mercredi 31 août 2016

Sang froid






Pour le numéro 1000 de Rivages noir, il fallait cet inédit américain et sombre. Gravesend, c'est un quartier où se côtoient différentes communautés avec une dominante italienne dans le sud de Brooklyn. William Boyle en fait le cimetière des hommes déjà cloués au sol par le poids des traditions. Un gamin veut venger son frère. Une jeune fille enterre ses rêves. Vivants peut-être, mais le sang paraît froid. Du noir façon Guérif. 





Gravesend – William Boyle – Traduit de l'américain par Simon Baril – Rivages – 350 pages – 8,50€ - ****
Lionel Germain – Sud-Ouest- dimanche 28 août 2016




vendredi 26 août 2016

Psychoflic


 



Disparition d'une jeune mariée que le détective privé Lew Archer retrouve rapidement mais dans un sale état. Comme toujours avec Ross McDonald, le roman s'engage au-delà de la résolution d'une énigme et s'empare de la complexité des personnages. On sent notamment la fascination de l'auteur pour un jeune président d'université dont les rapports pour le moins ambigus avec sa mère sont la clé de l'intrigue. Lew Archer: premier psychoflic du roman noir. 







Le Frisson (The Chill – 1964) – John Ross McDonald – Traduit de l'américain par Jeanne Fournier-Pargoire - J'ai Lu (décembre 1983) – 
10/18 (2 éditions) – Fayard (collector de 1964) – de 1€ à 3€ environ - **
Lionel Germain - d'après une chronique radio: "Jazz-Gang" de février 1984






















Lew Archer sur le site (en anglais)Thrilling Detective




jeudi 25 août 2016

Menaces sur le Causse






L’étrange disparition de tout un village dans le sud est de la France, dix ans après la découverte près d’un camp militaire d’un corps nu et étrangement appareillé, une ambiance de guerre civile ou d’alerte atomique, et le secret défense qui couvre tout cela, tels sont les ingrédients de ce thriller qui fleure bon l’ufologie, mais nous propose aussi une métaphore des compromissions et des horreurs du siècle passé.






Le Camp  - Christophe Nicolas – Outrefleuve/Fleuve éditions – 400 pages – 18,90€ - ***
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 3 avril 2016




mercredi 24 août 2016

Un juge sans préjugés


Une figure simenonienne engagée au-delà du raisonnable dans le désir de comprendre les victimes et les assassins, tel est le personnage de juge imaginé par Giorgio Fontana. On est à Milan en 1981 et Giacomo Colnaghi enquête sur l'assassinat d'un notable de la Démocratie chrétienne par les brigades rouges. Un défi d'impartialité qui ramène au réel de cette frontière entre deux forteresses: l'une qui prétend puiser sa force dans le droit, l'autre qui légitime sa violence contre un état "partisan et inique".



Au terme de cette rencontre impossible entre le juge et l'assassin, il y a le refus de Colnaghi d'accepter la qualité de "résistant" dont se prévaut le jeune brigadiste. Parce qu'on comprend assez vite que la mémoire du père, "résistant" véritable, torturé par les vrais fascistes et tombé sous leurs balles en cherchant à leur échapper anime l'intransigeance de Colnaghi. Dans un état de droit aussi défaillant que les autres à endiguer ses propres turpitudes, cette référence maintient le "petit" juge debout. 




Mort d'un  homme heureux – Giorgio Fontana – Traduit de l'italien par François Bouchard – Seuil – 320 pages – 21€ - ****
Lionel Germain




vendredi 19 août 2016

Le bout du tunnel



"Une lumière brillante, comme chauffée à blanc, s'insinuait dans sa tête, oblitérant sa vision et toute tentative de pensée. Il glissait vers cet état hypnotique où le corps et l'esprit luttent pour distinguer le rêve de la réalité. Malgré lui, il comprit ce que ça signifiait. Il ne l'avait pas fait jusqu'à présent, mais la révélation était solidement là et requérait toute son attention: la Mort dans toute son épouvantable gloire."




Un sale hiver – Sam Millar – Traduit de l'anglais par Patrick Raynal – Seuil – 288 pages – 21,50€ - ****



sur le site de l'éditeur




jeudi 18 août 2016

Encyclopégeek






À l’heure du come-back des pulps, cette encyclopédie qui recense beaucoup de la SF et de ses produits dérivés, les séries et les jeux, retiendra l’attention des geeks. Il y a même une entrée consacrée aux vaisseaux spatiaux les plus célèbres. Mais, fournisseur de bons goûts comme dit sa pub, l’éditeur fait une boulette: le livre semble ignorer les auteurs français!





Les Chroniques de la science-fiction  - Guy Haley – Préface de Stephen Baxter - Muttpop – 576 pages – 35€ - *
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 3 avril 2016




mercredi 17 août 2016

Mauvais gourou





C'est l'Afrique du Sud où s'affirment jour après jour les manquements au pacte post-Apartheid. Michèle Rowe met en scène Persy Jonas, jeune inspectrice noire face à la psychologue retraitée Marge Labuschagne, femme blanche dont les fantômes sont rendus à la lumière par la perversité d'un méchant gourou. A travers cette enquête policière conventionnelle, on retrouve deux visions du monde que tout oppose en apparence. 




Les enfants du Cap – Michèle Rowe – Traduit de l'anglais par Esther Ménevis – Albin Michel – 446 pages – 22€ - ***
Lionel Germain




jeudi 11 août 2016

Âge d'or






Dans un film culte, Tarantino a rendu hommage à ces fascicules sur mauvais papier aux couleurs criardes. Les "pulps" ont porté la SF de l’âge d’or, quelques uns de ses plus grands titres souvent. Nostalgie oblige, cette nouvelle collection prend la relève. Avec un roman demeuré inédit d’un géant de la SF. Et une couverture signée Caza. Les pirates des astéroïdes sont de retour!




