dimanche 23 juillet 2017

Flocon manquant



"Comme je savais à peu près chanter, que ma voix n'était pas trop discordante, Madame m'a mis au travail dès le lendemain. Elle m'a fait fabriquer un costume par Maria de las Nieves à partir d'un trois-pièces d'homme récupéré je ne sais où et d'une robe à volants que Maria a bien voulu sacrifier pour moi. Je me suis retrouvé à danser tous les soirs chez Madame, habillé moitié-homme, moitié-femme. Ça faisait hurler de rire les messieurs et ça m'a permis d'entrer direct dans le métier. Deux ou trois fois par semaine, moi aussi, je montais en chambre. Soixante-dix pour cent pour Madame, le couvert, le gîte, trente pour cent pour moi. Et drogue pour tous. Sans opium, ça m'aurait été difficile d'offrir mon petit cul de fille à ces messieurs."




L'invention de la neige – Anne Bourrel – Pocket – 264 pages – 6,95€ - ***




Sur le site de l'éditeur


La critique de Yan sur le site "encoredunoir"




Bouffées de chaleur






Disparitions en cascade, deux hommes à Madrid, un à Paris, une femme à Buenos Aires. On retrouve leurs cadavres mutilés et assez rapidement le point commun qui les rassemble: les ombres de l'opération Condor dans les années 1970 et 1980. Les dictatures sud-américaines délivrent quelques bouffées de chaleur, séquelles fatales aux survivants de la résistance armée. Une nouvelle enquête du journaliste Diego Martin.





Guérilla social club – Marc Fernandez – Préludes – 288 pages – 15,60€ - **
Lionel Germain




samedi 22 juillet 2017

La peste à Bordeaux



Dominique Faget hésite entre deux destins littéraires, celui d'auteure de polar et celui d'auteure de romans historiques. Comme dans "Celui qui ne meurt jamais" où elle retrouvait avec maîtrise les échos lointains d'une odyssée africaine, elle nous propose avec cette "Crypte du diable" de voyager jusqu'au dix-septième siècle dans le Bordeaux du bord de la Devèze. Fabrizzio, un peintre amoureux de Catherine, une jeune fille au-dessus de sa condition, va nous servir de guide au cœur d'une année terrible pour la ville.



A chaque fois, Dominique Faget rajoute une dimension contemporaine à ses récits, le fameux polar destiné à servir de passeport vers un passé qui n'en finirait pas de produire des effets à travers le temps. La restitution admirable du vieux Bordeaux de 1628 suffit pourtant au bonheur du lecteur. Quand Fabrizzio vient chercher Catherine chez son père, Étienne Chantecaille, la maison infestée est une antichambre de l'enfer où pourrit le corps boursouflé du propriétaire des lieux. 




La peste se répand dans Bordeaux. On découvre les origines historiques du mal, on se perd à proximité des quais dans le bruissement de tous les petits métiers qui ont fait la richesse de la ville, on frissonne dans les ruelles maussades d'avant les rêves de splendeur de Tourny, et c'est passionnant.

La crypte du diable – Dominique Faget – Vents salés – 388 pages – 21€ - ***
Lionel Germain




Dérapage du contrôle



L'impensable pour chacun de nous, c'est ce qui arrive pourtant quotidiennement, drame personnel, décès d'un proche, cancer rebaptisé "longue maladie" pour échapper à l'écho funèbre des deux syllabes, ou comme Sarah, l'héroïne d'Elsa Marpeau, pilote de rallye victime d'une sortie de route, la découverte brutale que la vie après l'accident n'aura plus aucun rapport avec la vie d'avant. La mort de son équipier, le coma et enfin deux mois plus tard l'annonce de sa paraplégie, autant de jalons pour baliser l'inconcevable. "Handicapée: avant, c'était pour les autres". La voilà désormais condamnée à se réjouir d'être en vie parmi les "corps brisés" d'un centre de rééducation. On y prône l'optimisme, ça va de soi. Surtout quand on est debout et en blouse blanche.




Comme dans "Les yeux des morts" ou "L'Expatriée", Elsa Marpeau se focalise sur l'intériorité, pas seulement les chemins de traverse du langage qui confluent depuis l'inconscient pour faire sonner le mentir vrai de l'homme éveillé, mais la réalité physique du corps masqué, "la vaste tuyauterie" dont elle exhibe "la machinerie putride". Entre fascination et répulsion, elle traque le désordre organique à l'œuvre dans le théâtre des belles manières.




