dimanche 30 avril 2017

RIFF HI-FI DES ANNÉES 80 (1)



On a tous en mémoire un orchestre miteux à l'arrière-plan un peu flou d'un bouge où "l'inspecteur" méprisant s'amène, police oblige, pour interviewer un de ses indicateurs. D'accessoire, le jazz est souvent passé en première ligne après avoir fait quelques essais de figuration intelligente.



Dans "La Position du tireur couché", Manchette propose à travers un de ses personnages une analyse aussi savante que désabusée sur l'enfermement de l'avant-garde, allant jusqu'à citer Braxton. En fait, le très peu sympathique Félix Shrader caricature à peine ce qui se dit sur le jazz dans les milieux concernés par la musique vivante qu'il nous donne à entendre quelques pages plus loin. Elle ponctue une scène d'action dans laquelle Martin Terrier va découvrir son copain Stanley en mauvaise posture.




"En cet instant, c'était l'orchestre de Dizzy Gillespie enregistré en public au festival de Newport, dans les années 50. Pendant une série de riffs particulièrement agressifs de la section de trompettes, Terrier donna un bon coup de pied dans la lucarne de la chambre."

Au passage, on remarquera que le mot "riff" est supposé aussi familier au lecteur de polar que la différence entre un revolver et un pistolet.

"Aucun bruit ne venait des chambres (…) Terrier soupira (…). En bas, le tourne-disque cliqueta encore et Ray Charles se mit à crier avec enthousiasme qu'alléluia il l'aime tant."

La position du tireur couché – Jean-Patrick Manchette – Série noire Gallimard – Folio – 208 pages – 6,60€ - ****
Lionel Germain - d'après un article publié dans Sud-Ouest-dimanche en octobre 1986












samedi 29 avril 2017

Lucilia Caesar


Lucilia Caesar est l'autre nom d'une des mouches les plus emblématiques du destin des mammifères. Dans un premier chapitre brûlant comme du marbre funéraire au mois d'août, Joseph Incardona nous détaille les parcours de cette ronde vrombissante éprise de nectar mais dont les larves se nourrissent de charogne. Un homme, Pierre Castan, enfermé volontaire dans une voiture chauffée à blanc sur le parking des vacances, voudrait mourir dans ce cercueil de tôle. Il a été médecin légiste pendant 17 ans et "les mouches à merde", il connaît.  (Lire la suite)




Derrière les panneaux il y a des hommes - Joseph Incardona - Réédition Pocket - 336 pages - 7,40€ - ***




vendredi 28 avril 2017

Brigade des nurses



Village intemporel de la nuit parisienne, Pigalle et sa Place Blanche égrènent d'innombrables légendes où se rencontrent héros du macadam et filles perdues. En dépit de la faillite des principaux bordels et du remaquillage des vitrines, l'esprit des lieux se renifle dans le roman de Jeanne Faivre d'Arcier en fréquentant le Valparaiso, le Bistrot du Neuvième ou la Chatte blonde. Chaque ruelle renvoie au culte fiévreux de Sainte Rita, la patronne des causes désespérées.



Pas étonnant dès lors de retrouver une collection de personnages à la verdeur digne de Léo Malet, Simonin ou Le Breton. On se croirait égaré dans l'âge d'or du roman noir français avec Philippe, cadre supérieur déchu après la mort accidentelle de sa femme enceinte. Ses voisins le prennent pour un toubib mais sa cuite permanente l'a contraint à se satisfaire d'un job de gardien de musée. Prostituées, transsexuels et artistes en devenir, se pressent au chevet de Cerise, un bébé abandonné dans le tiroir d'un buffet laissé sur la chaussée pour le ramassage des encombrants.



Le brigadier Muriel Hardy mène l'enquête autant sur l'affaire que sur sa propre identité sexuelle. Un nourrisson, une gamine livrée à elle-même sur le pavé de Pigalle, des méchants qui "surinent" et des anges gardiens aux ailes froissées, "Patte-de-Pie, Cerise, Églantine, docteur Filou", tous participent à la ronde poétique au-dessus de laquelle flotte la petite musique de Kosma.

