point de vue de l'opprimé qui caractérise toute son œuvre et cette ultime enquête où la mort soudain rôde dans les couloirs de la première chaîne de télévision publique israélienne. Magouille des intégristes religieux, crise sociale, racisme, comme dans Meurtre sur la route de Bethléem, réédité en folio, les petits fils des pionniers généreux découvrent soudain que leur nation a un cadavre dans le placard, que ce cadavre s'appelle la Palestine, et qu'il bouge encore.

Meurtre en direct - Batya Gour - Série noire Gallimard - 426 pages - 22€
Meurtre sur la route de Bethléem - Batya Gour - Folio policier - 465 pages - 7,50€
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – avril 2006