mardi 30 septembre 2014

Démons franquistes



 Si Barcelone a pu symboliser la résistance au franquisme, la nostalgie du vieil inspecteur Mendez pour un âge d'or qui coïncide étrangement avec la domination du Caudillo sur la société espagnole peut surprendre.




Ledesma nous laisse penser que cette époque aux oppositions frontales produisait des hommes forts que le consensus mou de la social-démocratie a fait disparaître. Si Mendez avait su trahir sa conception de l'honneur, il aurait fait une belle carrière. Après l'assassinat d'une secrétaire de direction, il est la doublure d'un chroniqueur désabusé. Son enquête le conduit à revisiter la mémoire de Barcelone, à la recherche des signes fondateurs de l'hallucination contemporaine.




Les rues de Barcelone – Francisco Gonzalez Ledesma – Folio policier Gallimard – 332 pages – 7,90€ -
Lionel Germain – d'après un article de Sud-Ouest-dimanche – Octobre 1992




lundi 29 septembre 2014

Ô Vieillesse ennemie!





 Mendez, le héros de Ledesma, a toujours été vieux. Dans ses romans, l'écrivain a fait de Barcelone une ville en proie aux mutations désespérantes. Grand styliste du genre, il nous raconte une dernière fois les lumières troubles de l'ancien Barrio Chino, les mafias modernes qui contrôlent la prostitution. Mendez, à bout de souffle, traverse les cimetières et ses souvenirs mais le bitume de Barcelone est cruel. Magistral et poignant.




Des Morts bien pires – Francisco Gonzalez Ledesma – Rivages – 377 pages – 21,50€ - ***
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 28 septembre 2014




vendredi 26 septembre 2014

Métis aryen




 Quand Daeninckx fouille dans les archives, c'est toujours pour nous en apprendre de belles. Ainsi de ces troupes françaises chargées de veiller à l'application du traité de Versailles en Allemagne. Il y avait là des Sénégalais qui pour certains connurent de brèves amours avec des Allemandes. On devine l'affection qu'éprouvèrent les nazis envers les petits métis de la honte. L'histoire d'Ulrich est passionnante. Daeninckx cerne parfaitement les tourments de son personnage en quête de ses racines dans une Europe apocalyptique.



Galadio – Didier Daeninckx – Folio – 154 pages – environ 5€ -
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 25 septembre 2011




Polar en cabanes



Ce Week-end à Gujan-Mestras - Port de Larros

Venez à la rencontre des auteurs de polars:







jeudi 25 septembre 2014

Noir en revue





 C'est d'abord une association avec un département médical prêt à inoculer le virus du polar aux lecteurs imprudents (on croise leurs docteurs dans les manifestations comme "Toulouse Polars Sud" cette année). La revue, normalement diffusée en librairie, permet de s'y retrouver dans le flux des nouvelles collections. Le numéro 18, "Polar en balade", consacre un dossier à la mafia israélienne ponctué des critiques des meilleurs livres par Caroline de Benedetti.  



L'Indic – Association Fondu Au Noir – 40 pages – 6€ - ***
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 21 septembre 2014




mercredi 24 septembre 2014

Gueule cassée






 En 1921, Kolvair, le héros unijambiste et cocaïnomane d'Odile Bouhier, est inquiet de la libération d'un ancien mutin de la Grande Guerre. Il le soupçonne de l'assassinat, en pleine tourmente, d'un lieutenant dont il était l'ami. Cinéma, criminologie et psychiatrie avec l'Article 64, les sciences nouvelles éclairent la nuit violente qui inaugure le siècle. Odile Bouhier a obtenu le Prix Polar Sud-Ouest/Lire en Poche 2013.




La nuit, in extremis – Odile Bouhier – 10/18 – 288 pages – 7,50€ - ***
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 21 septembre 2014




mardi 23 septembre 2014

Terreur multicartes






 Valentino Pescatore est un héros accidentel. Dans Triple Crossing, il avait dû infiltrer contre son gré les réseaux mafieux de l'immigration clandestine. Cette fois, c'est une amitié suspecte avec un flambeur multicartes récemment converti à l'Islam qui va l'entraîner au cœur de la nébuleuse en compagnie d'une policière française d'origine marocaine. Passionnante exploration d'un monde souvent calqué sur celui des gangs.





Le chant du converti – Sebastian Rotella – Traduit de l'américain par Anne Guitton – Liana Levi – 416 pages – 22€ - 
Réédition 10/18 octobre 2015 - 408 pages - 8,80€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 21 septembre 2014






lundi 22 septembre 2014

Castor et Pollux





Le polar avoue souvent sa proximité avec la mythologie, et Œdipe a inspiré beaucoup de romanciers. Pour Scott Turow, ce sont les jumeaux, avatars modernes de Castor et Pollux, qui sont au centre d'une intrigue où l'identité réelle du coupable d'un meurtre occupe les loisirs d'un vieux détective privé et d'une ancienne enquêtrice du FBI. Et sur le plan scientifique, la gémellité demeure encore bien mystérieuse.  