Les encombrants – Jeanne Faivre d'Arcier – Milady Bragelonne – 324 pages – 7,20€ - **
Lionel Germain




jeudi 27 avril 2017

Bagdad: le nom de l'horreur



La vie continue à Bagdad. Sous toutes ses formes. La vieille Elishua Oum Daniel attend toujours le retour de son fils mort en Iran dans la demeure familiale du quartier Saint-Odisho, blotti autour de l’église assyrienne. Faraj, l’agent immobilier, lorgne sur la maison de la vieille et les trésors qu’elle recèle. Hadi le chiffonnier boit canette sur canette, se saoule et déblatère… 




Il recoudrait ensemble, raconte-t-il à qui veut l’entendre, des morceaux de cadavres abandonnés dans la poussière et les gravats à la suite des attentats qui endeuillent presque quotidiennement la ville, histoire de leur donner une petite chance le jour du Jugement. Quant au jeune Hasib, mort dans l’attaque-suicide du Novotel où il était de garde, il cherche désespérément son corps pulvérisé par l’explosion. 






Et la nuit, une entité sans nom que dans les quartiers populaires on appelle le Trucmuche, fait régner la terreur. Patchwork de rognures humaines, mi golem mi créature de Frankenstein, ce monstre rend la justice à sa façon, aveugle et barbare. Le fantastique fait partie de la réalité irakienne, écrit Ahmed Saadawi.  

Né à Bagdad en 1973, réalisateur de films documentaires et auteur de poèmes et de romans, il est le premier écrivain irakien à avoir reçu le prestigieux International Prize for Arabic Fiction. Conte fantastique davantage que thriller, ce récit où s’enchâssent les histoires, puise sa truculence dans la culture de rue d’une mégapole de 6 millions d’habitants qui fut la cité des Mille et une nuits. 

Au cœur de la ville, le vieux quartier de Batawin où voisinent chrétiens et musulmans résume à lui seul l’histoire de l’Irak: mélange impossible d’ethnies, de tribus, de cultures. La fiction permet parfois de se frayer un chemin de sens dans les aléas d'une réalité dont l'horreur nous sidère.

Frankenstein à Bagdad - Ahmed Saadawi – Traduit de l’arabe (Irak) par France Meyer - Piranha – 378 pages – 22,90€ - *****
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 27 novembre 2016




mercredi 26 avril 2017

Cadeau du ciel



Walt Longmire est un shérif presque heureux en cette veille de Noël. Installé avec son chien et la circonstancielle lecture de Dickens, il voit surgir une femme visiblement d'origine japonaise. Elle est à la recherche de l'ancien shérif, Lucian Connally. Personne ne se souvient d'elle mais d'un seul mot, elle va réveiller les vieux souvenirs: Steamboat. Craig Johnson retrace l'aventure d'un bombardier reconverti en ambulance pour sauver une fillette pendant une tempête de neige en 1988. On palpite, on tremble dans la carlingue. Un petit roman comme un cadeau du ciel.



Steamboat – Craig Johnson – Traduit de l'américain par Sophie Aslanides – Gallmeister – 200 pages – 21,50€ - *** 
Lionel Germain




mardi 25 avril 2017

Arsène et compagnie





Entre les mains de Benoît Abtey et Pierre Deschodt, Arsène Lupin est un personnage aussi mystérieux que celui imaginé par Maurice Leblanc mais davantage ancré dans les soubresauts de l'Empire colonial. De la défaite de 1870 à la fondation des grandes compagnies capitalistes qui font fortune en Afrique, on assiste à l'avènement de Clémenceau et à la préparation de la Guerre de 14. Historique et distrayant.






Arsène Lupin, les héritiers – Benoît Abtey et Pierre Deschodt – XO – 352 pages – 19,90€ - ** 
Lionel Germain




lundi 24 avril 2017

Cartels mortels





"Imaginez un pays corrompu par le pétrole et la cocaïne – le Texas rencontre Medellin", et vous avez l'une des cartes de visite du Venezuela. Le héros de J.J. Connolly est un truand anonyme, le nameless du crime. Une plaque de métal dans le crâne héritée d'un coup fourré lui perturbe la base de données et la promesse d'un pactole indécent lui met dans les pattes les tueurs d'un cartel vénézuélien. Mauvais karma quand on espère régler ses affaires à New-York en 2001. Cette année-là, le mois de septembre fut meurtrier. 





