lundi 8 avril 2013

Brumeux



 Sam Glockenspiel a beau faire du gras dans son bureau désert de détective privé californien, garder  l'espoir de retrouver Molly et écouter "Calamity jazz" de Vernon Sullivan à la radio, il feint encore de croire au voyage qui vous mène du Royaume de la Nuit à la délivrance des Lumières.





Dans un roman noir, la lumière est verte comme un océan de dollars, 100 000 exactement, le prix payé par une Milady spectrale pour dénicher une clé dans la doublure d'un veston porté par un cadavre six pieds sous terre. Oui, c'est compliqué pour Sam. Son toubib se suicide pour l'inciter à vivre encore. Vernon mise un dollar sur le retour de Molly. 

"Je suis un roman noir, comme dirait l'autre" et l'univers de Sam est peuplé de héros dont les copyrights courent encore, Mongo le nain, Milo, Dortmunder. Des pointures du polar dont les patrons ont éteint la lumière justement.

Incardona joue avec les canons du genre. Il restitue une partition volontairement bancale, comme un standard désaccordé. Et c'est là bien-sûr qu'on découvre la ruse initiale, celle d'une promesse de bonheur délirante. En partant du royaume de la nuit, on échoue fatalement sur une terre brumeuse. "Les vrais durs n'y dansent pas, mais creusent", sans illusion sur le sens de l'effort. La clé de cette affaire ouvre la chambre froide où ne git que la dépouille d'une littérature essorée.

Misty – Joseph Incardona – Baleine – 185 pages – 16€ - **
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 7 avril 2013



Lire aussi dans Sud-Ouest









Quel rapport avec La Flûte enchantée? Sam Glockenspiel, peut-être...