mercredi 29 août 2018

Fausse route de l'espoir



Dans les polars de l'été, il n'est pas interdit de se ménager des pauses où le divertissement prend en compte l'actualité la plus brûlante sans aucun jeu de mots. Les héros imaginés par Sebastian Rotella présentent ce délicieux profil d'aventuriers et de débroussailleurs du réel. Vincent Pescatore est un enquêteur sous contrat pour les Américains. Ancien flic de la Patrouille frontalière, il est désormais à son compte pour le département de la Sécurité intérieure. Avec le journaliste Mendez, il s'attaque à la pieuvre exploitant la détresse des migrants de la frontière mexicaine à la baie de Naples. Un bon décryptage des fausses routes de l'espoir.



Trafiquants et associés – Sebastian Rotella – Liana Levi – Traduit de l'américain par Françoise Bouillot – Liana Levi – 360 pages – 21€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 5 août 2018



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mardi 28 août 2018

Vers un homme nouveau




Le roman de Kazuaki Takano nous mène par le bout des nerfs du bureau ovale américain, où le Président est informé d'une menace pour la survie de l'humanité, au cœur de l'Afrique en compagnie d'un commando des Forces spéciales, en passant par le laboratoire d'un jeune Japonais contraint à une course contre la montre pour trouver le remède miracle d'une maladie orpheline. Évitez la 4ème de couverture trop bavarde. Le suspense n'est que l'atout partiel d'un réquisitoire brillant contre l'indifférence complice des Occidentaux envers les seigneurs de guerre africains doublé d'un constat désabusé sur les pulsions qui mènent le monde.




Génocides – Kazuaki Takano – traduit du japonais par Jean-Baptiste Flamin – Presses de la Cité – 750 pages – 23€ - ****
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 29 juillet 201



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lundi 27 août 2018

Fiction meurtrière



"C'est aussi une belle mise en abyme de votre métier. Vous, la romancière, qui raconte l'histoire d'un écrivain, Arpageon, qui raconte l'histoire d'un écrivain, Kajak Moebius. Et tous ces personnages imbriqués sont à l'évidence torturés.




La romancière à laquelle s'adresse la remarque s'appelle Léane. Sous le nom de plume d'Enaël Miraure, elle est un homme qui règne sur le thriller. Mais sa vie privée est un véritable cauchemar, digne d'un roman écrit par le dernier maillon de la chaîne, l'auteur du fameux "manuscrit inachevé" dont le fils propose une fin. Malgré les indices, Franck Thilliez nous perd avec malice dans les couloirs de sa petite boutique des horreurs où sont recyclées toutes les diableries du genre. 





Le manuscrit inachevé – Franck Thillez – Fleuve noir – 528 pages – 21,90€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 22 juillet 2018



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samedi 25 août 2018

Train d'enfer



Dans ce roman paru en 1967 sous le numéro 1136 de la Série noire, Marcel Duhamel avait cru bon de préciser dans un avant-propos qu'il s'agissait d'un ouvrage "insaisissable, impossible à cataloguer". Deux cent cinquante pages avec en point d'orgue le viol et le meurtre d'une fillette par un narrateur maniaque et bavard dont le style ne rappelle que vaguement le phrasé éblouissant de Céline.




Les diatribes du psychopathe mêlent un anticléricalisme et une critique de l'ordre social qui en font paradoxalement une œuvre "culte", régulièrement redécouverte par les promoteurs de la laïcité à géométrie variable. Ici, le criminel se défausse sur l'hypocrisie et la pornographie permanente. Si personne ne niera que le coupable est souvent du bon côté du confessionnal, à quoi sert le plaidoyer du bourreau?






Londres-Express – Peter Loughran – Série noire Gallimard 1136 (1967) – réédité en octobre 1988 et en 2001 en Folio - *
Lionel Germain







vendredi 24 août 2018

Fille de l'air


La belle Laura a disparu. A 31 ans, elle était sur le point de terminer son premier roman. Mais peut-on vraiment rechercher une femme qui semble avoir joué les filles de l'air volontairement? 




Du portrait croisé que nous propose Andrea Camilleri, c'est bien une fille de l'air qui surgit comme un souffle tantôt brûlant tantôt glacé. Souvent possédée par le "ghibli", un vent venu du désert, elle est réputée pour ses changements d'humeur. Ce joli roman ouvre une fenêtre sur le tableau de Fra Angelico. Marie-Madeleine y tend la main au Christ ressuscité qui lui dit: "ne me touche pas". Faux polar mais véritable hommage au destin d'une femme libre. 




Noli me tangere – Andrea Camilleri – Traduit de l'italien par Serge Quadruppani – Métailié – 144 pages – 15€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 15 juillet 2018



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jeudi 23 août 2018

Des singes et des hommes





De remake en suites ou en préquelles, et d’un blockbuster l’autre, on finit par oublier qu’il y a eu un roman paru sous ce titre, français qui plus est, en 1963, cinq ans avant le chef d’œuvre de Franklin J. Schaffner où s’illustra Charlton Heston. Conte philosophique maniant le paradoxe et tout plein de seconds degrés le livre inspira le film qui n’en fit qu’une lecture partielle. Sa redécouverte s’impose donc en ces jours de rentrée.





La Planète des singes - Pierre Boulle – Pocket - 192 pages – 4,30€ - ****
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 10 septembre 2017




Un privé du futur





Grand créateur d’univers devant l’Éternel, Vance a tâté du polar quelquefois. Ici, il installe son enquêteur galactique, détective madré et philosophe, dans deux de ces mondes dont il a le secret: exotisme déroutant, humanités bigarrées et questionnement anthropologique sur l’altérité. Le crime est-il ce qui réunit les hommes? Un petit cycle de novellas réuni pour la première fois en intégrale.





Miro Hetzel - Jack Vance - Traductions révisées par Pierre-Paul Durastanti - Le Bélial’ - 246 pages - 20€ - ***
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 4 juin 2017




mercredi 22 août 2018

Dernière saison






Quatrième et dernière saison pour "Brooklyn Paradis", la série de Chris Simon où l'on retrouve un coktail assez inédit en littérature. La famille du jeune Cameron Burden va tenter de résoudre l'avalanche de problèmes provoquée par un canapé farceur, garni de drogue et convoité par les mafieux. Une intrigue nerveuse, pleine d'humour, à savourer sur écran ou en version papier à glisser dans le sac de plage.





Brooklyn paradis saison 4 – Chris Simon – version papier sur le site de l'auteure "chrisimon.com" – 132 pages – 12€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 1er juillet 2018




Une tuile pour l'huître






Une jeune apprentie détective, Camille Sauvageau, sans lien de parenté avec le botaniste, fouine dans les marges de l'enquête menée par un flic bordelais. Lui a tâté du cuir ovale sur les pelouses de La Teste-de-Buch et s'affaire autour des parcs à huîtres menacés par la spéculation. Un premier roman vigoureux par un auteur à suivre. 






Meurtre sur le Bassin – Bertrand Dumeste – Geste Noir – 448 pages – 12,90€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 1er juillet 2018




mardi 21 août 2018

Défaite foraine





On y tourne en rond avec des arrière-pensées maussades. C'est le pays des majorités silencieuses où les pavillons hébergent les corps meurtris par le travail. Marion Brunet raconte le pas de deux, initiatique et sensuel, de Jo et Céline, deux sœurs, deux adolescentes dont les rêves se nourrissent des frayeurs nocturnes de la fête foraine. Le malheur se noue à l'épreuve du réel quand les corps se trouvent et se perdent. 





L'été circulaire – Marion Brunet – Albin Michel – 266 pages – 18€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 1er juillet 2018








lundi 20 août 2018

Stop fatal







Goldsmith a écrit beaucoup de nouvelles et a fait une carrière de scénariste avant de mourir à Los Angeles en 1994. Comme beaucoup d'écrivains de cette période, son univers est noir, sans happy end. "Détour", c'est l'histoire d'un type qui n'aurait jamais dû faire de stop. Un enchaînement de malédictions sur ce cul-de-sac de l'enfer auquel mène la route de la Cité des Anges.





Détour – Martin M. Goldsmith – Traduit de l'américain par Simon Baril – Rivages – 270 pages – 6,90€ - ***
Lionel Germain




Deux poings, c'est tout






Jérémie Guez le dit dans sa préface. Dannie M. Martin, ancien taulard, fait penser à Bunker. Mais un Bunker bourré d'espoir. À sa sortie de prison, Bill Malone affronte les embrouilles de Fresno. Pour les beaux yeux d'une patronne de motel, le gros dur accepte son destin d'homme de plonge et ne distribue les torgnoles qu'en légitime défense. Deux poings, c'est tout. Et le bonheur en point de mire.






L'Homme de plonge – Dannie M. Martin – Traduit de l'américain par Jean-François Le Ruyet – 10/18 – 312 pages – 7,50€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 8 juillet 2018



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