Viva La Madness – J.J. Connolly – Traduit de l'anglais par Fabrice Pointeau – 10/18 – 624 pages – 9,10€ - **
Lionel Germain




dimanche 23 avril 2017

Amère Patrie



On savait que James Crumley avait du coffre. Milan Milodragovitch, le privé de Fausse piste (récemment réédité dans une traduction révisée chez Gallmeister) affiche une pointure nettement supérieure à celle des autres détectives post-chandlériens pour lesquels on serait presque tenté de proposer une thérapie de groupe tellement leurs bleus à l'âme se juxtaposent.

  


"Un pour marquer la cadence" est le premier roman que Crumley fit paraître aux Etats-Unis en 1969. Milan Milodragovitch n'existait pas encore, du moins pas officiellement, et ici, le héros, le sergent Krummel, appartient au 721ème détachement de transmission de l'armée américaine qui à la fin de l'été 1962 campe dans une base de l'Air Force aux Philippines. 






Cet homme là a une généalogie dont l'arbre prend racine au XIIème Siècle quelque part entre l'Allemagne et la Tchécoslovaquie à une époque où le moine est parfois  un soldat qui défend son monastère comme le Seigneur défend son fief. Un bref séjour à l'université ne peut rien contre le sang guerrier qui coule dans les veines de Krummel. L'histoire pourrait donc être celle des combats que les Américains ont livré en Asie si Crumley ne préférait pas la figure du combattant aux péripéties des batailles. 

En rencontrant Joe Morning, autre intellectuel provocateur et rebelle, le sergent Krummel découvre la face cachée des idéaux qui justifieront sa présence au Vietnam. Bien avant la terreur embusquée dans la jungle, ils devront affronter leur propre violence, et c'est une histoire d'amour et de haine entre ces deux hommes que nous raconte Crumley. Au point que le héros finira par se convaincre qu'il a tué Joe Morning au cours d'un accrochage avec l'ennemi. De retour aux Philippines où il soigne ses blessures dans un hôpital militaire, Krummel livre donc le récit de cette rencontre au médecin-capitaine Gallard qui lui aussi va découvrir une partie de son cauchemar en Krummel.

Ce n'est pas vraiment un hasard si sur le passeport de Krummel on a inscrit le nom de Robert Jordon, le héros de "Pour qui sonne le glas". Comme chez Hemingway, on retrouve ici un des thèmes qui traversent la littérature américaine. L'enfance d'une nation et la volonté de puissance, considérée comme condition de toute liberté individuelle, projettent dans la littérature des personnages en quête de leur maturité, des gamins querelleurs, des fiers-à-bras à la recherche des repères qui les rendront adultes, noyant le deuil de quelques illusions sous des déluges d'alcool. 

Comme les personnages de Tobias Wolf dans "Engrenages" (Alinea - réédité sous le titre "Un voleur parmi nous" aux éditions Gallmeister), comme ceux, exemplaires, de Styron dans "La marche de nuit", les héros de Crumley ne rêvent pas de vieillir. "Un pour marquer la cadence" est un grand roman américain.



Un pour marquer la cadence - James Crumley - Traduit de l'américain par Nicolas Richard - La Noire Gallimard - 448 pages - 19,35€
Folio Gallimard - 560 pages - à partir de 5€ sur les réseaux de vente en ligne - ****
Lionel Germain – d'après un article publié dans Sud-Ouest-dimanche – juin 1992




samedi 22 avril 2017

Trilogie de Belfast


Dernier volet de la trilogie de Belfast, les âmes volées sont...
(Lire la suite




Âmes volées – Stuart Neville - Réédition Rivages poche - 428 pages - 9€ - ** 




vendredi 21 avril 2017

Frigo du Nord


Le polar du Nord n'en finit pas de séduire le lectorat français. On y trouve une qualité littéraire et une diversité d'inspiration souvent rassurante. Non, la Scandinavie n'est pas le territoire idyllique qui nous renverrait à l'enfer de nos cités barbares. La blondeur des portraits fantasmés dissimule avec une intensité comparable la noirceur largement partagée sous toutes les latitudes.