Les nouvelles amies de Sarah, Clémence à l'esprit fragile et Louane l'ado rebelle, ont toutes ce petit "moins" tragique les condamnant au meilleur d'elles-mêmes ne serait-ce que pour équilibrer les échanges avec l'extérieur. Clémence vit dans la douleur la séparation avec son fils. "Tandis que le monde agonise", elle peint, redonne au monde la magie d'une aurore oubliée. Louane bouffonne, renvoie les adultes au conformisme absurde de leur vie. Et Sarah, consumée dans l'impatience d'un mauvais dérapage, découvre la puissance insoupçonnée de l'immobile, l'intelligence fécondée par l'ennui.

Le polar installe facilement ses contraintes sur le socle d'un fait divers réel. Quand Clémence disparait, Sarah ne croit pas à la fugue de sa voisine de chambre. Le médecin du centre hospitalier a une aura négative et la rumeur laisse planer le soupçon sur d'autres disparitions. Le lieu lui-même génère une inquiétude que les rebondissements amplifient avant de faire basculer l'intrigue bien au-delà du suspense psychologique. Dans ce roman, noir comme l'enfer auquel il emprunte sa troisième partie dantesque, Elsa Marpeau dissèque les tumeurs de l'âme, le vertige cruel d'une humanité précipitée dans les ténèbres du dernier cercle.

Les corps brisés – Elsa Marpeau – Série noire Gallimard – 236 pages – 19€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 25 juin 2017




vendredi 21 juillet 2017

Faux talbins



"Le vent affolait le figuier dans la cour carrelée. Il s'était levé entre Zinder et Agadès, avait traversé le Hoggar, soulevé les sables du Tanezrouft et de l'Erg Chèche, dessiné des mirages au bout des horizons, s'était enfiévré dans les oasis brûlantes, avait franchi l'Atlas, réchauffé la Méditerranée et maintenant, il étincelait de rage devant le Ventoux, mugissait dans les orgues de Montmirail et déposait des poignées de sable d'or dérobé au désert sur les feuilles du figuier, tendues comme des mains ouvertes à l'offrande de ses ancêtres africains."





Dans cette affaire de faux billets organisée par un truand en cavale, Tito Topin met en scène une galerie de personnages, gendarmes en folie, femme méchamment fatale, dont la dinguerie s'accompagne d'une bonne ration d'hémoglobine. Écrit à cent à l'heure avec férocité et invention.








Honey-Money – Tito Topin – Série noire Gallimard – 224 pages – environ 4€ sur les sites de vente en ligne - ***
Lionel Germain




Charlie le dingue



Charly est de retour. Le Charly de "Cognac Blues", tueur à fleur de peau, une humeur de tambour qui pulse en voix-off sur un coulis d'estuaire. Royan, au premier jour du livre, se fige dans le souvenir lifté du mythe californien, le "Paradise City" des derniers Chase, un trou perdu qui sent la naphtaline et les enveloppes de gros billets glissés sous la table des conseils municipaux. Une ville où le maire enchaîne les mandats, où un appel d'offres pour un complexe immobilier attire les promoteurs et les intermédiaires. 



Charly le dingue rempile au service de Véroncle, le maître du racket. Avec lui, on taxe et on brise les doigts des mauvais payeurs. Charly est un faux taiseux dont la voix intérieure est un lamento de tragédie grecque. Seul, privé de sa petite fille, et amoureux des vagues sur lesquelles il glisse avec sa planche, le tueur est plein d'une colère froide contre lui-même, hanté par la cohorte de ses victimes. Véroncle le manipule pour qu'il espionne une femme fatale belle et dépravée. 




On meurt beaucoup autour de lui. C'est la constante macabre d'un genre auquel David Patsouris n'emprunte que la trame pour délivrer son "flow" obsédant. Anaphores et phrases nominales essorent l'intrigue et au bout du "conte" abandonnent Charly le Dingue au creux de la vague, comme une silhouette sur fond de soleil couchant.    

