Dernier article inédit que nous avait confié François. Tous les mardis sur les réseaux sociaux, nous publierons une de ses anciennes chroniques. Black-Libelle
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Dans un futur à la géopolitique cabossée – le Royaume-Uni post Brexit a rejoint les States qui s’immiscent dans une guerre intra-européenne entre une Scandinavie socialiste et des états consuméristes – une petite escouade est envoyée au-delà de la ligne de front récupérer un soldat perdu, et sans doute très important, un "Héritier".
Nous reconnaissons bien sûr ici le pitch du film de Steven Spielberg "Il faut sauver le soldat Ryan". Mais nous ne sommes plus en 39-45, et ces simples soldats – un peu "augmentés" quand même -, sont de la chair à canon, des "petits, [des] obscurs, [des] sans grades", comme le dit Rostand dans L’Aiglon.
La gloire sur le terrain revient à des chevaliers des temps futurs, que l’auteur appelle des "Scions" en anglais ou des "Héritiers" en français, que le titre original désigne comme des "Ironclads" et la traduction comme des "Cuirassés". Des gamins bourrés de fric qui s’amusent comme des petits fous, nichés au creux de gigantesques et onéreuses machines de guerre humanoïdes, et que leurs papa-maman veulent récupérer s’ils ont été un peu trop loin? Pas si simple que ça quand même, l’intrigue est complexe et pleine de leurres.
Les "Mechas" comme on les appelle aujourd’hui sont apparus au Japon dans les années 1970 avec la vague du manga et de l’anime, "Goldorak" au tout premier chef. Et la SF militaire japonaise aujourd’hui leur fait une place importante. Mais on retrouve ces exosquelettes guerriers un peu partout, au cinéma en particulier, depuis "Aliens", le retour, avec celui qu’emprunte Ripley pour combattre le monstre, ou la franchise des "Avatar" de James Cameron, dont le 3e opus sort sur les écrans le 17 décembre - et également dans l’univers de la BD ou du gaming.
Tchaikovsky est anglais et a été révélé par "Dans la toile du temps" en 2018, une histoire de colonies spatiales où l’hypothèse de la terraformation rejoint celle du transhumanisme. Amateur de SF militaire il avait imaginé plus tard, dans "Chiens de guerre" le soldat augmenté idéal, des chiens, des ours, pourquoi pas des abeilles, tous biomorphes, générés par des programmes informatiques, connectés – et surarmés. Le livre adoptait le point de vue du chien. Ici c’est un sergent-chef qui parle, un sergent-chef à la Heinlein, qui ne s’en laisse pas conter, gouailleur et fidèle. "Chef, oui chef".
Cuirassés – Adrian Tchaikovsky – Traduit de l’anglais par Laurent Queyssi - Le Bélial’ – 151 pages – 12,90 €
François Rahier
François Rahier