Identique – Scott Turow – Traduit de l'américain par Antoine Chainas – JC Lattès – 379 pages – 22,50€ - **
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 14 septembre 2014




vendredi 19 septembre 2014

Complot sur la Ville rose




 Amateur de l'école buissonnière, celle à laquelle Freinet invitait ses élèves pour y arpenter l'encyclopédie odorante de nos petits chemins, Hugo s'est découvert à dix ans une vocation d'ornithologue en sauvant un martinet tombé du nid. Douze mois plus tard, du haut de sa colline de Pech-David au-dessus de Toulouse, il observe pendant l'été des mouvements de véhicules occupés par d'étranges citoyens ressemblant à des militaires. Puis arrive le 21 septembre 2001 et la catastrophe d'AZF dont l'enfant découvre l'horreur aux premières loges. 



Dans ce premier polar du Bordelais Christophe Reydi-Gramond, l'entreprise toulousaine n'est jamais nommée, bien-sûr, mais on sait qu'il y a dans les parages d'autres unités de production, dont certaines classées "secret défense", qui auraient pu susciter la convoitise des terroristes.

En rusant avec la théorie du complot sans jamais s'y fourvoyer, l'auteur parvient à semer un doute raisonnable dans l'esprit du lecteur. Par exemple pourquoi le groupe pétrolier concerné par une indemnisation de milliards d'euros à payer au cas où l'accident serait reconnu comme cause de la catastrophe, a-t-il négocié cette version qui n'arrange pas son tiroir caisse?

Un journaliste, condamné pour diffamation par ce groupe pétrolier et "suicidé" au Brésil avec toute sa famille, détenait sans doute quelques réponses aussi explosives que les ammonitrates pour engrais azotés. Entre trafic d'influence, chantage sur l'embargo irakien et agitation ministérielle, Clovis Lenoir, commissaire à l'antiterrorisme, mène une enquête en terrain miné sans jamais oublier que "la politique c'est comme l'andouillette. Il faut que ça pue un peu la merde mais pas trop".
   
Un mensonge explosif – Christophe Reydi-Gramond – Liana Levi – 368 pages – 19€ - ***
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 24 août 2014




jeudi 18 septembre 2014

Débit de boisson





 Marlowe emmène le poivrot Terry Lennox chez lui dans sa "petite maison sur Yuacca Avenue à flanc de côteau dans une impasse". Quand on découvre que la richissime Sylvia Lennox a été assassinée, c'est bien-sûr son poivrot de mari que les flics recherchent. Et c'est Marlowe qui se retrouve en cellule pour complicité de meurtre. Chandler avait des problèmes avec ses intrigues. Enfin débarrassée de son titre français absurde, celle-ci est presque aussi limpide que de l'alcool de grain et on peut désormais siroter la version intégrale sans risquer la gueule de bois. 



The long good-bye – Raymond Chandler – Folio Gallimard – 464 pages – 8,40€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 24 août 2014




mercredi 17 septembre 2014

A voile et à faire peur





 Située dans l'archipel de Stockholm, l'île de Sandhamn est un petit joyau touristique. Difficile d'en faire une capitale du crime même si Viveca Sten réussit à gâcher la paix bourgeoise des marinas en imaginant l'assassinat du vice-président de la Royal Swedish Yachting Association au départ d'une des plus fameuses régates. Chronique intéressante sur la vie des peuplades des rives de la Baltique.





Du sang sur la Baltique – Viveca Sten – Traduit du suédois par Rémi Cassaigne – Albin Michel – 375 pages – 20,90€ - **
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 14 septembre 2014




mardi 16 septembre 2014

Affaire de famille






 Oliver Pötzsch, scénariste et journaliste pour la télévision allemande, réalise un jour qu'il est en fin de parcours dans la lignée des Kuisl, une dynastie de bourreaux bavarois qu'on retrouve du XVIème au XIXème siècle. C'est donc une affaire de famille qu'il nous raconte, le combat paradoxal du bourreau et de sa fille pour sauver une sage-femme accusée de satanisme en 1659. Passionnant. 