Ainsi débute la chasse – David Patsouris – Rouergue noir – 184 pages – 17,80€ - **
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 9 juillet 2017




jeudi 20 juillet 2017

Percées vers un ailleurs






Première incursion de l’auteur hors des cycles-mondes de la SF et de la fantasy, ce court roman en forme de colin-maillard temporel propose, au-delà d’une intrigue un peu convenue et imposée par le genre (elle est d’ici, il est d’ailleurs, de bien loin dans le temps), une méditation bouleversante sur la souffrance et la maladie, la mort et, sinon l’immortalité, une possible rédemption. La résilience aussi d’un auteur blessé par la vie.





Échos dans le temps - Pierre Bordage – J’ai lu – 187 pages – 6€ - ***
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 5 mars 2017




Premier contact






La sortie du film de Denis Villeneuve donne l’occasion de relire cet ensemble de nouvelles très "hard science" paru chez nous il y a 10 ans. L’auteur, informaticien de son état, fait son miel d’insolites conjectures et nous aide à changer notre regard sur le monde. Ce qui arrive à cette linguiste réputée, dont le premier contact avec les aliens va bouleverser le quotidien.






La Tour de Babylone - Ted Chiang – Traduit de l’américain par Pierre-Paul Durastanti et Jean-Pierre Pugi - Folio SF/Gallimard – 406 pages – 8,20€ - ****
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 15 janvier 2017




mercredi 19 juillet 2017

Femme de meute





Comme dans les films hollywoodiens, on retrouve la jeune femme assassinée au pied de la table dressée pour un dîner en amoureux. Et pour la brigade criminelle de Dublin, c'est justement l'amoureux le coupable. Seule femme au milieu d'une meute de flics hostiles, l'inspectrice Antoinette Conway fait valoir ses droits de fouineuse, décidée à porter la contradiction. Une dure-à-cuire très convaincante. 






L'invité sans visage – Tana French – Traduit de l'anglais par Aude Gwendoline – Calmann Lévy – 560 pages – 21,90€ - **
Lionel Germain




Les montagnards sont las





Premier roman qui tranche avec les héros "philosophes" du polar espagnol pour s'inscrire dans un courant plus traditionnel. Une disparition de fillettes et la réapparition de l'une d'elles cinq ans plus tard composent la trame de l'enquête menée par un couple de policiers que tout sépare. Mais le vrai sujet du livre, c'est l'écrasant décor de ce mont perdu, les Pyrénées et les personnages secrets qu'on y découvre.






Monteperdido – Augustin Martinez – Traduit de l'espagnol par Claude Bleton – Actes Sud – 480 pages – 23€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 9 juillet 2017




mardi 18 juillet 2017

Liberté conditionnelle





On pardonne beaucoup à un flic capable de vous chanter du Michel Delpech. Celui de Philippe Hauret est attachant comme d'ailleurs les autres personnages de cette petite ville de banlieue qu'on croirait en liberté conditionnelle entre délinquance ordinaire et racisme destructeur. Il y revient l'écho des romans d'Ed McBain où méchant flic et bon flic se font face. Comme parfois dans la vraie vie.





Que Dieu me pardonne – Philippe Hauret – Jigal – 208 pages – 18€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 2 juillet 2017




Monte-en-l'air







Portée par une énergie redoutable, la série noire d'Ingrid Astier balaie tous les registres du roman populaire. Tout commence la nuit, par l'attaque d'un convoi de personnalités saoudiennes en visite à Paris. Les échecs, la boxe, et cette haute voltige du Gecko, personnage qui part à l'assaut des monuments de Paris, électrisent l'intrigue autour de l'œuvre d'Enki Bilal. Un roman fleuve aux remous sombres.





Haute voltige – Ingrid Astier – Série noire Gallimard – 602 pages – 21€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 9 juillet 2017




lundi 17 juillet 2017

Requins d'Orfèvres






Franck Thilliez célèbre le retour de son couple fétiche, Lucie et Sharko, deux vedettes de la "crime", canal historique du Quai des Orfèvres. Lucie s'est mise dans de sales draps en voulant rendre service. Obligé de maquiller une scène de crime pour défendre sa belle, Sharko affronte avec elle les menaces planétaires provoquées par une recherche dévoyée. C'est du lourd, c'est du gore, mais le scénario catastrophe est efficace.






Sharko – Franck Thilliez – Fleuve noir – 576 pages – 21,90€ - **
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 25 juin 2017




À dormir debout





Ce qui fait la grande force de Franck Thilliez, c'est son innocence et la sympathie qu'il inspire. Mais alors, où va-t-il chercher tout ça? Où va-t-il puiser l'énergie mauvaise de ses intrigues? La psychologue Abigaël, victime de narcolepsie, rêve-t-elle ou vit-elle toutes les horreurs qui lui "arrivent"? Et si Franck Thilliez est innocent, le vrai coupable, accroc aux secrets cachés derrière la porte, ne serait-ce pas vous, ami lecteur?