La première chose qui frappe à la lecture de Michael Katz Krefeld, c'est le style importé des meilleures séries télé nordiques. Avant ce cinquième roman, le Danois s'est illustré comme scénariste et on retrouve la syntaxe du genre dans sa façon d'appâter le lecteur avec un prologue nerveux et des séquences très visuelles.

De la casse automobile de Stockholm dans laquelle on découvre le cadavre d'une jeune femme remaquillée en statue d'albâtre, jusqu'à l'arrière-boutique d'un Serbe où se décide l'avenir d'une jeune prostituée lituanienne, le suspense tient toutes ses promesses. 


Thomas Ravnsholdt, dit "Rav", est un ex-flic alcoolique qui va devoir suer sa bibine pour retrouver son savoir faire. On pense à Lawrence Block et à Scudder, son privé poivrot à la recherche d'une rédemption dans les églises. "Rav" vit avec un chien dans un rafiot ancré sur le canal de Copenhague. 

Mais que serait un bon thriller nordique sans un psychopathe gratiné. Celui de Katz Krefeld manie scalpel et bistouri. Taxidermiste accompli, il mène le bal de l'horreur en arrière-plan d'une intrigue vagabonde. Danemark et Suède sont les terrains de jeux des mafias venues de l'Est et en terre scandinave, apparemment, la viande froide se porte bien. 

La peau des anges – Michael Katz Krefeld – Traduit du danois par Frédéric Fourreau – Actes Sud – 400 pages – 23€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 2 avril 2017




jeudi 20 avril 2017

Magies de l'Orient






Peut-être parce qu’ils nous ont été fermés pendant d’aussi longs siècles, le Japon et sa culture suscitent parfois un sentiment d’inquiétante étrangeté, et aussi d’étranges avatars. Ainsi une banale histoire de cape et d’épée, ou de sabre et de kimono, peut-elle se lire comme une fantaisie héroïque, le daimyo (terme désignant simplement un noble) devenant alors un démon. Le second volet de ce diptyque, "Dragon noir", paraît simultanément.





Vent rouge - Jean-Luc Bizien – Folio SF/Gallimard – 304 pages – 7,70€ - ***
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 27 novembre 2016




mercredi 19 avril 2017

Conteur bleu




Critique de rock, scénariste de télé et collectionneur de séries B, Jordan Harper dévoie entre autres les Anges de la cité perdue californienne. On y couve des rêves aux contours flous, aux couleurs sombres, aux silhouettes tragiques et titubantes. Toutes les brisures du cycle ordinaire de la vie sont épinglées dans ce recueil de brèves. Chiens de combat, femme obèse, braqueurs sans avenir, hommes de peu et filles de rien bousculent l'emploi du temps qui nous anime. Le leur est minuté en quelques pages souvent violentes et désespérées, parfois lyriques et pleines d'espoir.




L'amour et autres blessures – Jordan Harper – Traduit de l'américain par Clément Baude – Actes-Sud – 192 pages – 19€ - ****
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 9 avril 2017




mardi 18 avril 2017

Flic de choc





Tomar Khan est un flic de série dont la singularité se dévoile peu à peu. Pour sa première apparition au chevet de nos nuits blanches, Niko Tackian l'a doté d'un cuir épais, d'un cœur fragile malgré les apparences et d'une faute impossible à effacer. Comme dans les contes, l'ombre de l'ogre l'accompagne depuis son enfance. Dans son réel de flic, le prédateur est une prédatrice en quête de justice expéditive. À suivre.






Toxique – Niko Tackian – Calmann-Lévy – 304 pages – 18,90€ - **
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 2 avril 2017




dimanche 9 avril 2017

Viennoiserie à l'étouffée



Surprenante alchimie que réalise Catherine Gildiner, psychologue de Toronto. "Séduction" est son premier roman, passé inaperçu en 2008 lors de sa sortie chez Lattès et réédité en 2010 chez 10/18, "juste après le cataclysme Onfray", comme le souligne Tobie Nathan dans une critique très pertinente de l'œuvre.



