lundi 30 novembre 2015

Évaporé





 Patrick Pécherot nous a souvent invités à revisiter l'histoire mais dans ce voyage au cœur de l'insurrection parisienne de 1870, en compagnie des poètes et des artistes enivrés d'absinthe, on est d'abord subjugué par le détour américain. Un privé en 1905 recherche Dana, traître ou communard enrôlé dans le grand barnum de Buffalo-Bill. Paraphrasant Gérard de Nerval, c'est une image qu'il poursuit, rien de plus. Le texte brille de l'éclat noir d'un Modiano.




Une plaie ouverte – Patrick Pécherot – Série noire Gallimard – 272 pages – 16,90€ - ****
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 15 novembre 2015




vendredi 27 novembre 2015

Protéger la muraille de Chine



 Le roman noir américain s'est constitué sur les rapports violents d'une société en train de chercher son point d'équilibre. C'est ce qui nous vaut en littérature des intrigues aux muscles apparents. Il serait abusif de mettre en parallèle "L'Enfer des codes" du Chinois Jia Mai (ou doit-on dire Mai Jia), un roman dont la noirceur ne tient qu'à l'épaisseur du secret entourant le personnage principal, avec le rythme des polars anglo-saxons.

Contrairement à Qiu Xiaolong, l'auteur de "Dragon bleu, tigre blanc", exilé aux États-Unis, Jia Mai a passé 17 ans dans l'Armée Populaire et est le représentant très officiel de l'Association des écrivains. Il a obtenu pour un autre livre le prix Mao Dun, distinction prestigieuse et néanmoins contestée pour les conditions dans lesquelles elle est attribuée.



"L'Enfer des codes" c'est d'abord la généalogie de la famille Rong, une dynastie de marchands de sel, à l'origine d'une lignée de mathématiciens dont ce Rong Jinzhen, recruté en pleine guerre froide. Au sein de l'Unité 701, spécialisée dans le contre-espionnage, il doit casser "Purple", le code ennemi. Sa biographie nous est livrée par un narrateur qui sillonne la Chine à la recherche de témoignages. Plus on avance, plus le désert affectif du héros se peuple d'une armée de chiffres avec laquelle il doit défaire la muraille de "Purple", Graal inaccessible. 



Si "L'Enfer des codes" est en apparence un roman conforme aux exigences idéologiques de la Chine contemporaine, il dissimule un étrange pouvoir de subversion par la qualité insaisissable de son héros.   

L'Enfer des codes – Jia Mai – Traduit du chinois par Claude Payen – Robert Laffont – 334 pages – 21€ - **
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 15 novembre 2015




jeudi 26 novembre 2015

Litanies pour un millénaire






 15 auteurs de SF, et non des moindres (Andrevon, Stolze ou Trudel) se penchent sur le Moyen-âge. Entre histoire et imaginaire, ce recueil explore les différentes facettes du merveilleux médiéval: on ne s’étonnera pas d’y rencontrer le philosophe Roger Bacon – qui fut le héros d’un roman de SF, déjà – et le souvenir obsédant des croisades qui torture encore nos mémoires. Merveilleux, vous avez dit merveilleux?





Dimension Moyen-Âge - présentée par Meddy Ligner – Rivière blanche - 248 pages - 17€ - ****
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 18 octobre 2015




mercredi 25 novembre 2015

Dévouement



 Le roman de gare avait mauvaise réputation jusqu'au débarquement dans les années 80 du vingtième siècle d'un groupuscule de poètes dont Jean-Bernard Pouy reste aujourd'hui encore l'emblème et la référence pour de nombreux jeunes auteurs. Du roman de gare, on est alors passé à la machine à rêve ou au cauchemar de première classe. Comme Pouy auquel il rend hommage, Pascal Garnier, mort en 2010, attendait beaucoup de son lecteur.





Jamais il ne trahit ce personnage venu de nulle-part et totalement dévoué à ses semblables. Dans les replis pluvieux d'une Bretagne où se concentre l'ordinaire universel de notre humanité, on ignore parfois que le charme, la séduction et la disponibilité sont aussi des vertus de destruction massive. Le vertige qui s'empare peu à peu du voyageur insomniaque est d'autant plus saisissant.