Les Vandales du vide  - Traduit de l’anglais (USA) par Pierre-Paul Durastanti - Jack Vance – Pulps/Le Bélial’ – 232 pages – 17€ - ***
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 27 mars 2016




mercredi 10 août 2016

Inspiration/Expiration



"-Lieutenant Lynda Fragonard. Comme le peintre et avec un "y" à Lynda. Détendez-vous. Vous n'êtes pas encore en garde à vue.
Fred se présenta aussi. La fille l'observa en fronçant les sourcils.
-Je vous ai déjà vu quelque part…
-C'est possible. J'écris des romans. Policiers. À la télé, sans doute?
-Sûrement.
-Ou alors vous avez peut-être vu ma photo sur un de mes bouquins?
-Je déteste les polars, répondit la fliquette avec une moue disgracieuse.
-Vous êtes là pour le… Enfin, le…
-Le barbecue, oui. Vous êtes déjà au courant, à peine levé? Étrange, ça… Je dirai même suspect.
-J'ai croisé l'épicier d'à côté. C'est lui qui m'a…
Mais Fred s'interrompit, il avait compris que Lynda Fragonard le chambrait."



"Il repensa à ce pauvre clodo brûlé vif à deux pas d'ici. Il repensa à cette fille, aussi. Lynda avec un "y". De son vivant, elle lui aurait bien plu. Un peu masculine, les jambes un tantinet trop lourdes, mais la poitrine bien ferme et le regard direct, sans peur. Elle ferait une parfaite héroïne pour un prochain bouquin. Même son nom l'inspirait. Il trouverait un équivalent… "Sonia Rembrandt", tiens! Pas mal, ça… Il nota le nom au stylo au dos d'un chéquier qui traînait là."
T'es pas Dieu petit bonhomme… - Philippe Setbon – Caïman – 178 pages – 12€ - ***



Sur le site de l'éditeur




vendredi 5 août 2016

Noir de zinc




À l'initiative de "Dora-Suarez-Leblog", ce petit recueil de nouvelles offre les visions assez contrastées du genre proposées par Jacques Morize, Daniel Safon, François Boulay et Philippe Setbon. Le "scénario d'enfer" de Setbon nous apprend qu'avoir été flic ne permet pas de prétendre à l'excellence en littérature policière. Surtout quand on n'a jamais sorti son arme de service et qu'on n'a aucune imagination. Seule une femme fatale du rayon série noire peut engendrer ce sac d'embrouilles dont l'ancien flic partagera les droits d'auteurs. Rondement mené, ce court récit possède le charme des intrigues qu'on dévorait dans Hitchcock Magazine.  



Un scénario d'enfer (in "Un petit noir") – Éditions AO-André Odemard – Nouvelles présentées par "Dora-Suarez-Leblog" – 152 pages – 11€ - ***
Lionel Germain




Bon chien




Fou de coudre est un chien. Il appartient à un couple de Belges en route pour l'Espagne. En vacances, les chiens, c'est encombrant. Ils ont donc décidé de l'abandonner contre un arbre. Vous connaissez l'histoire? Pas vraiment. Des trajectoires convergentes amèneront dans un décor abandonné de western spaghetti une armada de personnages plus fêlés les uns que les autres. Terroriste, psychopathe, shérif espagnol et tenancière de saloon vont orchestrer une petite musique explosive. Du cinoche, oui. Chronométrage au centième de seconde et sens de l'ellipse pour un final époustouflant. Du polar, vraiment.


Fou de coudre – Philippe Setbon – Rivages noir – 272 pages – 9,15 - ***
Lionel Germain – d'après une article publié dans Sud-ouest-dimanche – Juin 1994




Soins palliatifs






Le lecteur de polar adore cette miséricorde où se perdent les reflets meurtriers du poignard. Dans le roman de Philippe Setbon, le voisin de Cécile a le don de provoquer ce léger frisson d'angoisse dans le mouvement même où l'empathie semble l'emporter. Quand la jeune et jolie fille déménage pour le quartier des Batignolles avec ses chagrins d'amour, le mystérieux Papy du palier d'à côté va les soulager de façon définitive. Savoureuse inquiétude.



Cécile et le monsieur d'à côté – Philippe Setbon – Caïman – 174 pages – 12€ - ***
Lionel Germain




jeudi 4 août 2016

Dix nouvelles horrifiques






Quand le père fondateur du roman noir américain se fait anthologiste, et publie André Maurois, Lovecraft ou Hanns Heinz Ewers, le maître du gothique allemand. Un recueil inédit qui attend depuis 1931 d’être publié en France. La littérature d’horreur haut de gamme: des curiosités, des classiques également, qui n’ont pas pris une ride.





Terreur dans la nuit - présenté par Dashiell Hammett – Fleuve éditions – 224 pages – 14,90€ - ***
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 27 mars 2016




mercredi 3 août 2016

Reine rouge





Peter James allie avec brio suspense et procédure. Quand le commissaire Roy Grace entre en scène, le lecteur est déjà confit d'angoisse pour Red Westwood, jolie jeune femme et "reine rouge" d'un psychopathe aux talents de prestidigitateurs. Roy Grace, lui, prépare son mariage alors que sa première épouse rode encore à la périphérie de son bonheur. Deux agréables frissons pour le prix d'un.





Pour l'éternité – Peter James – Traduit de l'anglais par Raphaëlle Dedourge – Fleuve Noir – 478 pages – 19,90€ - ***
Lionel Germain