Juliette est une femme bien sûr, et pourtant si on y regarde de plus près, l'héroïne de Thierry Brun fait jeu égal avec les mâles alpha. Pas au sens vertigineux qu'on trouve désormais sur la Toile où l'extrême droite revendique sa masculinité toxique, mais dans la maîtrise et la réappropriation d'un univers largement peuplé d'hommes.
Juliette a été dans l'armée, puis garde du corps, puis embauchée par un homme d'affaires sulfureux. Les histoires de Juliette finissent mal, en général. "… elle s'est démenée, adolescente, pour ne pas ressembler à l'homme qui vivait sous le même toit qu'elle. Son père. Celui qui traînait son spleen du soir au matin."
Thierry Brun passe de l'air du temps au souffle intérieur de ses personnages, du plan large où s'ébroue la détresse contemporaine au zoom intime sur cette "mercenaire" dont la modernité appartient pourtant au patrimoine universel du roman noir. Idéal pour les nuits sans sommeil.
Juliette - Thierry Brun – Kubik éditions – 272 pages – 18,50€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain