mercredi 31 janvier 2018

Jalousie





Un détective privé recherche une jeune fille disparue depuis douze ans. On est dans une ancienne république soviétique en proie aux troubles entre ordre ancien et ordre nouveau mais c'est avant tout l'histoire d'un lien pathologique entre un héros dont la jalousie est le moteur principal et une jeune fille sur le point de se suicider. Une variation sur le thème du privé en quête de sens. Étonnant et poétique.





Dans les eaux troubles – Neil Jordan – Traduit de l'anglais par Florence Lévy-Paolini – Joelle Losfeld – 274 pages – 22€ - *** 
Lionel Germain




Allumez le feu!





Les bûchers du XVIIème Siècle ne se sont pas tous allumés pour des raisons religieuses. Si quelque part dans la Bible, on invite à ne pas "écouter la magicienne", les hommes ont toujours su s'emparer de la malédiction pour renforcer leur pouvoir. La capitaine Nadia Barka démêle les mystères de ces femmes assassinées dans la France d'aujourd'hui avec les stigmates de l'Inquisition. Sorcières, dossier brûlant. 






Le sceau des sorcières – Jacques Vandroux – Robert Laffont – 560 pages – 20€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 14 janvier 2018




mardi 30 janvier 2018

A(n)nus horribilis





Les temps sont durs pour Karl Kane. Et ses hémorroïdes ne sont qu'un moindre mal. Le temps qui passe est un facteur aggravant pour les mauvais souvenirs. Son adversaire du jour est un ami d'enfance qui prospère sur la cruauté la plus abjecte. Sam Millar n'est pas amateur d'ellipses. Ce qui aurait statut d'outrance ailleurs s'impose chez lui à la faveur d'un style direct et plein d'humour.






Au scalpel – Sam Millar – Traduit de l'anglais par Patrick Raynal – Seuil – 288 pages – 20€ - *** 
Lionel Germain




Le goût d'ailleurs



Que pourrait-on reprocher à Michel Bussi? Il est certainement l'un des meilleurs élèves de la classe polar, option "suspense". Ce département de la littérature délivre de nombreux prix d'excellence, et Michel Bussi qui en a raflé près d'une quinzaine pour moins de dix romans publiés pourrait bien monter sur le podium une fois de plus.




L'Afrique, les migrants, l'industrie criminelle des passeurs et des profiteurs en tous genres, l'obstination et la rage de survivre loin du destin crasseux auquel sont condamnés les enfants des nations subsahariennes. Trois jours pour comprendre ce goût d'ailleurs qui précipitent Leyli et sa tribu sur des rivages parfois aussi meurtriers que ceux du pays d'origine. Tempo d'enfer sur une mélodie obsédante qui nous tient tête jusqu'à la dernière page. 





On la trouvait plutôt jolie – Michel Bussi – Presses de la Cité – 462 pages – 21,90€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 31 décembre 2017




lundi 29 janvier 2018

Vieux espions





Dickie Bowe a été un espion à l'époque où Berlin était la ville de tous les frissons. L'époque où l'on filochait en trench coat et chapeau mou, où le parapluie était bulgare et la blonde vénéneuse. À l'heure des drones et du triomphe des puces électroniques, qui pourrait bien en vouloir à un agent débranché depuis le réchauffement climatique et la belle mort de la guerre froide? Incursion dans le monde d'avant la fin du communisme, écrit d'une plume acide, voilà un revival du meilleur de l'espionnage littéraire.




Les lions sont morts – Mick Herron – Traduit de l'anglais par Samuel Sfez – Actes Sud – 352 pages – 22,80€ - ***
Lionel Germain




Sacs de noeuds





Philippe Marlin est un inspecteur de police au nom chandlérien. Dans cette France de 1966, il fréquente des clubs de St Germain, caresse un chat baptisé Duke et punaise le portrait de Miles Davis. C'est véritablement "A kind of Blue" que ressuscite Xavier Boissel. La France s'est donné un général qui lui a épargné le déshonneur mais dans le drapeau de la Résistance nichent des hommes de sac et de corde. Un excellent flashback. 






Avant l'aube – Xavier Boissel – 10/18 – 312 pages – 7,50€ - *** 
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 17 décembre 2017



"A kind of Blue"







vendredi 26 janvier 2018

Sévices de presse







Le polar contemporain ne manque pas de fouineurs titulaires d'une carte de presse. Journalisme et polar, c'est le thème de l'Indic. On y retrouve les interviews de romanciers journalistes comme Bogdan Teodorescu, publié chez Agullo, et Cathy Unsworth, auteure de "Zarbi" chez Rivages. Critiques de livres et même de BO avec Emeric Cloche qui nous invite à réécouter Jerry Goldsmith, le compositeur de "Chinatown". Indispensable.



L'Indic N°31 – Association Fondu Au Noir – 48 pages – 7€ - *** 
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 31 décembre 2017








jeudi 25 janvier 2018

Dernière station avant l'aube





Le chaos rampant, du côté russe. Après la "der des der", l’humanité décimée s’est réfugiée dans les métros. La surface est la proie d’horreurs mutantes. Un jeune stalker – souvenir de Tarkovsky – s’aventure au dehors et va de rencontre en rencontre. Le must du post-apo nous vient de l’est, une saga déjà traduite en 20 langues et adaptée en jeu vidéo. "Metro 2033" et "2034" ressortent au même moment en Livre de poche.




Metro 2035 - Dmitry Glukhovsky – Traduit du russe par Denis E. Savine - L’Atalante – 608 pages – 27€ - ***
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 2 avril 2017




Le Bon, la Brute et le Bouffon






Dans le chaos meurtrier et chauffé à blanc de l’Irak tel que nous l’avons façonné depuis 20 ans, des baroudeurs ordinaires se mettent en quête d’un trésor perdu dans le désert. Il y a l’ex-tortionnaire, le GI bouffon, des héros, des salauds, de vrais psychopathes aussi, et le génie du mal qui s’invite à la fête. Un inventaire à la Prévert savoureux et tonique!





Bagdad, la grande évasion! - Saad Z. Hossain – Traduit de l’anglais (Bangladesh) par Jean-François Le Ruyet - Agullo – 373 pages – 22€ - ****
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 2 avril 2017




mercredi 24 janvier 2018

Délicate et saine




Claude Amoz, romancière sous pseudonyme, aimerait échapper à la dictature des biographes qui détricotent l'œuvre pour qu'elle rentre en conformité avec la vie de l'auteure. Et pourtant même derrière le masque androgyne de sa signature, elle n'a cessé de proposer des personnages au flou délibéré. Depuis "Le caveau", Grand Prix du Roman policier (Sang D'Encre) en 1997, elle montre des hommes et des femmes criblés de dettes mémorielles, comme cette vieille Maïa dans "La Découronnée", déambulant avec ses fantômes dans une ville de la Vallée du Rhône. Passionnant et d'une grande justesse psychologique.



La Découronnée – Claude Amoz – Rivages – 232 pages – 19€ - ****
Lionel Germain




Vilains princes du G.A.L.






Journaliste passé par "l'huma" et l'AFP, Jean Weber est désormais correspondant pour Sud-Ouest. Son héros, Bertrand Boswell, est un pigiste chargé de comprendre le burn-out apparent du PDG d'un grand groupe de Com. Analyse perfide du mélange des genres entre information et manipulation, le roman remet en lumière les pratiques criminelles du GAL dans les années noires du terrorisme basque.






Les ombres d'Euzkadi – Jean Weber – Lemieux éditeur – 216 pages – 18€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 24 décembre 2017




mardi 23 janvier 2018

Jeux de famille






Dans la famille Hampton, demandez la fille, Elizabeth. Vingt-six ans, des études d'histoire et l'apprentissage de son indépendance loin de ce qui reste du cocon familial. David Bell plante le décor et ne rate rien du portrait de groupe quand survient le drame. Qui a tué la mère d'Elizabeth, une charmante vieille dame? Quels rôles ont joués le fils trisomique et cet oncle Paul dont les histoires ne semblent pas très belles? Suspense généalogique.





Ne reviens jamais – David Bell – Traduit de l'américain par Claire-Marie Clévy – Actes Sud – 368 pages – 22,80€ - ***
Lionel Germain




La force du préjugé






Y-a-t-il un cauchemar plus terrible pour une mère que de se réveiller un matin en constatant la disparition de ses deux très jeunes enfants? Inspiré d'un "True Crime" de 1965, ce premier roman explore les conséquences d'un préjugé qui conduira le personnage réinventé de Ruth Malone derrière les barreaux. Trop belle, trop séduisante et condamnée sans preuve, la fiction lui accorde une deuxième chance.





La face cachée de Ruth Malone – Emma Flint – Traduit de l'anglais par Hélène Amalric – Fleuve noir – 428 pages – 20,90€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 7 janvier 2018




lundi 22 janvier 2018

Polar ambré






Piedad a beau avoir un nom béni de Dieu, quand elle dérape, elle envoie les autres en enfer. Sous pression, polar ambré.

Attends-moi au ciel – Carlos Salem – Traduit de l'espagnol par Judith Vernant – Actes Sud – 336 pages – 22€ - ***
Lionel Germain



Sur le site de d'éditeur




Blanchir la viande






Odile Bouhier s'est associée à Thierry Marx pour mitonner un velouté mortel à déguster entre Paris et Tokyo. Le commandant Achille Simméo, enfant adopté par une famille mafieuse, expie ce crime inaugural en enquêtant sur les cousins japonais. Prenez garde avant de vous mettre à table, de la cuisine moléculaire aux chambres froides des yakuzas, ce polar érudit ne manque pas de sel.




On ne meurt pas la bouche pleine – Odile Bouhier et Thierry Marx – Sang Neuf – 352 pages – 18€ - réédition pocket 2018 - 320 pages - 6,95€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 10 décembre 2017



Dorade à la japonaise de Thierry Marx







vendredi 19 janvier 2018

Fraternité menaçante



"En taule, tout le monde aime le foot. Les délinquants, c'est clair: avec l'excuse du jeu viril, ils peuvent taper les matons sans le payer. Les flics aiment ça pour la même raison. Le foot attire même les détenus politiques, qui peuvent assister au spectacle des deux âmes du prolétariat, celui qui a les menottes au poignet et celui qui a les clés, en train de fraterniser à grands coups de poing."




Kadhafi, le foot et moi – Luca Masali – Traduit de l'italien par Serge Quadruppani – Métailié – 336 pages – 21€ - ***



Sur le site de l'éditeur



Collabos en cinq actes



Voilà le roman de l'incertitude, de la période charnière entre deux mondes, l'un où le mépris a triomphé, et l'autre, à peine une aube blafarde, où s'organisent les partisans d'un nouveau contrat national. Le dramaturge Alexis Ragougneau confie le rôle d'éclaireur à Niels Rasmussen, résistant danois d'origine française. Il découvre le sens de son engagement dans les bras de Sarah, jeune Juive animatrice d'un réseau de passage en Suède en 1943.






Avec Niels, de retour à Paris pour comprendre le basculement de son ami François Canonnier, homme de théâtre comme lui, amoureux de Shakespeare et accusé d'intelligence avec l'ennemi, Alexis Ragougneau questionne les déterminismes à l'œuvre dans le renoncement et la reddition d'une partie de la jeunesse française face à la collaboration.





Les surprises du Paris culturel de l'Occupation nous cueillent aux portes du théâtre Sarah Bernhardt dont les Allemands avaient effacé le nom juif. Désormais théâtre de la Cité, il hébergera "Les Mouches" en 1943. Sartre éclusa quelques coupes de Champagne avec les officiers Allemands pendant qu'un peu plus loin, à la Comédie française, Montherlant et Claudel tenaient l'affiche. Montherlant eut à rendre des comptes mais l'épuration épargna Claudel.

Qu'en est-il de ce François Canonnier auquel Rasmussen tente d'éviter la peine de mort? Comment cet intellectuel brillant a-t-il pu dénoncer les Juifs de son immeuble et produire un discours de haine? Comment chacun de nous peut-il un jour se fourvoyer dans des impasses? Le jeu de masques dont Michel Audiard s'est rendu coupable et qu'on semble découvrir aujourd'hui fait étrangement écho au déploiement de ce drame en cinq actes.  

Niels – Alexis Ragougneau – Viviane Hamy – 360 pages – 20€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 3 décembre 2017




jeudi 18 janvier 2018

La stade ultime du capitalisme






La tradition italienne de l’utopie critique remonte à Campanella, elle est presque aussi ancienne que l’anglo-saxonne; la SF italienne intègre cette dimension. Ce roman riche et touffu évoque un monde où règnent la technique et l’argent roi, et un esclavage redevenu légal. Des phénomènes physiques inexpliqués viennent remettre en question cet ordre des choses. Spécialiste de l’imaginaire, l’auteur est né en 1940.