Rêver – Franck Thilliez – Pocket – 656 pages – 8,50€ - ***
Lionel Germain




jeudi 13 juillet 2017

Grands anciens






Entre Barjavel, Curval ou Jeury, Spitz fait partie du petit groupe d’écrivains qui manifestent la permanence d’une tradition française de la science-fiction. Polytechnicien, auteur de romans et de nouvelles, son cynisme jubilatoire  évoque l’air du temps surréaliste, mais puise aussi aux sources du genre, le conte philosophique. Cet essai, qui signe la reconnaissance universitaire de Spitz, est accompagné de deux inédits.





Jacques Spitz, le mythe de l’humain - Patrick Guay – Presses Universitaires de Bordeaux – 190 pages – 20€ - ****
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 5 mars 2017




mercredi 12 juillet 2017

Sciences inhumaines





Les auteurs de polars abusent des taiseux montagnards. Le héros de Maurice Gouiran y voit une sagesse assez peu partagée. Jeune mathématicien exilé en Californie pour la recherche américaine, il renoue avec son pays natal au moment où une famille d'Américains y est assassinée. A travers cette enquête, on effeuille le catalogue de toutes les turpitudes scientifiques de la première moitié du vingtième siècle.





Le diable n'est pas mort à Dachau – Maurice Gouiran – Jigal – 216 pages – 18,50€ - **
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 25 juin 2017




mardi 11 juillet 2017

Clap de fin






À quoi ressemble la fin du monde? La question n'a rien de joyeux. Jérôme Leroy la pose en boucle pour décliner les réponses dans ce recueil de nouvelles. En réalité, il n'invente que les conclusions du scénario dont le cœur irrigue déjà d'un sang mauvais notre éphéméride. Depuis le balcon, on aperçoit les hordes du chaos qui s'approchent. Face au désastre, il y a les déserteurs, les cyniques et les poètes.





Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruine – Jérôme Leroy – La Table ronde – 240 pages – 8,70€ - ****
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 25 juin 2017




lundi 10 juillet 2017

La fureur de mourir






Le portrait de Stefano, jeune fasciste débordé par les enjeux de la mouvance à laquelle il appartient dans les années soixante en Italie, échappe à la caricature idéologique. Alberto Garlini traque les ombres d'un personnage complexe fasciné par la violence extrême. Comme toujours, les fondations de l'homme permettent de comprendre l'architecture des passions à venir. Une fresque éblouissante.






Les noirs et les rouges – Alberto Garlini – Traduit de l'italien par Vincent Raynaud – Folio Gallimard – 924 pages – 9,80€ - ****
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 25 juin 2017




samedi 8 juillet 2017

Les frontières du rêve





Réédition d'une œuvre publiée dans la Noire de Gallimard en 2000, "Le bon frère" est un des plus beaux romans sur l'aliénation ou certains diront sur la fidélité au clan et aux traditions familiales. Le héros est un soldat perdu de cette loi du sang qui l'oblige à quitter tout ce qu'il aime pour assumer un rôle de vengeur après la mort de son frère. Odyssée incroyable dans les décors impressionnants de l'Ouest, le roman pose la question des libertés ultimes.






Le bon frère – Chris Offutt – Traduit de l'américain par Freddy Michalski – Gallmeister – 416 pages – 12€ - ****
Lionel Germain




vendredi 7 juillet 2017

Samba triste



Dans l'estuaire de l'Amazone, Belem capitale de l'état du Para, est aussi la ville fétiche d'Edyr Augusto. C'est le titre d'ailleurs d'un de ses romans traduits en français pour les éditions Asphalte en 2013 où se mêlent proxénétisme, pédophilie, corruption, et portrait sans concession d'une classe dirigeante cruelle et prédatrice. 

Pour le même éditeur, Diniz Galhos a encore traduit deux de ses romans, "Moscow", surnom de l'île de Mosqueiro, petit paradis ensoleillé dont Edyr Augusto nous présente le versant nocturne hanté par une bande de jeunes délinquants sans limites, et "Nid de vipères", récit d'une vengeance de femme contre un des hommes les plus puissants de cette région. C'est à chaque fois, la restitution d'un climat de violence extrême, loin des clichés sur la douceur de vivre des amateurs de carnaval.