La théorie du panda - Pascal Garnier - Zulma - 175 pages – 16,80€ -
Points Seuil – 181 pages – 6,50€ - ***
Lionel Germain








mardi 24 novembre 2015

Enfants de Parrains





 Giulia, petite fille du parrain Don Alfredo, et Lorenzo, jeune journaliste qui enquête sur la mafia, ont peu de chance de vieillir ensemble. Les pseudos crimes d'honneur sont accessoires et si cette partie de l'intrigue est aussi prévisible qu'un remake shakespearien, Gilda Piersanti approfondit son analyse de la corruption généralisée du secteur privé et de la fonction publique italienne. Voilà ce qui aiguise réellement les appétits rivaux des groupes mafieux.





Les liens du silence – Gilda Piersanti – Le Passage – 288 pages – 19€ - **
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 8 novembre 2015




lundi 23 novembre 2015

Avis de recherche



 
 Edwige Marion, la commissaire de Danielle Thiéry, soigne comme elle peut les pulsions sexuelles héritées d'une précédente blessure. Sa propre fille, agressée dans l'Eurostar, est au centre d'une enquête autour de l'identité mystérieuse d'une femme à laquelle on a enlevé l'enfant. Pour avoir une chance de le récupérer, elle doit promettre de s'occuper d'un petit monstre que les ravisseurs lui ont laissé en échange. À partir des menaces et des enjeux d'une recherche dévoyée, Danielle Thiéry propose un nouveau sac de nœuds à la sagacité de Marion. Du rythme et du fond. Passionnant.  



Dérapages – Danielle Thiéry – Versilio – 340 pages – 19€ - ***
Lionel Germain



vendredi 20 novembre 2015

Vaccins mortels



 Diplômée de biologie à l'université de Copenhague, Sissel-Jo Gazan a passé deux ans avec les chercheurs danois en Guinée-Bissau pour découvrir les effets secondaires dévastateurs de certains vaccins. Mais "Le Graphique de l'hirondelle" est avant tout un roman passionnant pour décrypter la réalité sociale danoise à travers deux personnages.



Soren, jeune superintendant de la division criminelle, vit une relation complexe avec sa compagne. Il est sous le charme de Lily, la petite fille de cinq ans dont il jalouse le père biologique. Avec son sens du "détricotage", une méthode qu'on enseigne désormais dans les écoles de police, il va chercher à comprendre l'étrange "suicide" du professeur Storm, survenu après ses observations sur un doublement de la mortalité des enfants vaccinés au DTP (Diphtérie, tétanos, poliomyélite).




Marie, collaboratrice du professeur Storm, est convaincue comme lui que la mort d'un enfant danois après une vaccination ferait la une de tous les journaux alors que l'OMS refuse de réagir au décès en nombre des enfants de Guinée-Bissau. La jeune femme appartient aux classes moyennes, traversées par la peur permanente de disparaître dans le maelstrom communautaire. 

Cette peur est physiquement représentée par le déclin du père et de la mère, par l'effacement du mari dans un conformisme sans âme, et par la survenue d'une tumeur, cette menace qu'on pense étrangère à soi et qui vous dévore de l'intérieur. Soren et Marie se retrouveront pour mener une réflexion et un combat dont les enjeux dépassent largement les frontières du Danemark. Un très bon roman noir.
  
Le graphique de l'hirondelle – Sissel-Jo Gazan – Traduit du danois par Nils C. Ahl – Mercure noir – 540 pages – 25€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 8 novembre 2015




jeudi 19 novembre 2015

L'infernale comédie de Clive Barker




 Terrains vagues infestés de vermine, taudis suant le salpêtre et la haine, corps livrés à d’immondes bourreaux, c’est l’environnement familier du jeune Jakabok. Chez les démons, la vie s’apprend en ayant mal. Maître du fantastique postmoderne, auteur aussi de films ou de bandes dessinées, Barker n’adopte pas dans ses récits le prisme convenu de la bonne conscience anglo-saxonne, illustré par tant de livres banalisant l’horreur où l’on se retrouve toujours du bon côté du mal (comme souvent chez Stephen King).




De livre en livre, il s’est fait le cartographe de l’indicible, et son enfer tient la route. Mais, semblables à ces figures du peintre Bacon, avec lequel il partage la même fascination-répulsion pour l’Église et pour l’Irlande – dont ils ont sucé le lait chacun à leur manière, trognes défigurée aux lèvres absentes ouvertes sur un cri silencieux, ses démons ressassent inlassablement une désespérance tout humaine. "Science avec patience, le supplice est sûr", comme l’écrivait Rimbaud dans "L’Éternité". Non, décidément, Dante n’avait rien vu.