Le roman met en scène une spécialiste de Freud incarcérée pour le meurtre de son mari et remise en liberté conditionnelle en échange d'une enquête sur les menaces dont la théorie psychanalytique ferait l'objet.


C'est en fait une véritable bombe à fragmentation que lance Catherine Gildiner. On y retrouve des accusations très précises sur les pratiques contestables de Freud, ses emprunts à Darwin et ses ajustements théoriques pour ne pas froisser la bourgeoisie viennoise, sa principale clientèle.



On évoque souvent les liens entre psychanalyse et roman policier où le refoulé se cache derrière la scène de crime. "Séduction" mène l'enquête à l'envers jusqu'au plus improbable des coupables.

Séduction – Catherine Gildiner – Traduit de l'anglais par Sylvie Schneiter – 10/18 – 522 pages – 8,80€ - ***
Lionel Germain




samedi 8 avril 2017

Vapeurs alambiquées



Sans retrouver la construction audacieuse d'un roman comme "A la trace", Deon Meyer poursuit...
(Lire la suite)






En vrille – Deon Meyer - Réédition Points Seuil - 496 pages - 8,10€ - **




vendredi 7 avril 2017

Élections pestilentielles



Prenons un peu d'avance sur le calendrier électoral. Thomas Bronnec poursuit le décryptage de la société française avec "En pays conquis" où se joue la partie lancée sur l'échiquier politique par le résultat des dernières présidentielles. Un locataire de gauche à l'Élysée face à une assemblée où la droite en majorité relative ne peut rien faire sans le groupe d'extrême-droite. Sur l'échiquier, les pions s’entretuent mais c'est bien la France qui risque d'être mat.


On y voit la République se façonner avec le petit personnel dont la gestion des affaires courantes laisse quand même à désirer. Une dette dépassant les 2000 milliards d'euros, c'est un sacré passif qu'une directrice du Budget à Bercy tente en vain de réduire de quelques millions au moment même où le Pouvoir s'affranchit de ses propres règles.

Journaliste et documentariste, Thomas Bronnec nous offre les coulisses et les acteurs sous les feux de la rampe comme Hélène Cassard, Première Ministre de crise en posture d'otage entre l'Élysée et l'Assemblée nationale. 



Le spectacle a ses rôles obligés: corrompus, corrupteurs, hommes et femmes de devoir tourmentés par des ambitions personnelles, et la fiction s'accommode assez bien de ces jeux troubles. Mais la transparence et l'emballement des réseaux sociaux changent la donne en faisant du public un acteur inconstant qui pourrait mettre le feu aux poudres. Une invitation au réel. 

En pays conquis – Thomas Bronnec – Série noire Gallimard – 228 pages – 16€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 26 mars 2017




jeudi 6 avril 2017

La musique en temps de guerre





Retour dans l’Archipel du rêve, continent mythique cher à l’auteur et déjà exploré dans maints ouvrages. Le personnage principal, un jeune musicien né dans un pays où la guerre s’éternise sous le joug d’une junte militaire, s’y évade un jour. Mais là-bas le temps coule différemment, recelant des pièges. Une brillante variation sur le thème de l’art, du double et du voyage temporel.





L’inclinaison - Christopher Priest – Traduit de l’anglais par Jacques Collin - Lunes d’encre/Denoël – 400 pages – 23€ - ****
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 27 novembre 2016




mercredi 5 avril 2017

Crimes à Tel-Aviv






L'inspecteur chef Avraham vient d'accéder à la tête de la section des homicides. Sa liaison avec Marianka qui a quitté Bruxelles pour le rejoindre est nourrie d'inquiétude. Ce personnage de flic tourmenté par un sentiment de culpabilité, échappe à tous les clichés, et entre les mailles d'une enquête indécise sur l'assassinat d'une vieille femme, Mishani nous offre un saisissant portrait de couple. 