Le cinquième principe  - Vittorio Catani – Traduit de l’italien par Jacques Barbéri - La Volte – 564 pages – 22€ - ****
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 12 novembre 2017




Sauvez nos âmes






Écrit dans les marges du roman de Stoker, ce livre imagine le voyage du navire maudit qui a transporté Dracula de Varna jusqu’au port de Whitby en Angleterre. Véritable poème en prose fortement teinté d’érotisme homosexuel, le journal du capitaine retrouvé dans une bouteille conte la dérive hallucinée d’un équipage hanté par le désir et par la mort et hésitant sur son salut.






La Glace et le sel  - Traduit de l’espagnol (Mexique) par  Sébastien Rutés -José Luis Zárate – Exofictions/Actes sud – 167  pages – 15,80€ - ****
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 2 avril 2017




mercredi 17 janvier 2018

Pour leurs beaux yeux




Brock Callahan, ancien joueur de football américain est un détective privé de la "deuxième génération". Héritier d'une fortune colossale à la mort de son oncle, le "hard-boiled" pourrait se ramollir dans les salons de la bonne société mais Callahan n'est pas fait de ce bois là. Une charmante grand-mère, un peu marginale l'embauche pour retrouver la fille d'une de ses amies disparue dans des conditions mystérieuses. On savait déjà qu'une instance supérieure au fric faisait s'agiter malgré eux les privés de l'âge d'or. Les millions de dollars n'empêcheront donc pas Callahan de répondre présent à l'appel de la veuve et de l'orphelin. 




Le méchant samaritain – William Campbell Gault – Série noire Gallimard de 1984 – 278 pages – autour de 6€ - **
Lionel Germain




Mourez jeunesse!






Traducteur hongrois de Bret Easton Ellis, Benedek Totth noircit le tableau d'un pays qui sème encore le doute dans la conscience européenne. Ces jeunes psychopathes obsédés par le sexe méchant, les drogues improbables et le rock sidérurgique ne sont pourtant que les héritiers du vide-grenier consumériste. Ils se heurtent aux parois du bocal avec une violence suicidaire. Mourez jeunesse.






Comme des rats morts – Benedek Totth – Traduit du hongrois par Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba – Actes Sud – 256 pages – 21,80€ - ****
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 3 décembre 2017




mardi 16 janvier 2018

Bijoux de famille royale




Plus chanceux que le Bernie Rhodenbar de Lawrence Block, plus magistral que le Parker de Richard Stark, Igor, le héros de Monsour, ancien champion d'échecs venu du glacis stalinien de l'Est, scintille dans tous les sens du terme. Pour dérober les Joyaux de la Couronne d'Angleterre, on exige une mécanique de précision dans laquelle les seconds rôles sont d'une importance capitale. Monsour les a dépeints avec minutie. Pressenti pour faire carrière, Igor sévira une dernière fois dans "Le Rembrandt d'Amsterdam" en 1985. 




Les joyaux de la Couronne – Jean Monsour – Engrenage de 1984 – 250 pages – autour de 3€ - **
Lionel Germain




Mon beau Miroir/Bonjour Google



Quel comportement adoptera la voiture intelligente le jour où elle devra choisir entre sacrifier son "conducteur" ou les piétons égarés sur la route? La réponse à cette question nourrit l'intrigue imaginée par Karl Olsberg. En prenant la place de son propriétaire, le "Mirror" s'autonomise au point de contrer ses désirs. Mais loin de l'essai rébarbatif, cette mise en garde à toutes les qualités d'un polar passionnant. 
LG - ***




La puissance d’un smartphone aujourd’hui est équivalente à celle de l’ordinateur le plus rapide au monde il y a 20 ans. Les lunettes intelligentes de cette fiction sont peut-être à l’horizon de la prochaine décennie; elles verront et décideront ce qui est bon pour nous. L’auteur de ce cyberthriller met en garde autant qu’il informe: notre problème, ce n’est pas la technologie, mais l’usage que nous en faisons.
FR - ****

Mirror – Karl Olsberg – Traduit de l'allemand par Johannes Honigmann – J. Chambon – 352 pages – 22,80€ -
Lionel Germain/François Rahier (Sud-Ouest-dimanche - 2017)




lundi 15 janvier 2018

Bouc et misère



Francis est un jeune homme qui n'a pas de bol. Pour échapper à sa grand-mère, aux crochets de laquelle il traîne son adolescence prolongée, il se fait embaucher à Montargis par un dresseur de chiens. Il découvre rapidement qu'il n'a pas la vocation pour se faire mordre les mollets et se fait recueillir par de vagues parents, des Thénardier sans scrupules.