La fille du bourreau – Oliver Pötzsch – Traduit de l'allemand par Johannes Honigmann – Jacqueline Chambon – 422 pages – 23,80€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 14 septembre 2014




lundi 15 septembre 2014

Abat-jour





 Marraine de la brigade fluviale de Paris, Ingrid Astier nous offre un petit abécédaire nocturne dans lequel on frissonne de bonheur. De l’abîme où se noie l'écho d'une peur intime au zoom sur les couleurs du noir, elle convoque au hasard du chemin, les peintres, les philosophes, les flics du Quai, les pêcheurs de lune, les musiciens du soir et les poètes. On dérive sous la gomme parfois rugueuse des nuits qu'on voudrait sans lendemains.






Petit éloge de la nuit – Ingrid Astier – Folio Gallimard – 144 pages – 2€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 7 septembre 2014




vendredi 12 septembre 2014

La Mort dans les rizières





 En 1946, "l'Indo" est le paradis auquel aspirent tous les aventuriers, les soldats perdus du Troisième Reich comme certains résistants, effrayés par la paix promise à l'Europe. Leur vraie patrie, c'est la légion, un creuset de nationalités disparates où se forge une identité collective. Le Français Charles Bareuil partage cet honneur aux côtés des frères d'armes venus du monde entier même si c'est pour lui la chronique d'un désastre assumé, d'une défaite plus intime initiée dans les plaines de Serbie où il a perdu sa femme.



Dès le prologue, Jérémie Guez nous laisse entr'apercevoir le point de vue occulté de cette guerre, celui du peuple vietnamien convaincu de mener un combat de libération nationale. En face, justement, un autre Français semble avoir choisi son camp au prix d'une trahison que Charles Bareuil aimerait comprendre. C'est un sniper dont il faut retrouver la trace.

Jeune auteur dont le roman "Balancé dans les cordes" a obtenu le prix SNCF du polar en 2013, Jérémie Guez n'hésite pas à quitter les sentiers balisés de ses premiers succès pour la moiteur vénéneuse d'une jungle célébrée en son temps par Pierre Schoendoerffer avec sa "317ème section". On y retrouve les joies et les angoisses de ces soldats malmenés par un commandement approximatif et condamnés après des mois de souffrances à l'humiliation des camps de prisonniers.

Au-delà des idéologies menaçantes, c'est la rencontre impossible entre deux hommes portés par des espérances contraires: le dernier tigre rouge, déserteur de l'armée coloniale au profit du Vietminh, et Bareuil, tireur d'élite solidaire de ses camarades de combat. Un polar historique qui restitue la  vérité troublante des personnages.

Le dernier tigre rouge – Jérémie Guez – 10/18 – 236 pages – 8,80€ - ***
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 17 août 2014




jeudi 11 septembre 2014

La Guerre des glandes




 Max est un affranchi. Il a pignon sur rue et une seule crainte, voir les demi-sels, "les barbeux café-crème", prendre sa place. Les Arabes sont des "crouilles" ou des "bicots", les femmes se taisent quand les hommes parlent. On retrouvera ce racisme ordinaire des années cinquante chez Léo Malet et comme le rappelle Patrick Pécherot, "Max, le héros du grisbi, tient de la photo d'époque". C'est la guerre des glandes dans une pétarade langagière qui dynamite le monde en deux parties: celle des affranchis et celle des caves. Prix des Deux-Magots en 1953.




Touchez pas au grisbi – Albert Simonin – Folio Gallimard – 290 pages – 7,90€ -
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 17 août 2014




mercredi 10 septembre 2014

En avant la musique!






 Les îles des Caraïbes, comme l'Amérique latine à une certaine période, ont été des laboratoires de mauvaises idées pour les États-Unis. Tester les systèmes de répression, les manipulations de masses et les capacités d'engranger de l'argent sale permet au vieux cœur de Washington de battre. Perry Henzell décrit la poudrière qu'une star du reggae de retour au pays aimerait bien pacifier.




Get up! Stand up! – Perry Henzell – Traduit de l'américain par Evelyne Trouillot – Sonatine – 490 pages – 23€ - **
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 31 août 2014




mardi 9 septembre 2014

Ni vu ni connu





 L'inventeur d'une cape d'invisibilité en manque de financements, un ministre, sa biographe et une experte en économie se retrouvent dans l'Eurostar en partance pour Londres. Apparemment, comme dans un "whodunit", le savant est assassiné et tout le monde est coupable. Mais le tunnel, lieu commun générateur d'angoisse, permet en fait de développer une jolie fable sur les vulnérabilités d'un monde politique soumis aux exigences des créanciers.




Meurtre dans l'Eurostar – Arnaud Chneiweiss – Cherche-Midi – 296 pages – 17€ - **
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 31 août 2014




lundi 8 septembre 2014

Changer l'Histoire






 Et si les nazis avaient définitivement gagné la guerre à la faveur du départ de Churchill en 1940? C.J. Sansom n'oublie pas de rendre hommage au "Fatherland" de Robert Harris, "meilleur roman uchronique jamais écrit" en nous livrant aux ténèbres de cette histoire. On a une petite idée du cauchemar dans la scène glaçante de la déportation des juifs britanniques et dans la description du nazisme ordinaire qui gouverne l'Europe.