Les doutes d'Avraham – Dror Mishani – Traduit de l'hébreu par Laurence Sendrowicz – Seuil – 288 pages – 20€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 2 avril 2017




mardi 4 avril 2017

Les ogres et la bête





Malgré un style un peu chargé, le roman tient la route aussi bien que Roy au volant de son 33T. Roy, c'est Raymond, boxeur, cogneur, délinquant. Pas doué pour le bonheur jusqu'à sa rencontre avec Guillemette, une luciole avec laquelle il va faire du chemin en semant les cadavres derrière eux. Quand la Bête se réveille dans les tripes de Roy, c'est pour terrasser les ogres. Tendre et brutal.





Cabossé – Benoït Philippon – Série noire Gallimard – 270 pages – 18€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 2 avril 2017




lundi 3 avril 2017

Bad Big Bang





Pierre Pouchairet est un des ces flics qui ont troqué le Sig-Sauer contre un traitement de texte. Malgré le titre, les Américains ne jouent qu'à la marge d'une histoire d'abord consacrée au monde de la finance et aux manœuvres d'une banque islamique dont on découvre les arcanes. Ensuite, le roman devient explosif. Qu'en est-il de la sûreté nucléaire française? Les réponses étayées par les travaux du général Copel font froid dans le dos.





La prophétie de Langley – Pierre Pouchairet et L. Gordon – Jigal – 280 pages – 19€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 2 avril 2017




dimanche 2 avril 2017

Diaspora basque



C'est un personnage comme on les aime aujourd'hui: fort à l'extérieur mais tellement vulnérable qu'un coucher de soleil sur les contreforts des Bighorn Mountains suffit à le faire pleurer. Alors qu'on se meurt d'asthénie dans des villes surpeuplées, ce héros-là coiffe son Stetson et dévore les grands espaces du Wyoming. Il s'appelle Walt Longmire. Il a roulé sa bosse, encaissé pas mal de coups avec son pote, l'Indien Henry Standing Bear, et la mort d'une petite vieille dans la maison de retraite va les remettre en selle rapidement.





La femme assassinée, Mari Barioja, était une Basque. Jamais oublieux de leurs montagnes pyrénéennes, les Basques ont fondé des colonies en Amérique latine et notamment au Mexique avant de reprendre le chemin du nord et de s'inscrire dans le flux traditionnel des migrations économiques. L'occasion pour Walt Longmire de découvrir une nouvelle civilisation dans laquelle les hommes sont ombrageux. 





L'ancien shérif qui a formé Walt et partageait la maison de retraite avec Mari Barioja se souvient encore de la dérouillée infligée par les oncles de la belle pour un mariage qui ne leur convenait pas.

L'enquête se resserre bien-sûr autour de la disparition d'un premier mari violent et d'un héritage convoité. Non content de nous donner un grand bol d'oxygène, Craig Johnson s'applique à raconter des histoires de tribus. Cheyennes, Crows, Basques mais aussi électives. Des tribus de gens qui partagent la même vision du monde en cinémascope. Avec un cœur gros comme ça.


  
Le camp des morts – Craig Johnson – Traduit de l'américain par Sophie Aslanides – Gallmeister Totem – 376 pages – 10,20€ - Réédition Points Seuil - 406 pages - 7,95€ ***
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche - juillet 2012








samedi 1 avril 2017

L'Oignon fait la farce






Qui a assassiné le chef Chef dans la cuisine de son restaurant à 2h du matin? Né à Montigny-le-Bretonneux dans les Yvelines, Moustapha Chef affronte la concurrence de Martine Tong, créatrice du poivron de comptoir. La rivalité avec Trappes le conduit à mitonner une farce aux oignons accompagnée d'une sauce à la sueur et aux larmes. Une farce, et à Trappes, ça sent le piège. Impossible de lâcher ce nouvel opus de Barbès avant Rochechouart. Jubilatoire, écrit à l'os, savoureux et piquant. 




Farce à Trappes – Raoul Bec – Trident – 213 pages – 19,93€ - ****** 
Lionel Germain


Retrouvez Raoul Bec et les autres auteurs du Trident noir (Gustav Trudmann, Bill Boulay, Léa Pendown) à Quais du Polar à Lyon.

Signatures au Palais de la Bourse, 1, Place de la Bourse, au stand de la librairie "Poisson et Lumière". 

Entrée libre Samedi et Dimanche à partir de 10h.