Des amis de cette famille de vautours, des maquereaux de la vieille école (pastis et dix de der), s'aperçoivent de ses talents de ouistiti et l'invitent à s'introduire dans les villas bourgeoises. Entre temps, il rencontre la petite Lulu, la Cosette du vétérinaire. Il a trouvé une partenaire pour partager sa haine féroce des chiens. Une haine qui conduira les deux pigeons à y laisser des plumes. 





Dans cette histoire dont le titre fait écho à une vieille légende du XIVe siècle, on trouve donc un joli bestiaire, chiens, vautours, maquereaux, singe et pigeons. Aucun bouc cependant, mais beaucoup de misère. 


Le chien de Montargis – Jean Amila – Série noire n°1930 de 1983 – 179 pages – autour de 5€ - ** 
Lionel Germain




Démone






Karin Slaughter est la créatrice de plusieurs séries policières dont celle avec Will Trent, flic du GBI basé à Atlanta en Géorgie. Ce huitième épisode permet de découvrir pleinement l'univers de l'auteure américaine, best-seller aux États-Unis. Angie est la femme de Will. Ancienne flic et malédiction amoureuse, elle est soupçonnée de meurtre dans ce roman sur les violences faites aux femmes.






Angie – Karin Slaughter – Traduit de l'américain par Emmanuel Plisson – Harper Collins noir – 572 pages – 20,90€ - **
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 14 janvier 2018




vendredi 12 janvier 2018

Un écart de conduite



Ethan Green est un bon chirurgien, tellement honnête que son patron à Tel-Aviv l'a exilé dans le désert pour qu'il cesse de contrarier ses petits arrangements avec la morale. C'est la validité et la pertinence de ce sens moral que l'auteure israélienne soumet à l'épreuve d'une expérience ultime. 





Un soir, après une journée harassante à l'hôpital, Ethan fonce avec son 4x4 et renverse un homme qu'il abandonne pour mort. Le lendemain, une femme se présente chez lui, elle s'appelle Sirkitt, émigrée clandestine et témoin de l'accident qui a coûté la vie à son mari. Contre la promesse de ne rien révéler, elle contraint Ethan à devenir le médecin des Africains en situation irrégulière. 






Là où l'affaire se complique, c'est que la femme d'Ethan est flic. La voici chargée de l'enquête sur la mort de cet Érythréen au cours de laquelle un jeune bédouin trafiquant de voiture pointe son nez dans la procédure. Le coupable a désormais un profil idéal pour endosser le premier crime.

Malgré son "écart de conduite", Ethan peut-il être accusé d'avoir tué un fantôme? A partir de cette singularité romanesque, Ayelet Gundar-Goshen élargit le champ des culpabilités, donnant à voir une société où coexistent deux mondes, celui des dominants israéliens s'aveuglant sur la certitude de ne plus rien devoir à l'autre monde, celui des dominés. Et le crime littéraire est parfait. 

Réveiller les lions – Ayelet Gundar-Goshen – Traduit de l'hébreu par Laurence Sendrowicz – Presses de la Cité – 414 pages – 22,50€ - ****
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 26 novembre 2017




Vent d'Ouest





Les hommes perdus sont les héros du roman noir. Celui de Marin Ledun est un vétéran de la guerre d'Algérie, confiné dans le souvenir d'un amour brisé par l'atrocité du conflit colonial. On retrouve le décor du Sud-Ouest esquissé dans "En douce". La tempête apocalyptique projette les hommes les uns contre les autres. Petits braqueurs, truands, les comptes vont se régler au tribunal du vent d'ouest. Bruit et fureur.






Ils ont voulu nous civiliser – Marin Ledun – Flammarion – 226 pages – 19€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 26 novembre 2017




jeudi 11 janvier 2018

Expérience de pensée






La nouvelle qui donne son titre au recueil est un bon exemple d’une des facettes les plus intéressantes de l’anticipation: la fiction spéculative. Peu importe qu’il y ait d’autres planètes habitées ou pas, rien n’empêche d’imaginer Lagash et ses dix soleils, et ce qui arriverait le jour d’une éclipse totale. Une réflexion brillante sur la banale peur du noir. Et du grand, du très grand Asimov. 