Jakabok : le démon de Gutenberg - Clive Barker - Traduit de l’anglais par Jean-Pierre Pugi – Lunes d’encre/Denoël - 218 pages - 19€ - ***
Du même auteur, vient de reparaître: Le royaume des Devins - Traduit de l’anglais par Jean-Daniel Brèque - Folio/SF - 927 pages - 10,20€
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 7 février 2010




mercredi 18 novembre 2015

Blanc sec






 Après la chronique des petits Blancs du Kansas au milieu du vingtième siècle, c'est Detroit en 1958 qui sert de cadre au nouveau roman de Lori Roy. Un portrait de groupe, des femmes blanches du milieu ouvrier qu'elle observe avec une alchimie parfaite entre distance et empathie. Malgré la ségrégation, la peur du déclassement s'insinue quand débarquent les premières familles noires.  






De si parfaites épouses – Lori Roy – Traduit de l'américain par Valérie Bourgeois – Le Masque – 314 pages – 20€ - *** –
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 8 novembre 2015




lundi 16 novembre 2015

vendredi 13 novembre 2015

Quartier Nord



 L'Islande, ce gros glaçon à la frontière du Groenland, peut aussi figurer la dernière banlieue nord de l'Europe. A la lecture d'Indridason ou de Thorarinsson, le pays paraît concentrer tous les attributs négatifs de la modernité. A peine plus de 300 000 habitants et un système bancaire qui faillit terrasser cette terre de fjords et de volcans aux noms imprononçables.



Suicide assisté par ordinateur, mariage homosexuel, harcèlement téléphonique, à son habitude, Arni Thorarinsson explore dans "L'ombre des chats" plusieurs pistes autour d'une intrigue principale consacrée aux problèmes graves de la presse écrite. Einar le journaliste est tiraillé entre les appétits des politiciens et des banquiers pour le "Journal du Soir". Le charme du roman doit beaucoup aux personnages secondaires, l'ex-femme d'Einar, sa fille Gunnsa qui rêve d'être photographe, son patron parfois détestable, sa maîtresse volcanique, sa collègue plus secrète. 



Le rapport au temps, enfin, à la vieillesse de son père ou de sa voisine avec laquelle Einar a tissé des liens précieux, éloigne paradoxalement le lecteur de cette rigueur procédurière qu'il est censé trouver dans un polar. Thorarinsson emprunte au meilleur de la littérature de genre avec humour. Mais c'est quand même pour nous parler d'un monde où "le progrès technique est une hache dans la main d'un meurtrier dément."   

L'ombre des chats – Arni Thorarinsson – Traduit de l'islandais par Éric Boury – Points Seuil – 380 pages – 7,70€ - ***
Lionel Germain - Sud-ouest-dimanche – 1er novembre 2015




jeudi 12 novembre 2015

Percées vers l'Ailleurs






 Y-a-t-il une différence entre fantasy et merveilleux? Un rapport entre Charles Perrault et G. R. R. Martin, l’auteur de "Game of Thrones"? Et qui étaient Arthur Rackham et Mervyn Peake? Une trentaine de spécialistes proposent autant d’essais souvent pointus sur un phénomène éminemment postmoderne: le retour de la magie. "The" Bible!





Panorama illustré de la fantasy et du merveilleux - sous la direction d’André-François Ruaud - Les Moutons électriques, relié, illustré - 640 pages - 59€ - ***
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 11 octobre 2015




mercredi 11 novembre 2015

L'armée des ombres de James Ellroy



 James Ellroy. Provocateur, arrogant, homophobe, réactionnaire, obsédé sexuel, imbu de lui-même et passionnant autant qu'insupportable. En pleine tourmente personnelle, il se sort du trou avec de petites histoires de flics longtemps ignorées des éditeurs. Difficile, dans l'univers formaté du thriller américain, d'apprivoiser cette rage et cette puissance de l'écriture. 

Pourtant, le voilà vite promu "meilleur auteur de polars". La célébration et la reconnaissance le sauvent d'une overdose. Hollywood lui fait la révérence. Le quatuor sur Los Angeles, avec entre autres, "Le Dahlia noir" ou "L.A. Confidential", offrent des scénarios ciselés pour la lumière vénéneuse des multiplex. Ellroy veut davantage. Des bataillons de figurants se bousculent dans ses notes.  Il s'est mis à boire du petit lait et à fumer la Bible.