"Pssica" publié cette année vient d'être sélectionné dans la catégorie "romans étrangers" pour le Grand Prix de Littérature policière. Le lauréat sera connu le 20 septembre mais soyez assuré de prendre un coup au plexus dès le premier chapitre. Le point de départ ressemble à une de ces histoires puisées dans la rubrique des faits-divers. Janalice, une gamine de 14 ans, est chassée de chez elle après la diffusion d'une scène de fellation filmée par son petit copain. Ensuite, c'est l'engrenage d'une descente aux enfers. 



Réfugiée chez une tante dont le compagnon abuse d'elle, elle échoue dans les filets d'une rencontre perverse et se fait enlever en pleine rue. Drogue, prostitution, Edyr Augusto nous sauve de la déprime avec un personnage de flic obstiné. Mais les raisons d'espérer sont fragiles et la prouesse de l'auteur, c'est le rythme névrotique qu'il impose à la narration de ce cauchemar. Des dialogues fondus dans le corps d'un texte maigre, sec, et porté par un présent qui nous immerge au cœur de l'action, le roman ne nous épargne rien du naufrage de Janalice. 

Des rues de Belem aux bouges sordides de Cayenne, le destin des femmes vendues par les réseaux mafieux est le même partout dans le monde. Et à travers ce périple où la compassion le cède à l'impuissance, c'est bien la détresse des victimes qui interpelle le lecteur. La samba est triste.

Pssica – Edyr Augusto – Traduit du brésilien par Diniz Galhos – Asphalte – 160 pages – 15€ - ****
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 18 juin 2017




jeudi 6 juillet 2017

Horreurs boréales





Des marines suédois partis casser du russe en mer Baltique découvrent un îlot peuplé de monstrueux mutants. L’univers très branché d’une porn star de Stockholm bascule dans la folie meurtrière lorsqu’elle cède aux sollicitations d’un amateur démoniaque. Chassée des Balkans par la misère et les crises, une meute de loups garous cherche à gagner l’Europe des nantis, exclus parmi les exclus…





La Reine en jaune - Anders Fager – Traduit du suédois par Carine Bruy - Mirobole éditions – 315 pages – 22€ - ***
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 15 janvier 2017




mercredi 5 juillet 2017

Police des polices





L'affaire Isobel Vine, c'est celle de la mort d'une jeune femme en 1990. S'est-elle suicidée ou l'a-t-on assassinée? Trois flics fréquentaient la fête qu'elle donnait ce soir-là. Parmi eux le prétendant actuel à la direction du service. Vieux "dur-à-cuire" solitaire et incorruptible, renouant avec Melbourne, la "ville des meurtres" pour cette enquête de moralité, Darian Richards est le héros d'un roman dense et captivant.






L'Affaire Isobel Vine – Tony Cavanaugh – Sonatine – 414 pages – 22€ - ***
Lionel Germain




mardi 4 juillet 2017

En noir et blanc





"Schneider fumait en gardant le silence". Tout Pagan résumé en une phrase. Schneider n'est pas un anti héros destiné à contrer la roublardise des fiers à bras du polar. Son nom sonne comme un flingue enrayé. Sa silhouette a surgi dans les années 80 et il revient aujourd'hui raviver les souvenirs de 1979. Schneider est un flic. Une volute plutôt, enroulée sur des accords de blues. Un parfum d'Amérique sur la France de Giscard. En black and white.




Profil perdu – Hugues Pagan – Rivages – 412 pages – 19,90€ - **
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 18 juin 2017




lundi 3 juillet 2017

La Fille à l’œil de chien





"La fille à l' œil de chien n'entend pas le craquement, elle se regarde trop fort. Avec son œil battu, l'air de quoi. L'air de venir d'où elle vient. De la rue, du trottoir." Elle, c'est Lies, aspirée comme par un trou noir dans l'effondrement d'une villa. Une Flandre éventrée qui refoule ses déchets toxiques dans les anciennes mines de calcaire. Un vétéran épuisé, et ce "flow" obstiné tenu jusqu'à la dernière ligne. Une réussite.





Calcaire – Caroline de Mulder – Actes Sud – 244 pages – 19,80€ - ****
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 18 juin 2017