Dominion – C.J. Sansom – Traduit de l'anglais par Georges-Michel Sarotte – Belfond – 720 pages – 23€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 31 août 2014




vendredi 5 septembre 2014

La Fille à l'écharpe rouge



 Il a un petit air coquin, Michel Bussi quand il présente son dernier roman sur le site de l'éditeur. La mine de celui qui s'apprête à jouer un bon tour au lecteur. 




Son héros s'appelle Jamal Salaoui, le même prénom que le garçon de Slumdog Millionaire. Pourtant quand on lit les premières lignes de son journal, on sait déjà que le jackpot est un mirage. "Longtemps, je n'ai pas eu de chance", déclare-t-il dans un élan proustien qui vise moins à réinvestir la mémoire qu'à signifier le parcours d'obstacles d'un enfant de la Courneuve, doté d'une prothèse en titane et désireux de réaliser un rêve d'enfant: être le premier handicapé à participer à l'Ultra Trail du Mont-Blanc.




Très coquin, Michel Bussi envoie donc son héros s'entraîner à Yport, sur la plus haute falaise d'Europe. Une belle scène au petit matin pour enclencher la machine infernale. Celle où l'on voit un gamin qui court en sortant de son hôtel, grimpe avec l'obstination de celui qui "longtemps, n'a pas eu de chance", aperçoit une belle écharpe rouge sur la clôture d'un champ, la cueille sans réfléchir et découvre enfin la fille, plantée au bord de la falaise.

On la retrouvera cent mètres plus bas, la robe en miette et l'écharpe nouée autour du cou. Les deux autres témoins ne pourront pas jurer que Jamal est innocent. Lui jure le contraire, bien-sûr. Le croyez-vous? nous interroge Michel Bussi. Six ans plus tôt, une autre jeune fille a été retrouvée au pied des falaises portant une écharpe rouge autour du cou. Les deux témoins disparaissent mystérieusement, la victime elle-même est une énigme et le fantôme de Maurice Leblanc plane au-dessus du décor où il écrivit "L'Échafaud" en 1893, une nouvelle contre la peine de mort.

N'oublier jamais – Michel Bussi – Presses de la Cité – 504 pages – 21,90€ - **
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 10 août 2014




jeudi 4 septembre 2014

C'est du brutal!



 "Cette fille avait des jambes comme on en fait plus (…) et, lorsque je lui dictais du courrier, j'avais toutes les peines du monde à penser à autre chose."




 Mike ne s'appelle pas Hammer (marteau en anglais) par hasard. Mickey Spillane a volontairement créé un personnage dur et agissant selon une philosophie personnelle qu'aucun éditeur n'accepterait aujourd'hui de défendre. Mysogyne et partisan de la justice expéditive, une des clés du personnage, c'est sa faible résistance à la frustration. Fascinant pour apprendre ce qui se passe dans le crâne d'un homo-sapiens du XXème siècle. 




J'aurai ta peau – Mickey Spillane – Bibliomnibus – 198 pages – 9€ - **
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 10 août 2014




mercredi 3 septembre 2014

Le retour du fils





Derrière le pseudonyme de Karen Perry se cachent deux auteurs dublinois qui ont fait leurs premières armes en solo et auxquels on souhaite une longue vie littéraire. Après un tremblement de terre à Tanger, un couple d'artistes constate avec effroi la disparition de son enfant. Mais quelques années plus tard, de retour dans les faubourgs de Dublin, le père croit revoir son fils dans la rue. On passe de la folie apparemment obsessionnelle du père au témoignage de la mère sans pouvoir acquérir de certitude. Un  bon suspense.



Les mensonges – Karen Perry – Traduit de l'anglais par Valérie le Plouhinec – Cherche-Midi – 368 pages – 21€ - **
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 10 août 2014




mardi 2 septembre 2014

Poudre d'escampette




 Les histoires de junkies ne manquent pas dans la littérature. De la poésie sombre de Gil Scott-Heron aux vertiges de Donald Goines, on a l'impression d'avoir fait le tour de la question. Défonce, descente aux enfers, petit bal tragique des dealers, la réalité se passe de mots. Pas la littérature. C'est pour ça que ce bouquin est bien un roman. Il a beau emprunter au registre de la confession, les mots ne doivent rien au hasard. Ils réinventent le monde, la tentation obscure qui nous retient au bord du gouffre. Ils chantent et dansent sur l'impensable horreur.   



La faux soyeuse – Éric Maravélias - Série noire Gallimard – 255 pages – 16,50€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 24 août 2014