A l'heure du story-telling, il raconte l'autre histoire de l'Amérique, les "pédés" honteux, les traqueurs de "pédés" et de communistes, les complots minables qui ont changé le monde. "American tabloïd", "American Death trip", "Underworld USA", entre chaque pavé, il reprend une goulée d'air pur, parce que la faille est à portée de regard. Les angoisses du sale môme de neuf ans qui souhaitait voir mourir sa mère, la belle et dangereuse Genova Hilliker Ellroy, lui restent en travers de la gorge. 




Il a parcouru les soixante dernières années en reniflant les dessous du pêché. Dieu aime Ellroy. Dieu lui envoie des femmes. Des rédemptrices. Ellroy n'aime pas les hommes. Il cauchemarde sur des prédateurs avec des sexes énormes. Pour se délivrer du parfum de la morte, il s'est transformé en flic. Il a traqué la sueur et les mauvais désirs de l'assassin de sa mère. Le 22 juin 1958, Genova Hilliker Ellroy a été assassinée et son fils désirait sa mort. 


Depuis, il joue au chien fou, terrorisé à l'idée de n'être que ce fantôme effleurant d'un peu trop près le cou des femmes. Entre les pavés sur l'Amérique, il nous raconte l'autre histoire de lui-même, celle d'un écrivain hanté par le pouvoir hypnotique de son œuvre, en permanent divorce avec le monde. Et toutes ces mères qui lui caressent le front, qui le remettent debout, qui le tancent puis qui s'éloignent pour rejoindre l'armée des ombres, celles de la Malédiction Hilliker. 

La Malédiction Hilliker – James Ellroy – Rivages poche – 320 pages – 8,65€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 6 mars 2011




mardi 10 novembre 2015

Potions mortelles





 Anne-Morata poursuit son évocation d'un règne dont la flamboyance dissimule des vapeurs toxiques. On est en 1679 et l'affaire qui intéresse Le lieutenant général Gabriel Nicolas de La Reynie concerne le réseau criminel en lien avec la Montespan et les empoisonneuses. Au terme d'une aventure qui menace le roi lui-même, on découvre le vieux monarque en 1709, perclus de douleur. Le Soleil ne semble plus qu'un feu de paille.





Sa Majesté des poisons – Anne-Laure Morata – Le Masque – 200 pages – 6,90€ - **
Lionel Germain - Sud-ouest-dimanche – 1er novembre 2015




lundi 9 novembre 2015

Drapeau noir





 Est-ce qu'on peut lire ce livre comme on lit un roman noir, avec ce frisson du lecteur satisfait d'arpenter le bon versant de nos désordres? De la désespérance d'une jeunesse clouée au sol à l'ivresse sanguinaire des camps syriens, le "Français" nous interdit le rêve d'une rédemption par la littérature. Comme si les faubourgs de l'Occident ne généraient plus que des guerriers aux yeux vides, sans foi ni loi, et s'emparant de Dieu dans un dernier sursaut pour les mener en enfer.





Le Français – Julien Suaudeau – Robert Laffont – 216 pages – 18€ - ****
Lionel Germain - Sud-ouest-dimanche – 1er novembre 2015




vendredi 6 novembre 2015

Damnés en terre promise


 Quatrième meilleur auteur russe autoproclamé, Vladimir Lortchenkov, fils d'un officier de l'armée soviétique, est né à Chisinau. Le goût du large est sans doute universel mais la Moldavie dont le PIB est inférieur à celui du Bangladesh est aussi une invitation permanente au voyage. Lortchenkov avait donc tenté une première fugue burlesque avec "Des mille et une façons de quitter la Moldavie". "Camp de Gitans" propose une échappée définitive, et cache sous la farce désopilante une vision très pertinente de la détresse des peuples.



Quand Barack Obama, façon "star de la NBA", ouvre le bal à l'Assemblée générale des Nations Unies, il s'adresse à l'employé qui lui tient la porte: "Souviens-toi de cette journée, jeune homme. (…) Et tu auras le grand bonheur de raconter à tes descendants que c'est à toi, oui, à toi qu'est revenu l'honneur d'ouvrir cette porte pour le monde." Le jeune homme en question ramène l'insignifiance de ces propos à cette impression des politiques "que le moindre de leurs soupirs a valeur de prophétie." 