Quand les ténèbres viendront - Isaac Asimov – Traduit de l’américain par Simone Hilling  - Folio SF/Gallimard – 704 pages – 9,80€ - ***
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 12 novembre 2017




Apocalypse en approche rapide





Debbie Fevertown est-elle un serial killer comme les autres, ou LA tueuse d’extraterrestres? Jillian Caine, qui prépare un biopic sur cette meurtrière hors norme, va découvrir les Envahisseurs Clandestins aux Yeux de Mouche, autrement dit les ECYMs, et basculer dans un de ces mondes déjantés dont Brussolo a le secret. Chic planète! À la fin on retrouve presque avec soulagement la police des frontières, et l’Iron Tortilla, le mur Mexique – USA…





Les Geôliers  - Serge Brussolo – Folio SF/Gallimard – 489 pages – 8,80€ - ****
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 26 mars 2017




mercredi 10 janvier 2018

Qui paie le Karcher?



Une petite ville anglaise, ses braves gens, ses flics et ses truands. Chacun sait jusqu'où l'autre est capable d'aller, et "la vie va", comme on dit. La rupture s'opère après la condamnation de Lennox, un policier accusé d'un meurtre commis pendant son service. À sa sortie de prison, trois ans plus tard, il s'aperçoit que sa ville n'est plus la même.





La violence accrue pourrait-elle s'expliquer par l'impuissance relative des flics? La réponse de Lennox, c'est l'organisation d'une milice. Bientôt soumise à toutes les manipulations, l'entreprise devient une machine infernale. Moralité: avant de vouloir "karchériser la racaille", demandez-vous qui paie le karcher.   






La milice des fous – John Wainwright – Série noire Gallimard n° 1955 publiée en 1984 – 243 pages – à partir de 3€ sur les sites de vente en ligne - **
Lionel Germain




Route de nuit






Les chemins de la liberté sont les seuls qui vaillent d'être arpentés. Michael Farris Smith est comparé à Cormac McCarthy, mais si les deux défrichent des routes ténébreuses, Smith est un cueilleur de lumière. "Desperation Road" porte des âmes brisées en quête d'une lueur dans la nuit. Sans se soumettre à la paresse d'une fin heureuse, la force de la rédemption éclaire l'œuvre.




Nulle part sur la terre – Michael Farris Smith – Traduit de l'américain par Pierre Demarty – Sonatine – 362 pages – 21€ - ****
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 7 janvier 2018




mardi 9 janvier 2018

Se faire la belle







Un prisonnier s'est échappé lors d'un transfert. En compagnie d'un comparse apeuré, il va revenir dans la petite ville où il a passé une enfance pauvre et humiliante. Règlement de comptes cruel, ce roman est aussi une peinture sans complaisance du pays profond.






"Par-delà les frontières, les seule lois étaient celles que dictait l'instinct de conservation. Et c'est ça, Danny, qui t'a causé tous tes ennuis: les lois. Comme tu ne peux pas les comprendre, tu les combats. Un de ces jours, elles te mettront dans un sale pétrin."




Le Dératé – William Fuller – Traduit de l'américain par J.P. Saro et M. Flury – Série noire Gallimard 351 de 1957 – 247 pages – 5€ à 8€ - **
Lionel Germain








Disparition inquiétante





Le suspense exige la sobriété. Il serait criminel de trop en dire en feignant de louer les qualités d'une intrigue comme celle imaginée par J.S. Monroe. Un jeune homme est persuadé que la jeune fille qu'il aime ne s'est pas suicidée comme le prétend la version officielle. Son intuition devient une certitude quand il reçoit un premier message de détresse. C'est bien écrit. Ça tient la route. Et ça fait peur.





Trouvez-moi – J.S Monroe – Traduit de l'anglais par Benoîte Dauvergne – Icity – 356 pages – 19,90€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 7 janvier 2018




lundi 8 janvier 2018

Moite et crépusculaire






L'inspecteur Fusco travaille à la brigade des stupéfiants. C'est un flic pourri qui opère pour la mafia dans un roman "hard-boiled" forcément "moite et crépusculaire". 








"Norman Smith s'arrêta sous l'enseigne au néon multicolore du Bamba. La porte était entr'ouverte. Everybody rock, moan and cry… gémissait le bastringue. Norman extirpa un mouchoir de sa poche revolver et épongea son visage moite et congestionné. Il faisait sombre à l'intérieur du bar. Trop sombre pour juger de la qualité des entraîneuses."





Tout le monde descend – Ovid Demaris – Traduit de l'américain par Henri Robillot - Série noire Gallimard 396 de 1957 – 184 pages – environ 6€ - **
Lionel Germain