Et prenant dans la foulée l'Assemblée en otage, il efface enfin aux yeux du monde la pusillanimité des discours pour exiger une action immédiate de l'ONU en faveur des Moldaves. 

Oublions le thriller et ses codes, Vladimir Lortchenkov s'accomode d'une vraisemblance de série B. La Moldavie est un cauchemar géographique coincé entre l'Ukraine et la Roumanie. Seraphin Botezatu, un mystérieux prophète, "affirme que Dieu aurait dispersé les Moldaves dans le monde entier". Depuis son bagne de Casauti, épicentre du drame, il invite ses quelques 6 millions de concitoyens à la transhumance vers une contrée plus hospitalière. Major Plechka, sous-directeur, rêve de l'autorité suprême sur ce lieu où croupissent les ennemis de la Moldavie. Psychopathe consciencieux, il prospère sur sa folie, impose sa poésie meurtrière aux détenus et emprunte ses talents de versificateur à Balanescu, un prisonnier à sa merci dont il raye le nom dans les archives. Au milieu de ce carnage narratif, le lieutenant de police Petrescu enquête sur les disparitions que Plechka a planifiées entre deux gorgées de vodka tandis que l'écrivain Lorinkov se veut le scribe embrumé du désastre.

L'exodisme est la parabole effrayante d'un monde où les états se sont effondrés sur le sable de leurs institutions. La fable s'incarne cruellement dans l'actualité mais si Lortchenkov n'est pas tendre pour les Moldaves, il désigne aussi les coupables dans les coulisses du grand barnum onusien.
   
Camp de Gitans – Vladimir Lortchenkov – Traduit du russe par Raphaëlle Pache – Mirobole – 384 pages – 21,50€ - ****
Lionel Germain - Sud-ouest-dimanche – 1er novembre 2015




jeudi 5 novembre 2015

La Machine à explorer le réel





 Priest est sans doute le plus grand écrivain de SF vivant. Ce gros ouvrage sans équivalent en langue anglaise réunit non seulement nouvelles, parfois inédites, et biblio, mais aussi un long entretien où l’auteur évoque son travail au cinéma avec Christopher Nolan. Souvent déroutante, exigeante pour le lecteur, l’œuvre de Priest constitue un formidable décodeur des angoisses et des fantasmes de notre époque troublée.




L’Été de l’infini - Christopher Priest - Le Bélial’ - 512 pages - 25€ - ****
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 11 octobre 2015





mercredi 4 novembre 2015

Terreur d'enfance





 Giacomo Cacciatore décrit avec un calme glaçant l'affrontement entre une mère et son fils. Giobbe a trente-cinq ans et vit sous influence, condamné à une reptation permanente pour accéder à l'objet de ses désirs: le bureau où sont enfermés ses livres. Tandis que le fantôme d'un homme vu de dos hante ses cauchemars, il glisse peu à peu dans la folie. Fable sur les terreurs de l'enfance et la toute puissance dévorante des mères. 






L'homme de dos – Giacomo Cacciatore – Traduit de l'italien par Françoise Brun - Rivages poches – 200 pages – 8,65 euros - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 6 mars 2011




mardi 3 novembre 2015

Transport en commun






 Jacques Expert aime Simenon mais à la différence du père de Maigret, il refuse d'être en empathie avec les criminels, comme ce Vincent, séducteur et psychopathe qui traque sa victime dans le métro. On s'intéresse moins aux mobiles du tueur qu'au croisement des points de vue. Les flics malchanceux ont raté le coupable, une femme assiste sans comprendre aux préludes du drame et le crime n'est qu'un complot manigancé par le hasard.  





Tu me plais – Jacques Expert – Livre de poche – 186 pages – 6,10€ - **
Lionel Germain - Sud-ouest-dimanche – 1er novembre 2015




lundi 2 novembre 2015

Meurtres rituels





 Ce n'est pas du roman! La question se pose en lisant un "document" sur l'insoupçonnable "vitalité" des rites et des pratiques sacrificielles dans l'Europe du 21ème siècle. Passionné d'Afrique et spécialiste des religions tribales, Hoskins, dont la vie est un roman, est sollicité par Scotland Yard pour résoudre un meurtre d'enfant au cœur de Londres. Superstitions congolaises au service du trafic d'êtres humains. 





L'enfant dans la Tamise – Richard Hoskins – Traduit de l'anglais par Marie Causse – Belfond – 384 pages – 21€ - **
Lionel Germain – Sud-ouest-dimanche – 1er novembre 2015